3 sept. 2022

KING'S X : Three Sides Of One

 Cela faisait 14 ans que les fans de KING'S X attendaient leur nouvel album.



Parmi ces fans, certains, comme moi, l'attendaient en fait depuis 24 ans et l'excellent "Tape Head", dont les successeurs se sont malheursent avérés aussi pauvrement composés que produits.

En parlant de production et de son : écoutez cet album sur un vrai support CD (ou le vinyle fort bien masterisé) et un vrai système de son : les plateformes de streaming ne rendent pas DU TOUT compte de la puissance de celle-ci. Même si elle est parfois un peu boueuse à mon goût.

"Three sides of one" donc. Un titre qui fait d'autant plus sens pour un trio dont la puissance scénique n'est plus à prouver, et dont les 7 premiers albums sont des chefs d'oeuvre avant-gardistes mêlant métal, prog, gospel-blues-soul et psychédélisme; dans lesquelles des cascades de choeurs croisent des murs de guitare on ne peut plus massifs, dans des morceaux lorgnant autant sur la recherche que sur le tube ultime. Un titre qui reflète aussi la variété des styles abordés dans l’opus, et l’apport marqué de chacun des membres du groupe, parfois au détriment d’un vrai sentiment de « groupe ». Loin des yeux loin du cœur : avec leurs situations géographiques on ne peut plus éclatées depuis plus de 20 ans, le groupe fonctionne en grande partie par des titres déjà pondus/finis chacun dans son coin.

Pour un résultat bizarrement trop éclaté dans l'ensemble : on croirait parfois écouter trois albums solos dont on aurait gardé les meilleurs titres (à l'exception du très passable et cul-cul-la-praline "Holidays" qu'on aurait bien échangé contres des versions plus longues de "Flood" ou "Swipe").

Allons-y titre par titre maintenant.




LET IT RAIN

Premier titre sorti en avance au début de l'été, "Let it rain" m'en avait un peu touché une sans faire bouger l'autre. Aux réécoutes (et surtout sur le CD) il n'y a rien à dire : emmené par une rythmique en 6/8 à la Led Zeppelin et une guitare noyée dans un "univibe" du meilleur effet (justement), il est épicé par les présences et non-présences de la basse, habileté simple mais efficace que l'on retrouvera également dans "Give it up". Déconcertant pour les fans de la première heure, ce titre ne contient aucun coeur "typiquement King's X" mais de façon presque douloureuse un passage "everybody"-tous-ensemble qui ne fera pas date, si ce n'est sur scène, j'imagine. Le solo en mode "reverse" est sûrement un hommage au "Rain" des Beatles qui avaient employé l'effet parmi les premiers. Par contre, pour un solo de Ty Tabor, on n'est pas sur quelque chose d'inoubliable. Rassurez-vous il y en aura plus loin. Quoi qu'il en soit ce mélange de lourdeur extrême (refrain) et et d'aérien (le couplet dépouillé aux accords simples mais basé sur un rythmique inattendue) fonctionne bien, même si ça ne restera pas un “Out of the Silent Planet”, “Groove Machine, “World around me”,  ou tout autre “opener”  culte du groupe.


FLOOD PT 1

Ah voilà on y est. Les trois singles (“Let it rain”, “Give it up” All God’s children”) m’avaient semblé tous très simplistes (pour du King’s X hein). Là au moins on a du chelou. Intro à cordes, agrémentés rapidement de cris flippants. Suivi par un plan rythmique dur à calculer mais surpuissant (comme un “Talk to you” de l’album “Faith Hope Love”), suivi lui même par un couplet cristallin avec (ENFIN) les chœurs tant attendus qui jouent avec des arrangements de cordes. Un titre aux ambiances totalement ambivalentes, mais qui fonctionne en diable. Et qui fait écho aux pérégrinations spirituelles du groupe : “I used to say that all we needed was love. Now I'm thinking that what we need is a flood”. Ambiance.
On aurait bien pris un peu (beaucoup) de rab tant cette chanson pouvait tourner à l’épique sur une durée au moins deux fois plus longue. Mais ne boudons pas notre plaisir, voici le meilleur titre du groupe depuis 1998, dans l’ordre d’écoute de l’album.


NOTHING BUT THE TRUTH

Un titre aux fortes sonorités soul et années 60, dans laquelle la basse de Dug (qui l’a composée comme on s’en doutait) se promène comme une petite fofolle dans de champs de guitares claires. Cette ballade est une réussite toute simple, intemporelle, pleine d’air, qui malgré toutes ses références reste unique. Le solo nous offre un Ty en grand forme, qui sans plus de fioritures, fait couiner là où ça fonctionne : à l'âme (soul).


GIVE IT UP

Quand le single pré-album était sorti, j’avais été fort déçu. Je révise mon jugement avec, encore, un vrai son sur le CD et la chaine hi-fi : la basse (ou pas, justement) fait tout le sel du morceau, qui navigue entre couplets aux alternances voix leads (Dug) et chœurs du meilleur effet. Et dont la base rythmique fait plus que penser à “Beer drinkers and hellraisers” de ZZ TOP, suivi d'un refrain entrainant avec un “Woooo-ooo-ooh” qui reste en tête, que vous le vouliez ou non. Un passage percussif au milieu de la chanson agrémenté de cris de Wally Farkas, ami de longue du groupe et ancien membre des Galactic Cowboys, fait office de solo. Pourquoi pas (rappelez-vous “Breaking the girl” de RHCP) mais les percussions auraient gagné à être plus en avant dans le mix, plus claires.

Quoi qu’il en soit ça fonctionne, sauf quand, pour une raison inconnue, le refrain est répété avec un changement d’un ton en fin de morceau. Astuce éculée qui me fait hérisser les poils à chaque fois que je l’entends, et dont la raison chez la plupart des groupes est “ah mais euh merde c’est pas assez long, faudrait rallonger… bon, on va refaire le refrain un ton plus haut/bas et hop !”. Sauf que ça ne marche jamais, et GIVE IT UP ne sera pas l’exception qui confirme la règle. Et puis comment ça “pas assez long” ? Si une chanson est bien en deux minutes, laisse là durer deux minutes, basta. Non ?
Bon, ne boudons pas trop, voilà un titre qui reste en tête avec un hook efficace.


ALL GOD’S CHILDREN

Le troisième single sorti avant l’album ne m’avait lui aussi pas convaincu. Eh bien jugement en grande partie révisé par une écoute sur un système de qualité (CD et chaine hifi). Oui je me répète, mais enfin toutes les fréquences avec de l’air qui bouge pour de vrai, ça change tout (message subliminal aux techniciens son qui nous demandent de baisser nos amplis sur scène en plus de nous demander de les mettre en side : c’est MORT). Bref.

Ce titre aux paroles pouvant être subtilement interprétées de deux façons (on rappelle “l’ambivalence” du groupe sur les questions spirituelles et religieuses) est une ballade dont beaucoup des fans ont dit qu'elle était de la trempe de la grandissime “Pleiades” tiré du fantastique et révolutionnaire “Gretchen goes to Nebraska”. Clairement non, ne poussons pas mémé dans les orties : déjà juste en épluchant le titre sur sa composition et ses différentes parties on en est loin, c’est beaucoup plus simple, et malheureusement un peu trop.

Même si ça n’empêche pas ce titre planant de fonctionner.
Intro accoustique 12 cordes, suivie par un plan lent et massif, chant épuré de Ty (qui ne restera définitivement pas un grand chanteur lead, mais pourtant ça marche). Là encore la basse et ses différentes progressions rythmiques toutes en appuis ou en sautillements, fait la différence. Les longs passages de chœurs suivant le magnifique solo font certes penser à “Pleiades”, mais avec beaucoup moins de risques quand-même. Une fois qu’on s’enlève les références passées de la tête, il est difficile de bouder son bonheur, car le titre s’avère vraiment intrusif et profond. On aurait aimé que la fin parte plus en sucette et plus longtemps, à la façon d’un “The Burning Down”, pour encore plus de méditations enfumées. Espérons que ce sera le cas sur scène (enfin, si on arrive à les voir en Europe après des annulations et reports en cascade).


TAKE THE TIME

Ah ! Le retour de  “Legal Kill” tiré de Faith Hope Love ? Pas vraiment car il y a là de la basse et de la batterie aux balais (a priori une première pour le groupe) pour ce titre acoustique. Le premier des trois titres chanté par Jerry (batteur) est en tous cas une réussite, malgré une production clinique très “radio FM” ou en tout cas trop polie à mon goût. La mélodie de guitare post-refrains est une merveille, et la voix à la fois fluette et assurée de Jerry était définitivement le bon choix. On se croirait au bord du feu de camp. Ou à bord d’une voiture, roulant vers l’ouest, sur un beau coucher de soleil. Un titre qui vous emporte gentiment, et vous prend par la main. Pose ta tête sur mon épaule, bébé.


FESTIVAL

Là c’est plutôt poing dans la gueule : emmené par un riff et une rythmique tout droit sortie d’un titre de Foo Fighters (il semble que ce soit justement assumé) ce titre est chanté par Ty, mais était-ce le bon choix ? On imagine la puissance que la voix de Dug, qui se contente ici des réponses dans le couplet (et au final, de seulement 5 titres en lead vocal sur l’album, dommage), aurait pu emmener. Car sur la trop grande longueur d'un titre qui par essence aurait du plafonner à 2'30'', la voix assez monocorde de Ty enterre un peu la pourtant très bonne dynamique de ce titre qui navigue entre ironie, et envie toute bête de bouger la tête avec une bière tiède à la main.

Ce titre sponsorisée par votre roteuse de festival ne restera pas dans les mémoires.


SWIPE UP

AHHHHH BEIN VOILA. J’attendais un titre aussi chelou que “Talk to you” depuis 32 ans. Jerry aurait même pu faire plus compliqué à la batterie : il reste étonnamment droit sur la partie “riff démoniaque" qui fait l’intro et les passages les plus chelous de ce titre faussement déconstruit. Parlant batterie, c’est moi ou la grosse caisse est enterrée dans le mix ? Ca fonctionne quand même grave, et trêve de fouloulisme : il y a tout ce que j’aime dans King’s X dans ce titre. Accrocheur, inquiétant, parfois planant, inattendu. Me concernant, c'est clairement le meilleur titre de l’album, malgré une fin en "fade out" qui aurait gagné à être plus aboutie.


HOLIDAYS

L’accident industriel du disque. Jerry nous pond un deuxième titre que même un groupe de reprises des Monkees ne voudrait pas en face B d’une édition bulgare tirée à 100 exemplaires.

Il fallait peut-être choisir une autre tonalité, car l’effet “univibe” (ou “Leslie speaker") ne cache pas une légère difficulté à accéder aux aigus. Pour la compo, on est sur une ballade kitsch et cliché 60s, qui navigue entre générique de Friends, publicité pour du chewing gum trop sucré, et paillettes sur de faux ongles. Ok l’album offrait beaucoup de diversité jusque là, mais euh…. là les gars, c’était vraiment pas nécessaire. Après la maladie du titre pas assez long, rappelons la maladie née de l’arrivée du CD qui s’appelle “on n’a pas assez de titre sur l’album” (avec un CD on peut mettre 72 minutes de musique VS 45 avec un vinyl).
Non : s’il n’y a que 11 titres de bien, eh bien ne mets que 11 titres, pas 12 pour faire plaisir au label (ou à toi, à ta maman, peu importe).
Une enfilade mal calculée de plans tout faits et tout cuits : c’est vraiment TOUT ce qu’on ne cherche pas chez King’s X. Surtout quand au final c’est très dispensable. Alors que sur le fond,  qu’on le veuille ou non, des fois, des enfilades comme ça, ça fonctionne.
A garder : les 10 secondes de l'intro (qui n’a AUCUN rapport avec la suite, heureusement d’ailleurs) sinon passez votre chemin. Si vous avez le vinyle je vous conseille même de rayer cette partie du disque, histoire d’être bien sûr que personne ne tombe jamais dessus.


WATCHER

Nous voilà dans les 70s, pour l’intro en tous cas. Une vibe qui perdure tout le long de cette chanson agréable et efficace, très “typée Ty”. De la power-pop parfois mélangée à des épices orientales, ce n’est jamais désagréable. Sans crier au chef d'œuvre, voilà un titre réjouissant qui lave les oreilles après l'abominable “Holidays” (oui désolé, je fais une fixette).


SHE CALLED ME HOME

Encore un titre très 70s emmené par Jerry. L’album a définitivement changé de direction après “Swipe Up”. La preuve : Dug ne chante plus un seul titre en « lead » à partir de maintenant.

Le titre est agréable, mais ne me transporte pas. A la rigueur, après ce qu’on croit être la fin du titre, la reprise de l’ensemble en plus lourd, pour l’arrivée du très bon solo de Ty, donne son sens à l’ensemble, qui à mon avis ne restera pas dans les standards du groupe.



EVERY EVERYWHERE

Le dernier titre de l’album a été vendu par le groupe et les fans comme un mix de new-wave et de chaiplukoi quoi. Je ne vois pas du tout en quoi, ce sont plutôt les Beatles qui sonnent à la porte, mais n'ouvrent pas la fenêtre. Car si la mélodie de voix est efficace et inattendue, l'ensemble a du mal à décoller.



Avec deux ou trois titres en moins (devinez lequel ;) et, allez, les deux derniers) l’album aurait gagné en cohésion et en percussion. Mais franchement, après autant d’années de disette, on est plus que content de revoir les membres de KING'S X revenir à leur vrai niveau, en proposant un album varié, bien produit, bien composé et bien pensé. Qui contient des pépites déjà parmi mes favorites du groupe. Juste rageant de les retrouver à côtés de quelques fillers sans intérêt.
Maintenant, croisons les doigts pour les revoir enfin prendre une scène européenne (et française) dans les délais les meilleurs.

Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, ou veulent approfondir l’affaire voici un petit best-of tout à fait subjectif concoté par mes soins https://open.spotify.com/playlist/1QUyhngWoE0hZ8CPGNxCJr?si=10e80635aef94524


- "Three sides of one" sur spotify

- "Three sides of one" sur deezer

- "Three sides of one" sur youtube

Pour le reste démerdez-vous hein, pis surtout optez pour du physique, merci


PS : oui je vais passer à wordpress, quand j'aurai le temps.








13 juil. 2016

Haine du foot (1/2)

Si vous aimez le foot vous avez passé de bons moments pendant cet euro 2016.
Même si il a fallu vous fader tous les commentaires et invectives anti-foot, au café, au restau, sur les aires d'autoroute et les réseaux sociaux.
A un moment j'ai craqué sur facebook, et j'ai eu le malheur d'écrire ceci :


La France a gagné.
Vous avez le démon ?
Foutez-nous la paix, nous on est content.
Signé le descendant de réfugié de guerre portugais qui a autre chose à foutre que de cracher sur le bonheur relatif au pays qui a accueilli sa famille et m'a permis d'être ce que je suis, élevé au foot à Saint-Etienne, sans que ça empêche d'avoir d'avoir bac+10 et un cerveau. 
Défoulez-vous ailleurs, c'est pas les grandes causes qui manquent à vos grandes âmes.
Chuis juste heureux, ça vous fait bizarre hein ?
HEUR-REUX !!!
Mais genre... HEU-REUX !!!
YAYYAYAYAYYAAYAYAYAYYYAYAYA !!!
/// "ah oui mais avec tout ce bruit on a pas pu dormir"
--- OHHHH BICHETTE !!!
Quoi ?!? on a pas le droit d'être un peu cuit EN PLUS ?!?


Résultat j'en ai re pris pour mon grade, et ça n'a fait qu'empirer les choses. Avec notamment cette réponse de quelqu'un du milieu de la musique (en France, une grande partie des gens investis dans la "culture" sont anti-foot par principe) :

"On peut aussi considérer que le foot n'est qu'un sport et que l'omniprésence est insupportable.
Le moindre journal ne parle quasiment que de cela.
Le jour où le 49-3 a été réutilisé, au JT de France 2 on a eu 15 minutes sur le foot, et 8 secondes sur l
a loi travail.
Alors que des mecs tapent dans le ballons avec des salaires à vomir, le tout encadrés par des corrompus pourquoi pas si ça vous amuse, mais pas au mépris de tout le reste."





J'ai pété un câble. Et donc re-répondu.
Réponse que  je vous recolle ça ici. Car qui sait ?!? Ça vous fera peut-être du bien, ou pourra vous servir pour la prochaine fois où vous devrez encore vous justifier d'aimer ce sport :


- LES JOUEURS GAGNENT TROP

On est d'accord. Et ? Tu détestes la musique parce que certains musiciens gagnent trop ? Non .


- ON EN PARLE TROP AU J.T. CA DÉSINFORME TOUT LE MONDE LE 49.3 C'EST PLUS IMPORTANT

On est d'accord, mais depuis quand tu pensais trouver des inforamtions au JT ? Accessoirement, je ne le regarde pas. Si tu veux être informé, en 2016, tu peux choisir tes sources, donc le coup des GRANDS MEDIA QUI NOUS MENTENT ça marche pas, désolé, on n'est plus en 1979.



- L'UEFA C TOUT POURRI ET COMPAGNIE


On est d'accord, et alors ? LIVE NATION c pas tout pourri et compagnie ? Si, mais ça ne t’empêche pas de continuer à aller à des concerts et d'aimer la musique. Et heureusement.


- LE FOOT EN PLUS ON S'EN BRANLE


Ca c'est le discours des gens qui connaissent pas trop "les vrais gens" (ok on va pas épiloguer sur le terme douteux, appelle ça "la majorité des gens"), car figure toi qu'il ya en france 2 135 000 LICENCIES à la seule FFF (donc beauuucoup plus de pratiquants, amateurs, FSGT etc etc.). Si t'as vécu dans une quartier populaire ou à la campagne t'as joué au foot, point. On n'a pas à avoir honte.
Tout le monde veut du "lien social"m ais vaudrait mieux qu'il soit imposé d'en haut hein (un peu comme la politique culturelle en france) pas trop populo . Le foot c'est aussi et surtout du lien social.



- ET PIS ON EN PARLE TROP ET PIS C'EST TOUT RESULTAT JE SUIS MALHEUREUX


Quand tu vas bouffer du tour de france, tu vas gueuler sur facebook ou ailleurs ? non . Moi je m'en fous du vélo, et je dis rien quand ça en cause. Je suis content pour ceux qui aiment. Pareil pour le tennis (Roland-Garros, Coupe Davis alors que ça représente pas grand monde et que du CSP+). Je ne parle même pas des JO d'hiver qui doivent concerner 40 personnes (tu connais quelqu'un qui joue au curling ou fait du bosleigh ?).


- LA POLITIQUE C PLUS IMPORTANT ON EST PAS DES GAMINS


Oui ok je suis d'accord, mais l'un peut pas aller avec l'autre ? Pourquoi ? Y'a aucun rapport. C'est comme si tu disais à un mec qui poste une vidéo de son groupe préféré "AH BEIN BRAVO YA PAS PLUS IMPORTANT DANS LA VIE ???"

-----
Tout ce discours, c'est la haine des gens qui ont le malheur d'aimer un sport qui rassemble et fédère. Celui où dans les clubs t'as Momo, Luigi, Viktor, ou Sébastien.
Ya des choses plus importantes ?
OUI OUI OUI eh bein justement, laisse les gens qui sont heureux de ce sport et de qu'il génère en joie, sans penser que c'est juste des teubés, si tu veux je te sors mes diplômes, tu pourrais être surpris (et si j'en avais pas ça serait pareil, note le bien, mais comme tous les haters ont l'air de penser qu'on est des gros teubés... bein non, on est aussi pères de familles, on paye des impôts, on est impliqué en politique / ou pas d’ailleurs). Tu sais quoi on est juste des êtres humains citoyens français.
-----



OUAIS MAIS LE BRUIT DES KLAXONS PUTAIIIN !


Ah des gens qui font la fête ensemble, comme ça craint... Surtout après ce qu'on a vécu en France récemment hein... ça fait pas de bien du tout d'être dans nos rues, de pas avoir peur, de célébrer quelque chose ensemble. Bein à nous si, pis à un moment on a juste plus envie de se justifier.
----
Maintenant je ne mettrai plus un autre comment.

AH ET PIS SI MON FIL D'ACTU POURRIT ta journée, c'est comme pour les media : tout le monde a le choix, tu peux te désabonner de mon fil !



---- AH SI L'ARGUMENT FINAL PAR L'ABSURDE 

Imagine que le foot n'existe pas.
Ok c'est bon ? Explique moi en quoi ça changerait quoi que ce soit au 49.3 ou aux OGM ou aux varices de ma tante ?
Stop au délire.



11 avr. 2016

Wastemen's last call

Je n'ai plus le temps d'écrire quoi que ce soit.
Dommage, ce ne sont pas les pensées qui manquent.
En attendant que ça reparte un jour voici la dernière vidéo de Jose & the Wastemen
J'ai essayé de n'oublier personne pendant le montage. Enfin au moins les musiciens. Et on en a croisé du beau monde en 6 ans.


5 oct. 2015

Grenoble, terre de contrastes



Ci-dessous un copier-coller d'un post facebook, suite au visionnage d'un reportage de M6 intitulé Enquête exclusive, Grenoble Police criminelle du dimanche 4 octobre 2015.

Je m'insurge devant un tel monceau de mensonges montés de toutes pièces afin de faire le jeu du Front National (et des méchants en général passque on sait plus trop bien). J'envisage même de porter plainte.
Il n'y a jamais d'agressions à Grenoble. Je n'ai jamais connu personne qui se soit fait agresser à Grenoble. Personne qui ne soit mort pour une clope pas filée, pas de fille sans défense qui se fasse casser toutes les dents sans raison, pas de jeune sans défense qui se fasse torturer par plusieurs. Et j'en passe. Tout ceci n'est que pure invention afin de faire le jeu des fascistes de la Police (et de qui-vous-savez), afin qu'ils aient encore plus de pouvoir pour harceler les gens sans défense.
Il est temps de dire halte à la stigmatisance, en ces temps obscurs qui nous rappellent les moments les plus sombres de notre histoire. Et il est faux de dire que ça fait 20 ans que ça dure et que c'est de pire en pire car les chiffres ne mentent pas : il y a moins d'agressions maintenant qu'avant, et d'ailleurs personne n'a peur de témoigner ou de déposer plainte, et le peu de personne agressées (le plus souvent par erreur) portent toujours plainte. Donc bon, vous voyez.
Il fait bon vivre dans notre bonne ville et personne n'a jamais peur d'aller à sa guise où que ce soit, à quelle heure que ce soit. On entend parfois certains âmes chagrines dire (pincez-moi, je rêve) que même dans les parcs pour enfants il y aurait des agressions sur des mamans sans défense. Ou des fusillades de 10 minutes en plein centre-ville. Je vous le dis : " hâlte à la paranoia qui fait le jeu des extrêmes ! ". 
De telles choses ne peuvent être que le fruit d'esprits dérangés (ou téléguidées par vous-savez-qui).
Au lieu de s'acharner sur des agresseurs qui ne sont en fait que les victimes que notre Société a construit des ses mains galeuses, il faudrait au contraire supprimer toutes ces forces de l'ordre, et tout cet appareil judiciaire qui ne sert à rien si ce n'est justement à renforcer et perpétuer les inégalités et la stigmatisure.
Quoi ? Vous me dites " Mais c'est vous qui êtes au pouvoir ?!? ". 
Ah oui peut-être mais euh... juste un peu, vaguement quoi. Oui-oui on a vu de la lumière, bon, on est rentré. Donc je vous jure, ce n'est pas nous, c'est des autres qui ont créé les conditions de euh... de rien en fait puisque tout cela n'existe pas.
Nous de toutes façons on est gentil (parce que le mal c'est pas super-super, comme vous savez) donc ça ne peut pas être notre faute.
D'ailleurs quelle faute ? Il n'y a rien. Les gens ont besoin de se créer des trucs et des machins dans leur tête, mais ouiiii alllons vous savez bien !
Hein ? Quoi ? Ce pouvoir on y est depuis plusieurs décennies ? Vous êtes sûrs ? MONSIEUR je vous prie de ne pas déplacer le débat sur un terrain glissant qui fait le jeu des Forces du Mal.
Et comment ça c'est moi qui parle tout le temps de stigmatisatitude alors que vous n'avez rien dit à ce sujet ? Dites-donc, un peu de décence.
Pourquoi ne parle-t-on pas plutôt des délinquants financiers qui... Quoi on en parle aussi ? Ah. Vous êtes sûrs ? Et nous on ne fait rien contre non plus ? Ah oui mais les autres là non plus ne font rien donc bon, s'ils vous plaît, un peu de décence car tout ce que vous faites, c'est le jeu de de Dark Vador.

En vérité je vous le dis : tout va bien.
Alors s'il vous plait, messieurs les journalistes élevez le débat : le vrai enjeu est de recréer du lien social afin de tisser des relations de confiance qui permettent à tout un chacun de s'épanouir dans un climat serein qui dépasse les clivages qui ruinent notre vivre-ensemble.

///////////////
Ce texte un peu pourri (et sarcastique, c'est à dire brossé à grands traits pour faire réagir, non je précise passque l'esprit de finesse, si vous voulez, ça s'est un peu perdu...) n'est pas (du tout) une incitation à voter pour le Front National ni pour quiconque, démerdez-vous avec votre bulletin.
J'anticipe juste les débats stériles avec les bonnes âmes éprises de Justice, ou des ados attardés de type " ouaiiis mais les flics c'est trop tous des pourrrriiiiiiiiiiiis atteeeeends mec ! Tu leur suce la bite c'est ça hein ? Tu kiffes les keufs ? ". Des mecs qui, accessoirement, votent pour ceux qui sont au POUVOIR à la Ville ou à la tête du Pays. Donc bon, excusez moi les mecs, mais votre numéro d'anarchiste en tutu rose, vous repasserez... (t'as laissé tomber ta clope roulée par contre, fais gaffe).
Débats qui n'auront en fait jamais vraiment lieu sur le fond puisque on ne peut plus parler de rien sans se faire traiter de tous les noms. Si vous êtes arrivés jusqu'à ces lignes j'ai d'ailleurs déjà du perdre 10 "amis" facebook qui ne me pensaient sûrement pas " aussi réac' que ça franchement ! ".
Un abandon des débats et un déni de réalité constant qui expliquent par contre en grande part pourquoi le Front National monte à ce point. Aidé par les bonnes âmes qui disent " mais enfin AHAHAH il ne se passe rien, rhooOOOO c'est pas si grave ! En plus on n'y peut rien ! Attendez on fait des ateliers Slam dans les MJCs, si ça c'est pas du vrai boulot de fond de la Gauche, excusez moi monsieur ! ".
La gauche molle a abandonné le peuple depuis longtemps et nous fait du mumuse-social tout en continuant à faire avaler une politique libérale. La totale quoi. Après, elle s'étonne que certains puissent penser que PS et UMP c'est la même chose.
Alors ceux qui savent, les gens intelligents de bonne famille qui ont fait l'école Alsacienne pour ensuite prendre une carte au PS,  nous disent que les "faits divers" (et non pas faits de société) qui concernent les bouseux ou les pauvres, c'est pas vraiment intéressant, c'est juste du fumier pour les extrêmes, bouh, c'est sale, on se fait un squash demain Joëlle ?
Les extrêmes que le PS a mis au pouvoir pour pouvoir diviser la droite en 86. Et maintenant on est bien tous dans la merde.
Notez qu'après, sur le fond comme sur la forme, ce reportage n'apprend effectivement pas grand-chose. Si on apprenait avec M6, ça se saurait. Ayant été jusqu'à l'agrégation de philosophie, pourvu d'un DEA (philo) et d'un DESS (sciences-po), fait 7 ans d'université en tout, vous pouvez, s'il vous plaît, m'éviter le couplet tout-fait sur "AH OUAIS MAIS ATTENDS LE MEC FORCEMENT IL CROIT TOUT CE QUE LA TELE LUI DIT PIS IL REGARDE QUE ça EN PLUS BEIN OUAIS VOIIIIIILA SUPER ENCORE UN ABRUTI QUI SAIT PAS PENSER ET QUI LIT JAMAIS patati-patata-pataflo" vu que je lis Platon dans le texte et que je t'embête.
Oui monsieur, je me la pète. Bein attends, tous les médecins et avocats (ou margoulins du commerce) viennent bien justifier leurs salaires mirobolants passqu'ils ont fait des études longues. Bon, bein moi, chuis gratuit à lire, alors je peux encore plus. Paf.
///
Je sens que ça ne va mener à rien, mais alors... quelque chose de puissant.
///
http://www.6play.fr/m6#/m6/enquete-exclusive/11516238-grenoble-police-criminelle
///

23 août 2015

Les portes claquent (The Doors)


john densmore the doors les portes claquent


Note : si vous voulez aller directement au passage concernant le livre de John Densmore, rendez-vous au paragraphe intitulé "Bref tout ça pour dire que".


Détester les Doors

est devenu un sport auquel se livrent beaucoup d'amateurs (souvent pourtant éclairés) de musique. Sans parler des pratiquants : musiciens, promoteurs, programmateurs, journalistes etc.
Les arguments font florès :

 • "C'est trop un groupe de hippies"

Okay, bon quand ça commence comme ça, ça ne finit jamais très bien. La haine du hippie (que les détestateurs ont le plus grand mal à définir hormis quelques "c'est les mecs qui se lavent pas") fera l'objet d'un prochain article, dont l'essentiel du développement consistera à démontrer que les valeurs dont se réclament la majorité des anti-hippies (sociale, économiques, politiques etc.), et les résultats qui en ont découlé (concerts, culture, réseaux, événements divers etc.) ont été fondés/popularisés, développées par les hippies eux-même. En attendant, répondons leur juste gentiment que comme argument massue, ça se pose un peu là.

 • "C'est trop le groupe de l'ado qui fume son premier joint"

A une certain époque, ça a sûrement été vrai. Je doute qu'en France en 2015, beaucoup d'ados kiffent leur(s) premier(s) joint(s) avachis à cinq dans un canapé en écoutant "Riders of the storm". Je dirais que ça se passe plus sur un truc de Maître Gims à l'arrière d'une Renault Zoe tunéee.
Mais qui sait, aussi bien je me trompe. Et que cela fut vrai à une époque, je ne vois pas en quoi ça change quelque chose à la qualité intrinsèque du groupe et de sa musique. Accessoirement, pendant longtemps dans l'histoire da la musique pop-rock, la consommation de substances illicites a fait partie intégrante (autant du côté des musiciens que du public) du processus d'appartenance de cette musique. Sans parler du jazz ou du blues. Ou de la hard-tech. Etc.etc.
Les remontrances anti-drogues des puristes du rock m'ont toujours fait marrer. Tous les grands albums qui sont rentrés dans l'histoire depuis bientôt 60 ans ont été faits par des mecs chargés comme des mulets. Like it or not, c'est la réalité. Et notez que ce n'est pas une incitation à en faire autant, c'est juste un fait (auquel vous pourrez toujours m'opposer des exceptions que j'accepterai volontiers).
Et puis de fait, comme argument massue, ça se pose encore un peu là.

 • "Le film d'Oliver Stone est trop nul"

1 : Quel rapport ?
2 : Ah bon ? Je ne suis pas un grand cinéphile, mais je sais que j'ai vu bien pire, comme film. De toute façon, les tenants de cet argument n'aiment en général pas le film... parce qu'ils n'aiment pas les Doors : l'argumentation peut donc tourner en rond pendant longtemps.

 • "Le plan "poète-chanteur" de Jim Morrisson, merci bien quoi..."

Venant de personnes qui la plupart du temps n'entravent pas un mot d'anglais, ça prête à sourire. A part ça, je suis au regret de vous annoncer officiellement qu'en ce qui me concerne, je trouve les paroles fort gouleyantes, et qu'elles ne me choquent pas plus que ça sur un plan littéraire (même si la littérature et la poésie anglaises ne sont pas vraiment ma spécialité). Alors bon, mon argument reste totalement subjectif, et quelque part, heureusement. Je dirai juste que les gens qui en général te disent que "les paroles on s'en fout" dans le rock, trouveront que pour le coup, là, on s'en fout pas, c'est trop nul. Et ne verront rien à redire à d'autres paroles de groupes célèbres qui frisent parfois le ridicule absolu (ce qui la plupart du temps ne me dérange absolument pas, notez le bien).
Si c'est le côté "il fait des phrases qui veulent rien dire", je vous renvoie à Robert Plant dans "Dancing Days" :
"I told your mamma I'd get you home but I didn't tell her I had no car; I saw a lion he was standing alone with a tadpole in a jar".
Soit : "j'ai dit à ta mère que je te ramenais à la maison mais je ne lui ai pas dit que j'avais pas de voiture, j'ai vu un lion qui se tenait seul avec têtard dans un bocal."
Vous avez deux heures.

 • "Tel autre groupe des mêmes années est 40 fois mieux dans le même style".

Argument envoyé en général par les ayatollahs de la compilation Nuggets, qui font eux-même partie de la grande secte des adorateurs des groupes seulement obscurs. Ce fameux argument qui revient toujours dans ton groupe de potes : un groupe connu est forcément nul (dont le pendant est souvent : un groupe obscur est forcément génial). Alors oui Spirit aurait largement mérité de devenir aussi populaire que les Doors et de passer mieux que ça a la postérité. Ca n'a pas été le cas. Attention : Spirit a eu du succès hein, c'est juste qu'ils ont disparu pour cause de catalogue mal géré et de journalistes ignares. Mais je ne vois pas trop en quoi c'est la faute des Doors.
Tiens pour le coup on va se faire une pause avec Spirit :




 • "Un groupe de rock avec un piano/clavier c'est interdit."

Ah. Mais quand on veut jouer au puriste il vaut mieux maîtriser ses cartes. Si on remonte aux origines les plus connues et populaires on va donc juste citer Elvis Presley et "Jailhouse Rock", Chuck Berry et Johnny B.Goode (afin de pas trop se perdre en circonvolutions de références).
Allez-y, écoutez.
Ah tiens, y'a du piano partout.
Et c'est d'ailleurs pour ça que les rocks des années 50 sont en do/sol/fa et non pas en la/mi/si (suites typiquement guitaristiques ultra-chiantes à transposer au piano). La notion d'interdit en art, c'est assez intéressant aussi. Ce qu'il faudrait, ce n'est pas tuer le rock, c'est tuer le mot et les mythes qui vont avec. Je veux dire : toutes les sortes de mythes que chaque "école" se construit et auxquels elle croit dur comme fer, parfois contre toute évidence factuelle. Les Doors ne se voyaient de toute façon pas comme un groupe de rock. Et encore un fois, quel rapport entre les Beatles, Devo, AC/DC, Can, Aerosmith, King Crimson, The Cure, Slayer ?
Tant qu'on ne tuera pas ce mot "rock", on sera pris au piège.

 • "Jim Morrison et son futal en cuir, au secours."

On doit vraiment répondre à ce genre d'arguments ?

 • "Supplément 4 fromages"

Là je me suis dit que j'allais vous partager cette vidéo quand-même. La haine des Doors se répand aussi, bizarrement, chez les plus jeunes. Mais alors là c'est d'autant plus pathétique que le jeune en question fout du Skrillex en musique sur sa vidéo alors que bon, Skrillex a bien "une coupe de pédé" (tel que défini dans cette vidéo hein, je n'ai aucun problème avec les homosexuels ni leurs coupes de cheveux) et que Skrillex a fait une chanson... avec du John Desnmore dedans !
Notons enfin que le jeune aujourd'hui, il trouve apparemment que la dope c'est mal. Pourtant quand je suis allé dans des soirées de jeunes qui écoutaient du Skrillex (et assimilés), j'ai jamais vu autant de dope de ma vie. Il trouve aussi que se rebeller contre l'autorité, c'est mal. Bon.
Quand le disco était partout, on peut comprendre qu'il y ait eu un mouvement "disco sucks"  en 78 devant l'ampleur du battage médiatique et de l'overdose qui sévissait partout. Là, on peut se demander quel raison/événement peut pousser un mec à faire ce montage. Les rues ne me paraissent pas envahies de fans des Doors, ni leur musique passer sans cesse à la radio. Non ?




Bref tout ça pour dire que

J'ai lu le bouquin "The Doors, les portes claquent" (Le mot et le reste, 2014), écrit par John Densmore, le batteur des Doors.
Je ne savais pas du tout de quoi ça parlait, j'ai pris ça au pif pour les vacances. Enfin, je pensais qu'il s'agissait d'une bio du mec, et en même temps des Doors. Un truc basique mais dont tu peux toujours retirer plein d'infos, d'anecdotes pour briller en soirée etc.
Et bien pas du tout. Certes il y a quelques anecdotes d'époque, quelques infos artistiques etc. mais très, très peu.
L'essentiel du livre est basé sur le procès qui a opposé Densmore et la doublette "Ray Manzarek (claviers) + Robby Krieger (guitares)" pendant 6 ans, de 2003 à 2009.
Les trois survivants se sont en effet vus proposer la rondelette somme de 15 millions de dollars (rien que ça) par la marque Cadillac, pour voir un titre des Doors illustrer une de leur publicité.
Et Densmore n'était pas d'accord. Ce qui a rendu les deux autres complètement enragés, et principalement Manzarek.

Pour couronner le tout, Densmore a attaqué la doublette pour la reformation (sans Jim Morrison ni lui-même) des Doors sous le nom "THE DOORS of the twentieth century".
Une formation avec Ian Astbury de The Cult au chant, qui fera vraiment tout pour singer Jim Morrison dans des concerts sans magie qui se feront régulièrement démonter par la critique.
Et à la batterie, au départ Stewart Copeland de The Police, à qui la doublette n'avait pas tout dit (sur l'utilisation du nom, la façon dont la promo serait faite etc.). Il pensait participer à une réunion qui stipulerait clairement les données du problème. Il a rapidement mis fin à l'aventure, et ses interventions au tribunal font aussi chaud au coeur que son jeu de batterie est impressionnant (vous pouvez ne pas aimer The Police, surtout à partir du troisième album, mais si vous me dites que Stewart Copeland n'est pas un batteur génial, vous êtes soit sourd, soit de mauvaise foi).
Un "The Doors" nouvelle mouture qui reprenait aussi le logo original, écrivait le nom THE DOORS en immense, et "of the twentieth century" en minuscule, et utilisait des visuels promotionnels faits avec la tronche de Jim Morrison.  Genre "ça va passer comme une lettre à la poste".
C'était sans compter sur l'acharnement de Densmore.

Un acharnement à quoi ?
1 : A faire respecter les volontés de Jim Morrison.
2 : A faire respcter les clauses du contrat des Doors enre eux, et avec tout mandataire en charge des droits d'édition (et donc de la "synchro" pour la publicité).


Le deal de départ

Le deal de départ entre les Doors a été proposé par Morrison lui-même. A l'inverse des grands groupes de l'époque (citons les Beatles et les Rolling Stones qui devraient parler à tout le monde).
Morrison a proposé que :
1- l'ensemble des droits générés par ce qui a trait aux Doors (chansons, concerts, merchandising, droits dérivés etc.) ne soit pas divisé au prorata des auteurs/compositeurs, mais tout bonnement en 4.
Chez les Doors, pas de crédit "Lennon/McCartney" ou "Jagger/Richards". Même si un des gars du groupe n'avait rien composé sur une chanson, il touchait un quart du revenu qu'elle générait. Une prise de position rare, qui aura permis aux trois autres membres du groupe d'être à l'abri du besoin pour (au moins) une centaine de générations à venir.
2 - toute décision relative à la carrière des Doors ne pouvait être prise qu'à l'unanimité des membres. C'est écrit noir sur blanc dans un contrat ficelé aux petits oignons.

Et c'est argumenté sur toutes les bios des Doors (dont celles de Manzarek et de Krieger).
Dans les notes des rééditions, dans les interviews pour la TV, à chaque fois, Manzarek s'en vantait : "on a été le premier groupe vraiment démocratique : les décisions ne pouvaient être prises qu'à l'unanimité, et on se reversait tout en 4 quoi qu'il en soit". Quasiment un mantra dont il nous rebattait les oreilles depuis le décès de Morrison.


Oui mais...

Pour cette publicité Cadillac et la "reformation" (calamiteuse qui plus est) Manzarek et Krieger ont décidé de s'asseoir sur le deal. Ce même deal qui leur a permis d'être riche à millions (jusqu'à leurs arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petits-enfants).
Manzarek voudrait sniffer 40 kg de poudre par jour, vivre à Versailles, acheter des yachts comme on achète un baguette à la boulangerie, il pourrait. Mais non, il voulait 15/3 = 5 millions de plus. Et reformer les Doors sans le batteur d'origine et sans le chanteur d'origine.
Son argument ?
"En fait cette histoire d'unanimité c'était surtout un truc de façade pour donner une image sympa/soudée du groupe, c'était du marketing, et en plus j'étais bourré ou sous acide, je me rappelle plus trop."
Oui mais enfin Monsieur Manzarek il y a un contrat qui le stipule noir sur blanc, avec votre signature dessus !
"Euh oui mais c'était il y a longtemps, j'avais pas bien lu, et puis bon hein ça va quoi on va pas en faire tout un plat !".

Le sang de Densmore n'a donc fait qu'un tour.
Non, en fait il a fait deux. Car non contents d'essayer de tordre le sens du contrat et de faire la tambouille financière comme bon leur semblait sans tenir compte de son avis (ni de celui de la famille Morrison), la doublette lui a réclamé 40 millions de dollars en dommage et intérêts. Rien que ça. Soit 20 millions chacun pour Krieger et Manzarek, donc 4 fois la recette envisagée pour la pub Cadillac. Et de quoi mettre Densmore sinon sur la paille, au moins dans la grosse merde.
Pour ce faire, rien n'a été épargné à celui qui se veut le gardien de l'esprit originel du groupe, avec ses principes un peu baba-cools qui veulent que : non, on ne vendra pas nos fesses pour une publicité, on fait de l'art, et on va respecter la parole qu'on s'est donnée, les contrats qu'on a signé entre nous, et la mémoire de notre ami chanteur à qui l'on doit beaucoup.
Un connard d'idéaliste, quoi (en plus il joue du free-jazz/world music, porte des colliers, se fait une couette, et participe à des projets avec des mecs aussi louches que Skrillex).

john densmore 1971 2013


Pas joli-joli

Non ce n'est jamais joli-joli quand d'anciens frères d'armes se lancent dans des procès, qui plus est pour de l'argent, et qu'aucun d'eux n'en a besoin. Après, vous me direz, c'est la vie, ça arrive etc.
Ca peut rester courtois et correct. On peut ne pas être d'accord, et les sommes relatives à la brouille peuvent faire que, bon, on est obligé de passer par la case tribunal. Ca peut permettre, après tout, d'avoir une décision "neutre" qui fera que les membres originels ne seront pas fâchés entre eux, mais par avocats interposés.
Ce qui fait mal dans ce livre, ce n'est pas tant que la doublette ait voulu changer d'avis sans rien demander à personne etc. Justement, ça, ça se règle au tribunal.

Non ce qui fait vraiment mal, c'est la stratégie et les arguments développés par les avocats de la doublette.
Si le premier argument contre Densmore pouvait se révéler acceptable (ou en tout cas discutable), le second l'était beaucoup moins.
Le premier argument était que, grosso modo, pour continuer à faire vivre le catalogue des Doors et faire perpétuer le nom,  il était plus qu'envisageable de procéder à une reformation et faire diffuser les titres des Doors le plus possible, notamment par le biais d'un habillage publicitaire. Effectivement, trop de groupes passent aux oubliettes de l'histoire pour cause de catalogue non géré ou trop protégé. Si un groupe (en tant qu'entité faisant partie de la culture populaire) loupe une génération, il y a de grandes chances qu'il finisse par s'éteindre à petit feu assez rapidement. Certains groupes pensent que le fait de caler sa musique sur une publicité leur permettra de continuer à exister, et de faire vivre le catalogue, ainsi que l'image et la notoriété du groupe. Pour la doublette, le refus de Densmore s'apparente à un refus de faire vivre le catalogue, qui est aussi une obligation contractuelle "non dite" de leur contrat d'intérêt(s).
Mais comme c'est contraire à des contrats signés antérieurement, et défendus pendant plusieurs décennies par les trois survivants, formellement, ça a du mal à passer.

Ce premier argument plaide aussi en faveur de la reformation : continuer à jouer c'est continuer à faire exister le groupe. Certains fans sont même d'accord (cf. les commentaires sur ce lien d'un article sur ce même livre dans Rolling Stone ou encore sur cette page de fans des Doors). Tout tient après dans la définition du "groupe" quand son leader incontesté est mort, et qu'on met sur la touche le batteur d'origine. Or manque de bol, la définition du groupe est explicitée dans le fameux contrat originel des Doors. Et manque de bol encore, Densmore n'a jamais été contre le principe de reformations (dont il fasse partie ou pas) aux seules conditions que :
- le logo original ne soit pas repris
- le nom ne puisse pas être confondu avec celui des Doors. Or quand "The Doors of the Twentieth century" est écrit (affiches, publicité et tous supports promotionnels) avec "THE DOORS" en immense et "of the twentieth century" à la taille d'un timbre poste, bon...
- on ne se serve pas de l'image de Morrison. Or paf ! Et que je te vends des places en mettant des photos de Jim Morrison, et que je ne signale pas (ou mal) qui jouera effectivement, qui est membre d'origine du groupe etc. Vous rigolez, mais il y a peut-être des gens qui ne savent pas qu'il est mort !





Un (parmi des milliers) des éléments promo qui ont fait débat. On note que les logos Rock&Folk & RFM ne laissaient rien présager de bon de toute façon.

Quoi qu'il en soit on peut toujours en discuter, et le tribunal tranchera. Mais pour la doublette, c'était quand même mal parti.

Alors quand on est à court d'arguments, on sort les vacheries. Et je reste poli.
Il se trouve que Densmore est vraiment un mec qui est resté fidèle à ses idéaux beatniks-hippies, appelez ça comme vous voulez. Il défend les droits des minorités, il mange bio et végétarien, il est contre la déforestation, il veut promouvoir l'éducation pour tous, il soutient les disquaires indés, bref : la totale de ce qui faisait les combats de sa jeunesse et de sa génération.
Des combats partagés par Manzarek et Krieger à l'époque, qui se battaient contre "le système", "le pouvoir", "l'autorité" et pouf faire court, "tous ces vieux cons qui ont des valeurs dont on n'a rien à foutre".
Des combats qui vous faisaient alors passer systématiquement pour des "communistes" aux USA; soit l'équivalent de l'appartenance à Daesh aujourd'hui.

Eh bien voilà, à court d'arguments, les anciens camarades de combat vont se laisser aller à toutes les bassesses : Densmore, de par ses combats toujours actuels et son accointance (souvent très lointaine) avec des associations "de gauche" (de gauche aux USA hein, pas de panique, du soft quoi) va être présenté aux membres du jury comme un "communiste", et tant qu'à faire, un terroriste.
Rien que ça. Pas de preuve, bien sûr. On signale juste que, un jour, il a participé à une manifestation d'un groupe opposé à la déforestation d'une zone naturelle protégée. Il se trouve que certaines personnes présentes dans la manifestation étaient des "gauchistes purs et durs" (au sens américain). Et que ces personnes, dans une autre manifestation portant sur tout autre chose (et où Densmore n'était même pas présent) s'étaient laissé aller à des dégradations de bien publics.
Densmore est donc un terroriste.
L'avocat de la doublette ira même jusqu'à lui demander s'il est bien contre les attentats du 11 septembre, sous-entendant qu'il ne l'est pas. Pourquoi ? Parce qu'après les événements du 9/11 il avait appelé Manzarek, abordé le sujet, et Densmore lui avait dit que ces attentats étaient aussi "en quelque sorte" aussi liés à la politique américaine des Bush senior et junior dans les pays arabes du Golfe depuis plus d'une décennie.
Tremblez membre du jury ! John Densmore ici présent est le bras droit masqué de Ben Laden. Et un anti-américain primaire.
Densmore accuse le coup, ses deux compagnons des Doors ne mouftent pas, sachant très bien que lancer ce genre de suspicions et de rumeurs peut être d'un effet dévastateur, d'autant plus que les media s'emparent, bien évidemment, de l'histoire et de la rumeur. On imagine aisément comment le rédacteur en chef de Fox News a carrément dû se faire une faciale en jubilant à l'idée du buzz politico-people qu'il y avait à tirer de cette "affaire".

Joli-joli, quoi.

This is the end

La doublette a finalement perdu, dans les grandes largeurs, mais au prix d'un procès fleuve (et fort coûteux). En ayant toutefois pris soin de faire un maximum de concerts sous le nom de "THE DOORS of the twentieth century". Leur permettant d'amasser un impressionnant paquet de blé avec un chanteur-clône.
De toutes façons la vie a repris ses droits, la mort aussi : Manzarek s'en est allé en 2013, laissant Densmore et Krieger dans la tristesse. Tout avait déjà été pardonné dès l'annonce de la maladie du claviériste. Densmore avait même suggéré une réunion, et rappelé encore une fois tout le bien qu'il pensait, malgré tout, de son ami.

Si le sujet vous parle, et si vous voulez en savoir plus, vous pouvez y aller, le livre est bien écrit, et vraiment passionnant, que vous aimiez les Doors ou pas !
Vous pouvez aussi aller lire un interview de Densmore par L'Express lors de la sortie du livre.