31 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / after 08 / DOLBEAU-MISTASSINI

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Samedi 23 juillet (after#08).
Retour aux loges. Le tour-manager de GALAXIE me saute dessus en pleine Heineken :
  « - Où est ton batteur ? Il a dévissé l’accroche du Hi-Hat pour les ranger et on retrouve pas les attaches, dépêche toi de le trouver on est dans la merde là ! ».
Et il rigole pas le bonhomme. Bon, 1: c’est son boulot et 2: on s’est un peu beaucoup incrusté sur cette date alors ne faisons pas les malins alors qu’on vient de faire une boulette en torchant LEURS bières.
Mais putain gnGNGNgngngGNGngngn mais keeeeesskimafoutu Dimitri alors que JUSTEMENT on a déjà perdu le Hi-hat de Mark et qu’on taxe  celui de GALAXIE pourquoi il le leur dévisse criss' ???!!??
Suant encore comme un goret chinois dans un sauna suédois, en pleine descente d’adrénaline, je parcours la salle plusieurs fois en tous sens à la recherche de mon bon vieux batteur et néanmoins ami. En vain. Les toilettes, le bar, la terrasse rien. Quand je recroise le tour-manager, il commence à vraiment monter dans les tours.
Putain         que           ça           gave.
Je me recogne deux ou trois circuits complets en poussant tout le monde, la classe. Echecs. Je repasse aux loges pour signaler que désolé, je le retrouve pas, tu peux me battre avec une batte de base-ball si tu veux mais je peux plus rien pour toi.
Et je vois mon Dimitri en train de siffler une bière, pépère, limite étonné (voire offusqué) de me voir la bave aux lèvres, haletant et l’œil torve :
« - Non mais c’est boooon riiiiiiLax mec, en fait j’étais là, t’inquiète c’est réglé. »


TA     BAR      NAK.
jose wastemen galaxie vox populi
Je sors sur la terrasse arrière prendre le frais et ma nicotine. Allez, à ce rapport-là je peux le dire : on a une avalanche de compliments ce soir, comme les autres soirs d’ailleurs. Oui-oui on se pignole on se lance des fleurs ça fait plaisir putain ça fait plaisir. J’aurai eu au Québec plus d’encouragements qu’en plus de 20 ans en France. Donc ce soir on profite on s’éclate remets-moi une tournée tiens prends-en une weyyyyyyy trop cool hein quoi attends pfffff ouais GALAXIE le concert déchire (et pas QUE les oreilles) l’after aussi rhaaaaaa je suis bourré toi aussi ? Génial !
Merde on est vraiment en train de s’en coller un sévère. J’arrive même à faire siffler plein de shooters d’affilée à Rémi, qui est pourtant notre plus sobre Wasteman, et de loin. Il a l’œil qui pétille. Rhaaaaaaa on est trop bien sur cette terrasse derrière le VOX. Je fume des clopes comme un train, je retourne danser toutes les 5 minutes. Attends, quand t’as un enchaînement « I Wanna Rock » / « Go Down » tu fais quoi ?!!!!?
Les gars ET les filles sont toujours aussi cools. Ca fait du bien de revivre cette sensation purement québécoise de filles qui discutent quand tu parles avec elles. En plus on met le grappin (en tout bien tout honneur) sur Marylou, la fille qui a le look le plus cool de Dolbeau, et qui s’avère finalement être cool tout court, puisqu’elle arrive même à nous expliquer le FAMEUX processus de l’osmose inversée. Objectivement, j’ai rien compris.
jose wastemen galaxie vox populi
jose wastemen galaxie vox populi
A quatre heures du matin, la fermeture du VOX s’annonce. On a bien dansé et discuté, le staff est vraiment d’une gentillesse désarmante. William, Francis, Alexandra et les autres: ne changez rien, vous êtes parfaits. J’ai comme envie de me faire adopter, ou de demander l’asile politique. Je me résous tout de même à filer dans la bagnole avec Rémi, sinon ça va finir en nuit blanche et bon euh … l’âge, tout ça … hein …. Voiiiiiiiilà on va rentrer.
Dimitri, un œil au plafond et l’autre sur la tireuse à bière, continue d’écluser en bonne compagnie. On le laisse là vu que c’est pas loin de chez Rémi et que au pire, il trouvera toujours une solution. Ce garçon est plein de ressources, un vrai Castor Junior du rock’n’roll.
Sur le chemin du retour, pendant un virage, on entend un gros ssssSHHHCKLLiiiiiiiiiiiNG, le fameux son des cymbales qui se croûtent dans le coffre parce qu’elles ont été mal rangées. On est pété de rire avec Rémi et on se lance dans une délire de faux présentateurs de cirque : « Attention mesdaAAAaames et messieurs appréciez ce fabuleux virage de l’incroyaaaaaaaable Dusty Rem’ devant la mairie de Dolbeau-Mistassini ! ». Deux gars à pied qui rentrent eux aussi du VOX font des grands signes de bras dehors, je leur fais coucou et on trace.
Arrivé à la maison et malgré la fatigue je file dans le coffre pour voir si les deux cymbales de Mark sont pas en miettes, parce que vu qu’on lui a déjà perdu un Hi-Hat et une cymbale
J’appelle Rémi en poussant un cri de douleur, car je m’emboutis le tibia dans l’attache caravane du truck pendant ma descente du coffre.
Rémi est aussi interloqué que moi : il n’y a PAS de cymbales dans le coffre.
Donc soit c’est le Colonel Moutarde, soit les cymbales n’étaient pas dans le coffre quand on les a entendues. Donc elles étaient sur le toit. Prends-en d'la graine, Sherlock Holmes !
Rémi a des obligations familiales le lendemain, je lui dis donc que je prends sur moi de refaire le chemin à pied pour retrouver les fameuses cymbales. C’est pas bien long, pas bien loin, et un peu d’exercice ne me fera pas de mal. Qu’est-ce qu’on peut sortir comme âneries quand on est cuit …
jose wastemen galaxie vox populi
Me voilà donc dans les rues de Dolbeau à essayer de refaire le chemin à pied en sens inverse. Au bout de cinq minutes je revois effectivement une cymbale au fameux croisement. En plus elle est pas trop amochée. Mais pas de trace de l’autre. Il va falloir suivre la route jusqu’au VOX et là d’un coup ça paraît plus long. Très long. Car je ne remets pas précisément le chemin qu’on a pris, et par sécurité je fais tous les trajets possibles, à scruter les routes, chemins, pelouses, parkings … Je dois avoir l’air fin à errer comme ça avec ma cymbale sous le bras.
Toujours rien, makash, wallou, nada.
Je retourne au VOX, on sait jamais, aussi bien la manquante est là-bas. Il doit rester une vingtaine d’habitués au bar, dont Dimitri. Bon okay il a obtenu super rapidement son diplôme d’habitué, mais manifestement il s’est donné beaucoup de mal.  Là il a carrément un œil qui regarde au deux chiottes simultanément (hyper dur car ils sont à l’opposé l’un de l’autre dans la salle) et l’autre qui fait du tourniquet, ou du flipper; je ne saurais pas trop dire. La tête elle-même n’est plus très stable, le salopiau n’y est pas allé avec le dos de la cuiller morte.
Quand il a enfin réuni assez de concentration pour écouter ce que j’ai à lui dire et que j’arrive à accrocher au moins un de ses yeux tout en tenant son épaule, je lui sors délicatement la cymbale que j’avais cachée derrière mon dos pour lui ménager un effet de surprise à la Dani Lary.
jose wastemen galaxie vox populi
 « -Devine ce que c’est, et où je l’ai trouvé !! 
- …..mmmbmmmmbbbbrrrrRRrrrrr …. cYmbALe !......
- Bien p’tit ! C’est une des cymbales de Mark, et devine où je l’ai trouvée ?!?
- mmmmmmmbrrRRRRROOoooo ….. voiture ? 
- Nananananananana ! je l’ai trouvée SUR LA ROUTE entre ici et chez Rémi !!!
- …. mmmrrrRBBBrrrraaPourkwAAAA ?
- Ben passque tu l’avais laissée posée sur le toit quand on a rangé le matos.
- …… RRRRrrrrrrRRRrrhhhh ….
- Oui oui sans doutes mais le problème c’est que j’en ai retrouvé qu’une.
- …. mmmm …ooooOooorrbrrrrrrRRrrrERDE …
- J’te l’fais pas dire. Je viens de ratisser Dolbeau dans tous les sens, à pied, j’ai soif, j’ai plus de clopes, j’en ai ras-le-cul, et je pense qu’on va rentrer passque sinon tu vas pas pouvoir rentrer tout seul. Avec un peu d’bol on va la trouver sur le retour, on recherchera tous les deux.  Tu viens avec moi hein okay ?!?
- … MMMMmmmmmmrrrrrRRRRooooooOOOOoo ….
- Ouais okay on en boit un p’tit-vite-fait-pour-la-route et on file. ».


Le staff est mort de rire, et nous encourage tels les gladiateurs rentrant dans l’arène alors qu’on passe la porte du VOX.
Ave Vox, Galerituri te salutant.
Je vous passe les détails du long retour erratique qui s’en suivit, et ne nous a pas permis de retrouver la deuxième cymbale.
On s’affale dans la tente. Pas le temps de dézipper mon duvet et voilà Dimitri qui ronfle déjà tellement fort que le mec de la salle risque de rappliquer pour lui demander de se baisser. J’embarque mon nécessaire-à-dodo et file sous la grande tente de jardin pour finir ma nuit.
Elle va être courte: le soleil se lève.
jose wastemen galaxie vox populi

24 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 08 / DOLBEAU-MISTASSINI

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Samedi 23 juillet (jour#08).
Après une nuit complète et un petit déjeuner largement aussi complet  (œufs, bacons, fèves, bacon, double ration de saucisses, café) à l’auberge de l’Ile du Repos nous partons en direction de Dolbeau-Mistassini avec Dimitri. Rem’, matinal, nous a déjà devancé. On serait bien resté un peu plus longtemps ici mais la météo tourne au vinaigre. En route. Nous voici une heure après donc devant le VOX POPULI après un trajet pendant lequel Dimitri m’a fait subir le dernier des outrages: écouter du jazz be-bop. Celui où le batteur finit ses lignes de coke en tapant sur son Hi-Hat (surmixé) comme un constipé consanguin victime du syndrome Gille de La Tourette, attaqué par une nuée de guêpes des Galapagos. Bon okay j’avoue, en fait c’est moi qui lui fait rester sur la station de radio pour être vraiment sur que je ne supporte pas ce style. Confirmation: je ne supporte pas.
Tshhh thshsh s tshhhh-t-t-t-t-tttttt-ttshhhh-tttt-t-ttshhhh tshh tTHHHHHHSSSHHH-T-T-T-T-T-TTHShhhhhhh puuuuuUUTAIN MAIS TA GUEUUUUULE !!!!!!
jose wastemen galaxie vox populi
Rem’ est là, on rentre dans le VOX POPULI : trop cool. Genre 300 places qui sent bon le rock et la bière. Le staff est incroyablement incroyable au point que c’en est incroyable. On apprend que GALAXIE, la tête d’affiche, sera à la bourre, et comme ça sert à rien de balancer avant eux on repart vaquer à nos occupations. À savoir : Rem’ avec sa famille chez sa famille (nous sommes dans ses terres historiques) et Dimitri &  moi   à aller faire du billard-bière dans une galerie marchande. Il fait tellement chaud que se balader dehors relèverait de l’inconscience ; ou du sport, ce qui revient au même. Retour à la salle, on est à bloc, car le spot à billard est bien le seul endroit où on aura entendu de la musique de merde pendant notre séjour : électro-dance-pouffiasse avec voix de René La Taupe passée au Vocoder-Rabouin. Un calvaire.
Ca donne envie de décrasser avec du bon gros son. Ce que fait GALAXIE à environ 119 décibels dans la salle. Encore un ingé-son en mode virility-proof ? Bref, c’est à nous, on s’installe après avoir rencontré les gars de GALAXIE. Il y a quand même Olivier Langevin et Fred Fortin dedans, excusez du peu. Un monsieur Fortin lui aussi originaire de Dolbeau-Mistassini, et qui me prête très gentiment son ampli basse. Par sûreté je ne touche à aucun réglage et plugge la Fender Precision de Mark Parker dedans. Oui-oui rappelez vous, ce soir on joue en trio électrique et je dois donc prendre la basse. Stress.
A un moment donné, alors que je suis penché sur la scène pour vérifier des bricoles de câblage, un avion à réaction-fusion-nucléaire décolle sur ma droite pour venir se crasher dans le tympan de mon oreille gauche et me décrocher un cri de tigre en rut à qui on arracherait les testicules avec des tessons de bouteilles.
Oh rien de spécial, juste Rémi qui vient de brancher sa Gretsch dans le Fender « brownface-je-ne-sais-pas-quel-modèle-mais-il-est-hystérique-parce-que-c’est-un-vieux-modèle-super-rare-que-lui-prête-Fortin ».
jose wastemen galaxie vox populi
Je suis à moitié sonné, j’ai vraiment mal à l’oreille. J’ai l’impression d’avoir pris un coup de poing, et j’ai même l’impression que mon œil gauche voit moins bien, tout gris, j’ai le pouls hyper rapide. Je suis à moitié flippé. Et mon Rémi lui il est PILE devant, à 30 cm en train de faire ses réglages, pépère, les oreilles dedans.
Enfin des réglages … comprendre : il met tout à burnes sinon « ça sonne pas ya pas de grain ». Encore sous le choc je trébuche à moitié, recule, cherche machinalement mes bouchons moulés, que j’ai évidemment oubliés en France. Dimitri derrière sa batterie n’est pas dans l’axe de l’ampli, mais il a quand même la tête du gars qui s’inquiète : les mûrs vont-ils tenir ? Pendant un bref passage de silence qui ressemble à du bruit rose, je demande vite si quelqu’un a des bouchons parce que sinon ça va pas être possible. Non, personne. A ce moment précis l’ingé son de la salle vient gentiment voir Rémi:
« -Euhhhh ça s’peut-tu d’baisser un peu ton volume ??!?
Mouvement d’épaule genre Laurence Parisot qui vient de se faire prendre à parti par un cégétiste qui veut en découdre.
- Woooy hey non sinon j’ai plus d’grain !!! »
Surtout que à ce moment précis Rem’ sait qu’on l’a pris la main dans le sac. Ça fait un an qu’il nous affirme haut et fort (forcément fort) qu’au Québec et partout outre-atlantique tu peux jouer supra fort. Genre, limite t’y es obligé par décret, et si tu le fais pas ça prouve juste que tu es un sous-homme au niveau du Tone, et tu peux toujours aller sucer un Line-6 en te faisant sodomiser par une Cort.
«- Oui mais là euh …. C’est vraiment très fort quoi, je euh …vais rien pouvoir faire, c’est VRAIMENT fort. »
Rémi marmonne je-ne-sais-quoi et fait semblant de tripoter ses potards. Un ange passe. Je me colle rapidos une boule de papier Kleenex dans l’oreille faute de mieux et faute de temps ; il va falloir attendre pour aller acheter une paire chez Jean Coutu. Les balances seront donc un calvaire total en ce qui me concerne. Même en braillant comme un putois j’entends rien à ce que je chante, et si le gars monte mon retour, en plus de l’avion de Rémi, j’ai une fusée de larsen en double pénétration. La basse ça va j’entends, j’ai l’ampli de Fortin dans l’cul, et croyez moi le niveau est à l’avenant. J’ai vraiment mal à l’oreille, ça passe pas. Cette putain d’oreille gauche qui me saoule depuis 13 ans, suite à une sombre affaire de baston avec multiples pieds dans ma gueule. C’est dur de faire comprendre à quelqu’un que tu souffres (pas « j’ai mal » hein : je SOUFFRE) quand cette personne, par je ne sais quelle grâce divine, est totalement insensible à toute notion de fort ou pas fort. Rémi, tu lui fous la tronche dans l’ampli de Lemmy, la tête en sandwich dans celui de Malcolm Young, il bronche pas: il en redemande.
Verdict médical post-voyage : j’ai un kyste à l’oreille qui bombe mon tympan, et fait qu’à certaines fréquences haut-mediums (pour parler comme Dimitri)  de type Hi-Hat-cymbales-claquements-de-mains- fille-qui-crie y a des trucs et machins qui se touchent dedans. Le médecin me demande, héberlué, « mais, quand vous jouez de la musique fort ça vous fait pas hurler de douleur ???!!!».
Ben si un peu, des fois … Kyste qui devait déjà là a priori, mais plus petit, et qui s’est réveillé et développé avec la pression du trajet en avion. J’apprends donc qu’à un peu plus et je perdais mon oreille, mais tout va bien. Là j’ai un traitement pour le résorber , mais pour je ne sais quelle raison obscure, il ne partira jamais vraiment. Super. Revenons au VOX.
Dans les loges, au détour d’une Heineken (bizarrement à la mode ici) j’apprends que  ça sera complet ce soir. On aurait pu s’en douter vu les gloires nationales et locales qui sont en tête d’affiche, mais ça surprend toujours. On fait un aller-retour chez les parents de Rémi pour déguster la fameuse tourtière de Thérèse.
Retour à la salle, 21h30, c’est déjà blindé.
jose wastemen galaxie vox populi
On doit attaquer peu après 22h00 pour un set de 40 minutes où il va falloir dépoter. On est tendu comme des slips d’ado. Une sélection musicale aux petits oignons tourne à burnes dans ce club qui me fait penser à feu l’Entre-Pot, tenu par une bande de jeunes ultra-motivés et hautement sympathiques qui se sont mis en coopérative. Ca me désespère de la France : même à Paris (j’aurais envie de dire, évidemment) t’as pas un lieu aussi cool (j’aurais envie de dire VRAIMENT cool) alors que là, t’es au fin fond du trou du cul de la zone profonde dans un bled de 15.000 habitants, et leur truc déboîte. Et pour moi le fin fond du trou du cul de la zone profonde dans un bled de 15.000 habitants n’a jamais été synonyme de beaufitude ou de ringardise A PRIORI. Je ne citerai pas les lieux prétendument trop cools qui sont juste des ramassis de m’as-tu-vu imbuvables qui se prennent pas pour de la merde. Mais bon bref, la vraie ambiance rock, tu la ressens et elle te saute à la gorge. Là, elle te saute tellement à la gorge qu’elle t’étouffe et que tu dois  écluser force houblons-maltés pour pas t’étrangler. Les vues incessantes de créatures affriolantes n’aident guère. Oui allez-y, traitez moi de pervers psychopathe, j’assume.
voix off du cerveau en mode « short Armani trop large, coupe de cheveux Benny B. + lunettes de soleil Victoria Beckham + gourmette D&G + débardeur Rivaldi trop serré + pseudo musculation mal foutue + regard de mec qui va te tuer + démarche de mongol + baskets hi-fi Nike-Star-Trek ».
« Attends quoi c’est booooOOOooon tsééé maramé ma pÂrole j’vois des jolis gadjiii beiiin tséé j’les mate quoi c’est bon quoi yapa moyen moi j’men bÂts les couiiilllles tséééé mater des meufs ici c’est motCHémOtCHique KW !!!! »
Pardon, je commence à chauffer du cerveau.
Montons donc sur scène pour voir.
jose wastemen galaxie vox populi
Ah ben oui on voit bien que c’est plein dis donc. Et plein de meufs effectivement. C’est quoi ce pays de malades ?!?
Rémi, l’air de rien, remonte évidemment son volume à bloc avant qu’on commence. Un vrai gamin : il croit qu’on l’a pas vu faire avec Dimitri ! On se marre.
Pourvu que mon bouchon à l’oreille ne TOMBE PAS …..
 « Just Be » et « More Fun » pour se mettre en pattes, et après on y va crescendo avec du qui-tape, à commencer par « Going Down ». Le concert se passe comme sur des roulettes. Je fais quelques pains mais bon hein pfffffff c’est trop cooool on sur on pu on a chaud les gens font yeahhhhh c’est trop beau c’est trop bien maman je veux ressentir ça tous les soirs et merde voilà déjà « Dog Eat Dog » surbraillée comme il se doit par un Rémi incandescent. Ce soir il est au summum du top du  zenith orgasmique. Il joue dans SON bled, dans SA salle (il y a été DJ « heavy metal » en 86/87), sur SA Gretch, dans ce putain de « blackface-je-ne-sais-pas-quel-modèle-mais-il-est-hystérique-parce-que-c’est-un-vieux-modèle-super-rare-que-lui-prête-Fortin ». Cerise sur la piche : il dépucèle ce soir  SA Dan Amstrong, qui s’avère donner un niveau de sortie de porc. Un porc mutant né à Fukushima.
On est d’ailleurs sans nouvelles du groupe de filles qui étaient devant l’ampli de Rémi. Si quelqu’un voit errer des filles dans le secteur du Saguenay Lac Saint-Jean, la démarche hasardeuse, la bave aux lèvres (mais non !!!! celles du haut, putain mais vous êtes relous sérieux !), du sang sur les oreilles, les yeux révulsés, en train de crier « BlackfAAaaaaaaace !!! BLackfaaaaaAAAAce », ce sont elles.
Ramenez-les au VOX POPULI et leurs familles viendront les chercher, merci.
jose wastemen galaxie vox populi
jose wastemen galaxie vox populi
Suite de cette folle soirée dans un prochain post, sinon c'est trop long. Eh oui c'est pas fini, y'a pas que les concerts dans la vie ! Y'a les afters aussi !

16 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 07 / ILE-DU-REPOS

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Vendredi 22 juillet (jour#07).
Encore un réveil dans le canapé du salon de chez Mark, pour les mêmes raisons que le jour précédent, mais tout va bien merci.
Petit déjeuner tardif comme hier, et tout va toujours aussi bien, merci encore. Quand on se sent à l’aise quelque part on a l’impression d’avoir des habitudes bien ancrées.
Nous partons pour l’Ile du Repos avec Dim’ et Rem’ après avoir packé le matos dans la voiture. Mark & Kim nous rejoindront plus tard pour cause de travail. Le pauvre Mark est en semaine intensive de 50 heures pour cause de surcharge de boulot à l’usine d’aluminium, mais il a toujours un caractère follement positif et enthousiaste.
Sinon, toujours pas de trace ni de nouvelles des cymbales du hi-hat. On se demande bien ce qu’elles ont pu devenir, mais on reste persuadé qu’elles vont réapparaître comme par enchantement, parce que « c’est pas possible ». Argument massue et hautement scientifique.
Le soleil tape dur. La route jusqu’à Peribonka ressemble à toutes les autres routes: du bitume avec des lignes jaunes au milieu, le tout bordé d’arbres. Une fois sur l’Ile du repos, on comprend vite avec Dim’ que ni Rémi ni Mark ne nous avaient menti. C’est magnifique.
auberge ile du repos peribonka
La vraie carte postale de l’énorme chalet au bord d’un superbe lac d’eau rouquine, avec des plages de sable fin (si si). De-ci de-là des tentes et des chalets. Un camping en quelque sorte, mais avec un vrai cachet, et surtout de l’espace vital. On comprendra bien vite, en discutant avec le staff, que la recherche du profit ne passera jamais avant le respect de l’environnement. Et ça marche.
Nous déposons notre matériel en loges et découvrons la scène et la salle. C’est GRAND. On doit pouvoir caser 500 personnes facilement, et la scène est très large, la hauteur sous grill immense. Ça a de la gueule et ça met, accessoirement, UN PEU la pression. Une immense baie vitrée donne sur le lac, c’est vraiment comme dans un rêve. On nous donne les clefs de nos quartiers pour la journée et la nuit. Une maison immense avec le petit balcon en bois qui va bien. Rien que ça. Mark débarque plus tôt que prévu et nous retournons à la salle.
wastemen and mark parker
Après une séance de blagues typiquement québecoises qui nous permettent de faire connaissance avec Guillaume (batterie) et Serge (basse), deux gais lurons qui collent parfaitement au caractère enjoué de Mark, nous assistons donc aux balances de PARKER'S SPECIAL BLEND. Ca joue fort en tabarwette. Rémi vous dira que non et que de toutes façons de ce côté-ci de l’Atlantique on peut jouer plus fort qu’un 747 au décollage, démembrer un orignal à 500 mètres par la seule force d’un accord plaqué dans un gros Marshall, désanuser une ouananiche au milieu du lac Saint-Jean juste en s’accordant au fond du garage, j’en passe et des meilleures de toutes façons vous-en-Europe-vous-jouez–jamais-assez-fort-c’est-pour-ça-que-vous-avez-un-son-de-mArde-un-ampli-ça-doit-être-mis-à-burnes-au-carré-pour-avoir-du-grain-tabarnak-etc-etc..
Mais patience, attendez le blog du jour suivant hin-hin-hin rira bien qui rira le dernier.
Bref, en attendant ça sonne bien en maudit, même si je dois finir les balances sur la terrasse pour pas devenir sourd, ou retrouver mon anus dans une de mes chaussures.
Mark a déballé une vieille Supro fraîchement acquise, qu’il fait hurler dans un vieux Fender Pro Reverb blackface, il joue avec du giga-guts et ça ne plaisante pas. On balance dans la foulée et Robin, au son, fait des merveilles.
Retour à la case maison de luxe, et glandouillage sur la plage.
remi villeneuve mange du boulgour en ecoutant bob marley
Dimitri se baigne au péril de sa virilité, et je me contente de faire une petite trempette rafraîchissante. Rémi nous rejoint et nous jouons un peu de dobro en sifflant une binouze salvatrice. Le tableau est follement bucolique, et pour un peu Rémi nous ferait péter un petite reprise des Doors en version reggae, tout en mangeant du boulgour.
On file manger au restaurant de l’auberge, mais le service prend quasiment une heure et demie, ce qui fait qu’à peine notre plat ingurgité nous devons monter sur scène. Petit Mojito XXXL pour faire filer. C’est parti mon kiki.
jose wastemen concert ile repos peribonka
Ce coup-ci on attaque par « Just Be », et on se sent tous à l’aise rapidement, autant pour le son que pour le jeu. La salle est loin d’être pleine, je dirais qu’il y a une centaine de personnes ( ?) mais les gens qui sont là passent manifestement un bon moment, même si ça ne « lève » pas autant qu’à Metabetchouan. Les parents et la soeur de Rémi étant venus nous voir, je me permets une dédicace spéciale à Thérèse sur « Dusty », la taquinant sur le fait que si effectivement il n’y a pas de partition, la chanson existe pourtant bel(le) et bien, en plus d’être en grande partie l’œuvre de son fils. Lors de la répétition dans son salon, elle nous avait bien stipulé, et ce de façon quasi officielle qu’une chanson n’existait à ses yeux que s’il y avait une partition. Ça se discute, mais ça donne toujours une belle idée de cadeau pour Noël en tous cas. Une autre composition de Rem' "One more Time" qu'on teste depuis quelques temps commence vraiment à prendre une jolie forme.
Le concert se finit bien, tout est passé très vite, on a joué une bonne heure.
jose wastemen concert ile repos peribonka
Le truc vraiment cool, c’est que j’ai pu chanter vraiment sans réfléchir ou douter le moins du monde, parce que les retours étaient aux petits oignons. Du velours. Merci encore Robin.
PARKER'S SPECIAL BLEND attaquent dans la foulée, et leurs reprises bien senties et bien jouées de blues Delta/Chicago font mouche. On sent encore une fois que ça fait partie de la culture ici. 17 ou 77 ans, tu leur pètes un bon blues, et ça fonctionne. C’est dans le sang quoi.
On boit quelques coups sur la terrasse pendant le concert, et la fille de l’entrée vient me redemander des disques à vendre, j’obtempère dans la joie. Elle revient dix minutes plus tard, mais là problème, on a tout vendu. J’enrage un peu parce que j’aurais du penser à envoyer un stock chez Rémi. M’enfin, 50 disques en deux concerts … vu ce qu’on vend (pas) d’habitude à nos concerts je pensais que ça suffirait. Eh bien non. Je décide de positiver à mort, car finalement c’est surtout gratifiant, et je distribue des cartes de visite JOSE & THE WASTEMEN en stipulant bien que ça donne droit à des mp3s gratos etc. et des stickers etc.
Un bon Mojito pour faire passer. Ahhhhhhh… la nuit est belle : un festival d’étoiles dans un ciel d’encre. En fond sonore de luxe, Mark & ses comparses déboîtent du blues à qui mieux-mieux. On est proche de la perfection. Fragrances verdâtres. Dimitri et Rémi ont un sourire ravi scotché sur la face. Hop, moi aussi. On se demande pourquoi. On pense fort à NADJ qui n'a pas pu venir ... Au départ c'est quand même elle qui devait jouer ici avec Rem' avec leur duo SICTY THOUSAND LAKES.
La soirée se finit de façon assez prévisible au comptoir de la salle avec Bernard, maître des lieux hautement sympathique, Guillaume, Dim’, Rem’ et ma pomme. Mark a du rentrer tôt avec Kim pour cause de mariage le lendemain, mariage au cours duquel il doit jouer quelques titres avec Pierre Bouchard (de la famille Bouchard). Il nous promet de se rattraper dimanche soir pour qu’on s’en colle une belle quand on revient crécher chez lui.
Je file me coucher le premier car je comprends plus les blagues qui fusent en québecois profond, mais surtout à cause de la salsa qui joue à BURNES dans nos oreilles alors qu’on est seulement 5 au comptoir, avec un Rémi qui s’aperçoit qu’il boit de la bière sans alcool depuis 2 heures, sous les quolibets amusés d’un Guillaume à l’équilibre de plus en plus précaire.
J’ai un nom de famille zazou mais je bloque quand même pas mal sur les musiques latines/latino-américaines. Des fois ça passe, quand t’es sur une plage ensoleillé, les doigts de pied en éventail, entouré de trois vahinés qui te massent en te ventilant font avec des feuilles de palmier. Ce cas de figure ne m'est aps encore arrivé, mais on va faire comme ci. ET bref il se trouve que là, maintenant, non: ça me fatigue, c'est sans rapport. Les multiples shooters offerts par Guillaume et Bernard n’y changent rien, et je les file en loucedé à Dimitri qui, en bon camarade, ne saurait refuser. Et puis autant garder un peu de forces pour le concert de demain à Dolbeau-Mistassini.
De retour à la bicoque de luxe, je prends une douche salvatrice et m’effondre sur mon lit comme un bienheureux.
J’ai du sommeil en retard, et cette nuit je suis SûR et CERTAIN que personne ne viendra faire du free jazz sur mon corps ou dans mes oreilles.
Jouissif.
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photos live : Kim Martel / photo "Wastemen+Mark Parker" : Eloïse VIlleneuve / autres : Nathan Thunder

14 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 06

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Jeudi 21 juillet (jour#06)
Je me réveille dans un canapé du salon, car mon acolyte de chambrée a fait de sa nuit un festival d’art contemporain regroupant le meilleur de la danse free jazz (mes pieds sur ta face tout en croisant mon genou derrière ton oreille et mes coudes dans tes côtes) et de l’expression-audio-odoriféro-corporelle en stéréo (je n’ose même pas vous décrire plus avant les outrages subis).
Après un petit déjeuner tardif mêlant allégrement Lucky Charms, beurre de peanuts et Nutella, Dimitri et Rem’ décident de partir à Chicoutimi avec « les moches », surnom affectueux donné aux enfants. Je décide de rester là, car ce soir nous devons répéter pour le concert de samedi à Dolbeau, qui sera en mode électrique, et pour lequel je dois jouer de la basse. Et un peu de préparation ne sera pas de trop car je n’ai jamais joué ces chansons là à la basse, en dehors des démos que je faisais avant les enregistrements. Et comme Rémi sera seul à la guitare, il ne faut pas que je me vautre, sinon ça va un peu se voir. Kim & Mark sont au travail, et je passe donc l’après-midi seul  à la maison, avec une vieille Fender Precision dans les mains, à réviser et trouver les lignes de basse. Je navigue entre la terrasse et le sous-sol digne de Ali-baba-et-les-40-geeks-du-matos-vintage. En guise de pauses, je me replonge dans l’autobiographie de Thérèse, entouré par les chats. Musique, lecture, repos. J’ai envie de dire « What else ?! ».
What else ?!
dali the cat
Au retour de la troupe nous enchaînons une répétition à trois, branchés avec du gros son. Je soupçonne Rémi de cacher une érection monstrueuse sous sa Gretsch. Après bon, c’est pas la mise en place de la mort-qui-poutre, mais ça devrait passer. J’ai quand même quelques vapeurs sur certains passages, et essaye de me remettre en mode « FiRECRACKERS » quand je faisais basse-chant. C’est vraiment différent de chanter avec une guitare ou une basse. Déjà le poids, l’équilibre, mais surtout les attaques qu’on met ou pas, les petits repères qu’on se donne. Très très différent, je ne m’en étais jamais rendu compte à ce point. Sans compter que l’équilibre et la jouabilité d’une Precision n’ont rien à voir du tout avec ma bonne vieille Thunderbird.On va pas se plaindre pour autant !
Et trêve de stress, allons prendre un apéro avec Mark & Kim qui sont rentrés, pendant que Rem’ file acheter pizzas et sushis pour tout le monde. Pizza qui laissera une trace impérissable dans mon équilibre gastrique. Je ne sais pas si c’est les pepperroni ou la sauce, mais le reste du voyage sera placé sous le signe du Maalox après l’ingurgitation de cette bombe à déflagration (je pèse mes mots …) d’origine italienne.
return of the killer pizza
Petit hic, personne n’arrive à remettre la main sur les cymbales du hi-hat (charleston) dont nous nous sommes servis hier au concert de Metabetchouan. Coups de fils infructueux au « O’Soleil », recherches désespérées dans la maison, les voitures. Mystère. On se dit qu’elles vont réapparaître. En attendant, dans le pire des cas, on prendra demain à Peribonka celles de Guillaume de Parker’s Special Blend et samedi celles du batteur de Galaxie. Parlant batteur, voilà que débarque Pierre Bouchard (de la famille Bouchard) qui vient préparer des chansons pour un mariage avec Mark. J’apprendrai à la fin du séjour qu’il s’agit DU Pierre Bouchard de Gros Méné (cf. l’album « Tue ce drum, Pierre Bouchard »). Groupe éphémère qui réunissait Fred Fortin et Olivier Langevin. Qui jouent maintenant (entre autres) dans Galaxie, et sont des personnages bien connus de l’underground québecois, et plus si affinités. Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur cet underground dont les ramifications, l’impact, et la porosité avec le grand public est tout à fait différent de celui de France. Si vous le voulez bien on remettra cette discussion à plus tard (réclamez dans les commentaires si vous voulez vraiment qu’on lance la discussion là-dessus).
La soirée se termine tranquillement. On est vraiment bien dans cette maison. C’est toujours un sentiment étrange, en tous cas pour moi, que de se sentir totalement bien à sa place, surtout quand on est si loin de chez soi et de ses habitudes. On ne sait jamais pourquoi. C’est quelque chose qui ne peut que se ressentir, quelque chose qui se passe totalement au présent, où l’on ne prévoit rien, où il n’y a aucun plan ou souvenir. On perd tous ses repères mais les nouveaux, ceux qui s’installent d’eux-même, nous correspondent parfaitement. J’adore cette sensation. Surtout quand on a la ferme intuition que tout le monde est au diapason.
Tout le monde part se coucher assez tôt. Demain nous allons jouer à l’Ile du Repos à Peribonka, en première partie du groupe de Mark « Parker’s Special Blend » ; et Rem’ comme Mark nous promettent qu’on va y passer un super moment, dans une super salle, dans un environnement de rêve, entouré de gens charmants.
On a connu pire programme

10 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 05 / METABETCHOUAN

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Mercredi 20 juillet (jour #05)
Le vrai grand jour, celui du premier concert, ce soir, au « O’SOLEIL » à Metabetchouan. Après un joyeux petit-déjeuner nous commençons à gratouiller dans le salon, sous l’œil aiguisé de Thérèse, Vincent restant discrètement vers la cuisine mais n’en perdant pas une miette pour autant. La petite répétition acoustique se transforme un peu en concert privé. Je sais de source sûre (Rémi) que Thérèse a fort apprécié notre « Seven Cevennes Cicadas ». Et ça fait plaisir de lui faire plaisir.
Au détour d’une conversation après le café qui s’en suit, j’apprends que Thérèse a publié son autobiographie, "Du rang deux", et je m’empresse donc de m’en procurer un exemplaire. Je trouve ça culotté, en plus de m’imaginer en apprendre des vertes et des pas mûres sur Rémi, ce qui ne gâche rien.
J’attaque goulûment ma lecture pendant que Dimitri packe ses affaires. Le pauvre se cogne un énorme sac à dos vu que son périple va être beaucoup plus long qu le mien: il enchaîne par Chicago-Detroit-Philadelphie-NYC alors que je serai rentré en France.
Nous filons l’après midi chez Mark & Kim, des amis de Rémi chez qui nous allons non seulement être hébergés mais aussi répéter « en vrai » et emprunter du matériel. Rien que ça.
kim and mark
Car comme vous vous en doutez, Dimitri n’a pas pu mettre sa batterie dans son sac à dos, aussi énorme soit-il.
Nous avons à peine passé le pas de la porte que Kim & Mark nous accueillent comme des rois. Je me sens un peu gêné. Leur maison est superbe, et on s’y sent instantanément bien. Il y a des chats, c’est toujours bon signe. Mark doit partir travailler et il ne pourra pas nous voir ce soir. Après avoir posé nos affaires dans la chambre d’ami nous préparons le matériel pour aller faire notre balance-répétition au « O’SOLEIL », à 20 mn d’ici. La salle de répétition au sous-sol est tout bonnement hallucinante. Chaque guitare est une perle, chaque ampli une tuerie. Dans le désordre et pas du tout exhaustif on aperçoit une gibby Gold Top de 89, une Strat’ de 63, une ES335, une gibby J145, une Supro de 61, un Super Lead, un Princeton reverb’ … En plus, il y a un flipper « Golden Arrow » de 1977 au milieu.
guitars
pinball
amps
Je choisis une Gibson J185 True Vintage. Rémi taxe le dobro du grand-père de Mark (1927 sauf erreur…) et taxe un Fender Pro Reverb de 64 pour y brancher sa nouvelle Gretsch. Déjà, ça met en confiance. Direction « O’SOLEIL ».
Au bord de la route près d’une marina, le lieu s’annonce chouette même de loin. En plus la police de caractère utilisée pour « O’SOLEIL » est la même que celle de JOSE & THE WASTEMEN. Je ne manque pas de le faire remarquer tout de suite aux autres et en déduis que c’est un signe du destin, tant qu’à faire, c’est le même prix.
L’intérieur est typique : tout en bois et rondins. Plus carte postale, tu meurs. Mais la bonne carte postale, on sent que ce lieu vit pour de bon. La scène est grande juste ce qu’il faut, bien orientée, bref on le sent bien et tout le monde a le sourire, et la bière XXL. On est très bien reçu par les serveuses et l’ingé-son. Les balances se passent vite et bien, même si le vieux dobro est une tannée à sonoriser, comme tous les dobros du monde. Je tombe instantanément amoureux de la Gibson que Mark m’a prêtée. Hyper agréable. On fignole quelques trucs dans la formule « à-trois-sans-Mathias » qui est resté « faire des Big Mac pour la France » (je re-cite). On prepare une setlist touffue : ce soir nous sommes seuls à jouer et il va falloir tenir la distance un peu plus que nos 50 mn “syndicales”. Gratuit ou pas, ici on vient aussi faire la fête quand on vient à un concert et personne n’a envie de décevoir personne. Accessoirement, on a les patates au fond du filet.
On file manger chez Mark et on revient pour le concert. Les gens sont plutôt en trian de finir leur repas ou en train de siroter une bière sur la belle terrasse, pépère. Va falloir les chercher, il ne sont pas du tout venu nous voir. Le contraire serait étonnant, et il va falloir s’y préparer pour chacun de nos concerts.
10h00, va falloir attaquer. Go.
wastemen
J’ai spécialement la pression mais j’essaye de pas le montrer à mes comparses qui de toutes façons doivent s’en douter, je suis assez transparent pour ça en général.
On commence avec « High », ce qui est pas le plus facile. Mais on doit commencer accordés en mi, car on jongle avec les accordages dans un ordre savant pour pas péter de cordes en route. Celle ci se prete bien à une intro où faut quand même accrocher un peu.Fin du morceau, j’ai rien vu passer, j’ai senti aucune galère, mes coups d’œil à Rem’ & Dimitri me font dire que tout orule pour eux. Si tu cogites à la fin du premier morceau, il y a 99% que tu passes et fasses un concert pénible pour tout le monde: toi, le groupe, le public. Mais non là ça a déroulé comme si le morceau avait duré 2 secondes. On se présente, Rem’ me file un bon coup de main pour parler plus … québecois. Challenge : « Just Be », une nouvelle chanson qu’on avait juste présenté à Lyon pour un concert oubliable à souhait arrive en second pour calmer le jeu et faire plus mélodique.
wastemen
Ben pareil, ça passe tout seul. Et plus ça va plus j’aime cette chanson, je crois que c’est pareil pour Rem’ et Dim’. D’ailleurs elle fonctionnera très bien à chaque concert, à tel point qu’elle les ouvrira tous.
Une heure et quarante minutes plus tard (si-si !) on a joué à peu près tout ce qu’on pouvait. Ont été éclipsées : « Meet me at the Graveyard » qui passe pas du tout en acoustique, en tous cas on n’a pas trouvé la bonne formule encore, et « Girls » à mon grand regret. On a même droit à un vrai rappel pas prévu pour lequel on déballe un « Dog Eat Dog » qui permet à Rem’ de s’époumoner à qui mieux mieux, et à moi de me prendre pour Malcolm Young. Ce qui est largement aussi dur que de se prendre pour Angus Young. Et on finit en refaisant « Go Fuck Yourself ». Celle-là aussi a bien marché à tous les coups, et les gens chantent et scandent tant qu’ils peuvent à chaque début de couplet.
wastemen
On passe le chapeau, qui se remplit très bien, et on vend une bonne quinzaine de disques, super score pour les peut-être 50/60 personnes qui sont là. On papote avec tout le monde, on se détend en buvant quelques verres. Kim est arrivée en cours de show et a pris des photos qui s’annoncent cools. On me réclame des vinyles, je rêve. J’aurais dû en envoyer par la poste chez Rem’, j’ai merdé là. M’enfin on est vraiment ravi et on rentre chez Mark après avoir plié le matos, ce qui ne prend guère de temps au vu de notre set-up minimaliste. Minimalisme auquel je prends de plus en plus goût. En tous cas là, c'est clairement la bonne solution.
wastemen
La fin de soirée est un fou-rire intinterrompu avec Dim’ et Kim dans le salon de la maison. Entre la retombée de la pression, le fait de se savoir bien accueilli, d’être avec des gens charmants, et quelques artifices bien sentis, chacun se laisse aller, et tout semble magique, frais, léger. D’ailleurs je n’ai plus vraiment l’impression d’avoir un corps, mais un cerveau à la fois en ébullition complète et en lévitation mystique. On déballe plus d’âneries, de bons mots et d’images incroyables qu’il n’y a d’érables au Québec. Nos esprits sont intimement connectés. Un vrai festival de bonne humeur pure.
Je prends une douche en riant comme un benêt. Je me couche, et essaye de dormir entre deux crises de rifougne, qui me tombent dessus comme une foudre continue.
Tout est parfait.
PS : un grand merci à tout le staff du O'SOLEIL : monsieur-son dont j'ai oublié le nom, Cloé, Stéphanie etc ...

9 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 04

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Mardi 19 juillet (jour#04)
Petit déjeuner diététique et équilibré habituel (œufs, saucisse, bacon, pain de mie toasté, café) et direction la boite de location de voiture, pour récupérer notre Hyundai GSI qui va bien. Le temps de comprendre comment on ouvre les portes, le coffre, comment on démarre, et on décolle en direction du fameux LAC SAINT JEAN.
La route est calme, dégagée, ensoleillée. Dimitri est enthousiaste et prend plein de photos de la route. Je suis un peu plus blasé, ayant déjà habité ici plusieurs années. Et je sais que c’est pas la peine de s’arrêter pour prendre des photos : le paysage ne changera que très peu pendant notre voyage. Chez nous on a l’habitude de changer de décor en faisant deux ou trois heures de route (voire une). Là-bas tu peux rouler 3 heures et avoir l’impression d’avoir fait 100 mètres. Après 6 heures de route et une pause gastronomique (Mc Donald’s sur l’autoroute) nous arrivons à Dolbeau-Mistassini. On est tout ému et stressé avec Dimitri. Dans quelques instants on va voir le seul et unique Dusty Rem’ (certifié "Meilleure exportation du Québec en France depuis belle lurette"), dans « sa » maison avec ses parents, ses filles. Non franchement ça fait un truc.
On se gare, Rémi sort de la maison. Je me dis que ça doit être dur d’avoir sa famille si loin, de les voir une fois par an quand tout va bien. Mais cette idée me passe vite quand je vois son sourire. Il est aussi content que nous, c’est cool de se revoir, ici. On rentre. Il y a des tableaux partout sur les murs, c’est le truc qui me saute aux yeux tout de suite. Il sont l’œuvre de Thérèse, la maman de Rémi, comme je ne vais pas tarder à l‘apprendre. Sinon il y a évidemment des guitares de sorties. Deux nouvelles acquisitions de l’incorrigible Dusty Rem’ : une Dan Amstrong d’époque et une Gretsch des années 60 avec son joli Bigsby (voir les photos ici).
labatt
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Les présentations sont faites avec la famille. Tout paraît naturel et simple. On découvre rapidement que Thérèse et Rémi ADORENT s’ostiner (se chamailler) pour un oui ou pour non, sous l’œil amusé de Vincent, charmant monsieur plein d’esprit et d’à-propos.
Rémi, ravi dans son rocking-chair, a déjà une guitare dans les mains.
 « Mais ça s’peut-tu d’avoir toujours une guitare dans les mains d’même ?!?!? »
Oui Thérèse, ça se peut. Et si ce syndrome était catalogué comme une maladie, elle s’appellerait même La Villeneuvite. Je vous défie de rester quelque part avec Rémi sans qu’il nouille sur une guitare au bout de cinq minutes. Je le soupçonne d’aller aux toilettes avec une guitare quand il le peut.
labatt
Alors qu’on déballe nos affaires (ce qui est vite fait) je présente mon Dobro à Rémi, aussi stressé que si j’allais passer un oral du bac. Il le regarde sans broncher. Une goutte de sueur perle sur mon front. Il l’inspecte de l’œil du connaisseur, mon pouls s’accélère. Il s’assoit dans son rocking-chair et gratouille dessus. Le monde entier me paraît suspendu à ses lèvres, qui refusent de bouger. Je suis vapeur, j’ai des fourmis dans les jambes.
Le verdict tombe.
 « Elle est cool ! ».
Le Québec a vraiment des vertus incroyables.
Nous faisons une petite ballade au bord de la rivière Mistassini avec Remi, ses filles et « P’tit Remi ». C’était le spot d’ado de Dusty Rem’. On se marre à l’imaginer ramener des filles ici, avec son look métal-punk de l’époque.
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Le repas au barbecue qui suit est délicieux, et l’ambiance sereine. Nous nous couchons finalement assez tôt, dans la tente dressée dans le jardin.
Et finalement, on n’a pas du tout commencé à répéter notre formule « à-trois-sans-Mathias » qui est resté « faire des Big Mac pour la France » (je cite).
Alors que le premier concert arrive le lendemain.
Ça ne stresse personne.
Même pas moi.
Le Québec a vraiment des vertus incroyables.

8 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 03

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Lundi 18 juillet (jour#03).
Deux objectifs : trouver une guitare, trouver une voiture pour filer au Lac Saint-Jean rejoindre Dusty Rem’.
Pour la guitare, flemme et manque de temps pour chercher de l’occasion, on passe chez Archambault et je ressors avec un dobro Fender fabriqué en Chine.
Je vois déjà la tronche de Rem’ : FENDER et FABRIQUE EN CHINE. Oulalalalalalahhh … Je m'imagine déjà fouetté à grands coups de cordes (tirant 18-76) la tête dans un Super Lead chauffé à blanc par une Les Paul Junior, et autres sévices du même acabit.
Pardon Rem', j'ai pêché.
labatt
Pour la voiture, Dimitri n’a pas récupéré l’adresse de la boite de location et nous avons toutes les peines du monde à retrouver le contact. Ni lui ni moi n’avons d’ordinateur. J’ai même pas emmené mon téléphone (sinon c’est vraiment pas des vacances). Bienvenu en 1995. On arrive tant bien que mal à se faire aider par un employé de centre commercial, faute de mettre la main sur un cyber-café. La boite de location s’avère être à Chaille, pas loin de Péta-Ouchnok. Et avec la canicule moite qui pèse sur Montréal, ça s’annonce assez groovy. De fait on va mettre plus de deux heures pour arriver à bon port.
« Des voitures oui on en a, mais vous avez réservé ? »
Non.
Va falloir revenir le lendemain. On reprend le bus direction centre-ville pour aller au Parc Lafontaine, ayant appelé Annie (du réseau Flashfalcon Québec) d’une cabine téléphonique pour la retrouver là-bas. Il doit faire quelque chose comme 40 degrés Celsius, sans exagérer. On sue, on colle, on pue, tout va bien. On achète un 6-pack avant de se poser au Parc. Sur le chemin, on croise un mec qui se trimbale avec un perroquet sur chaque épaule. Visuellement c’est joli et cool, mais auditivement parlant c’est strident, très strident. Les deux magnifiques volatiles lui hurlent non-stop dans les esgourdes à 115 décibels (chacun).
Soit le mec est sourd, soit il est sourd.
Annie et son futur mari, membre des Moshines (le monde est petit) arrivent. On a à peine le temps de siroter un houblon malté en jouant du dobro qu’une pluie même pas rafraîchissante se met à tomber. On hésite à rester sous un des arbres du parc le temps que ça passe. Mais ça empire et mes origines campagnardesques me font dire qu’il n’est pas judicieux de rester sous un arbre par un tel orage; lequel se transforme en mousson. On se met finalement à courir vers le café le plus proche, spécialisé dans le cycliste, il faut de tout pour faire un monde. On ne distingue plus rien au dehors, un mur de pluie empêche de distingue quoi que ce soit à plus de un mètre. Impressionant. Après avoir siroté nos cafés en papotant rock’n’roll et projets au Québec, nous ressortons. Annie et son chum filent se reposer d’un week-end long et chargé, et nous repartons nous balader avec Dimitri.
labatt
En repassant par le parc, nous découvrons que l’arbre dont il était question ci-avant est joliment coupé en deux, avec un amas de grosse branches agonisant un peu partout autour. Pfiouuuuu ... On est peu de choses.
Nos déambulations nous ramènent à l’Esco pour le soir, puis à une courte nuit en commun dans une auberge de jeunesse.
Demain, les choses sérieuses commencent.

6 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 02

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Dimanche 17 juillet (jour#02)
Lever à 11h30, pas pire pour le décalage horaire, mais trop tard pour profiter du petit déjeuner de l’hôtel. Il reste juste un peu de café tiède, assez pour accompagner ma Player’s light sur la terrasse minimaliste de l’établissement. Je demande à un vieux attablé là si la fumée le dérange. Il me propose aussitôt une cigarette en souriant. Il a de faux airs de Bukowski et une chemise western qui confine au sublime, un relent d’after-shave accompagne chacun de ses gestes.
“-Travail ? Vacances ?
- Oh vacances, et j’en profite pour venir jouer un peu de musique.
- Oh Weyyy ?!?! 
(surenthousiaste) Hey c’est bien ça kesséktujoudon’ ?
- Oh on fait des trucs un peu folk-country là parce qu’on est juste en acoustique, des fois ça sonne un peu blues aussi, enfin on essaye quoi.
- Weyy c’est bon ça mon tchum et tu joues quel instrument ?
- Guitare.
- Weyyy gars connais-tu Kenny Rogers ? Oweyyyy ? Sais tu que j’lai vu jouer ? Oh c’était y a longtemps ! Hey boy dans l’temps ça avait d’l’allure ! Aimes-tu Roy Orbison ??!? Lui c’était mon préféré pour la voix ! Ah weyyy !!!
- AH j’adore sa voix moi aussi ! Mais vous, vous jouez d’un instrument ?
- Ah non des fois un peu de musique-à-bouche pou’l’fun mais je suis pas vraiment musicien hein !

Je lui montre mon minuscule harmonica “Lady” que j’ai autour du cou, et en joue un petit air pour lui montrer que c’est pas juste un bijou. Ni une ni deux il tape des mains en envoyant des “Weyyy Heyyy Heyyy!!”.
Un peu plus et le vieux me lancerait un set carré en pleine rue Saint Hubert un dimanche matin.
“-Hey c’est bon ce p’tit harmonica là ! Y Sonne en maudit ! Et sinon t’aimes-tu Johnny Cash ? Weyy ?!? Moi je sais jamais si c’est lui que je préfère ou Hank. Hank Williams le vieux hein pas Hank III !!! C’est pas pire Hank III mais en concert j’te dis moi ça vaut pas l’vieux ouais !
J’hallucine, old-timer a vu Hank Williams en concert …. Et il est donc allé voir Hank III …
Le soleil commence à taper très fort. L’heure du rendez-vous avec Dimitri au Parc Berri approche, je prends congé du pépé magique.
“-Enchanté monsieur, je m’appelle Sébastien Jose Dos-Santos.
- Osti’d’beau nom qu’tas là ! Moi c’est Généreux. Jacques Généreux.”

Je la sens bien cette journée.
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Petit déjeuner pépère avec Dimitri puis recherche infructueuse de guitare. On est dimanche. Il n’y a plus de pawn shops à Montreal. Et dans le seul magasin “tout-en-vrac-à-pas-cher” où j’en vois et en essaye, le prix est abusé vu leur état de décomposition avancé. Donc je prends rien. Makash, merde, ça attendra demain et c’est décidé, je prendrai un dobro. Sonne plus fort, cool pour jouer dans la rue.
On traîne sur Saint Laurent, avec un passage à la friperie-conceptuelle EVA-B. Foutraque complet, bordel génial, têtes de dinosaures en plastiques, casquettes de marin, surchemises de bûcheron, vieilles valises en cuir, badges kitch-posh-ketaines de 20 cm de large, montres, robes à frous-frous, jeans vintage, baskets d’occase; name it you got it. Avec dedans un espace de 20 m2 et 2 metres de haut pleine de fringues où tu dois aller dedans en enlevant tes chaussures. À l’arrière de la boutique, une décharge savamment négligée. Un endroit hautement conseillable, avec thé glacé fourni à l’entrée par de charmantes demoiselles.
labatt
Repartir marcher. Marcher à l’ombre. Pas trop vite. Trouver du frais. Commander un double Mojito dès que possible. Slurp.
WAOW.
Parc Mont-Royal. Pause fraîcheur à la piscine pour enfants équipée de brumisateurs géants.
WAOW.
Parc Mont-Royal. Prendre une photo sous la statue d’Athena. Oublier que je suis  censé jouer là mais que j’ai pas de guitare. Regarder tripper 80 pélos qui jouent du tam-tam-djembé-maracas-marimbas-flûte-tambourins-et-caetera en suant toute l’eau de leur corps, totalement en transe. Un peu plus loin, une trentaine de gars se mettent sur la courge avec de fausses épées médiévales inoffensives, se roulent dans la poussière en poussant des hurlements guerriers dans une ambiance bon enfant.
WAOW.
foufounes
Terrasses et disquaires rue Mont-Royal. Dégote le tee shirt « Metal Up Your Ass » de MetallicA. Manger une poutine-saucisses au Rapido pendant deux heures à cause d’une malencontreuse discussion sur l’importance ou pas du look dans la musique (sujet qui ne tient pas à cœur à Dimitri parce que ça lui tient à cœur sans lui tenir à cœur) et aller à l’Esco. Suzie Mc Love et Luc des Breastfeeders sont là, Pierre Bouchard (Psychoriders) aussi, c’est lui qui sert. On discute sur la terrasse, pas emballés par les 4 groupes de emo-punk-melo-roulettes qui s’escriment dedans. Shooters offerts. Ça papote ça papote.
Résultat on finit à 2h00 du matin à jouer au billard à la Brasserie Cherrier chère à Plume Latraverse.
Un couple anglophone sirote une bière sur la terrasse alors qu’on trippe nineties-à-mort sur un vieux Collective Soul qui joue sur CHOM FM. Le gars lorgne sur mon Dobro. Ça finit rapidement à jouer sur la terrasse, le gars sort une super chanson à lui qu'il pousse avec une méchante belle voix, je lui rends la monnaie avec une impro en sol ouvert et bottleneck. On se sépare ravi.

Dans mon lit tout me revient. 1994, 1995, 97, 98, Liette, Jean-Michel, Nathalie, Boris, les déménagements, Claude Louis-Seize, les nachos au St Sulpice, les black-mondays des Foufs, Vitalogy de Pearl Jam, L’hôtel du Lac-Des-Plages, Ben Harper au Café Campus, Oasis au Club Soda, les cours de Seymour à L’UDM, les mercredis d’impro au Belmont, Silver Pillaveur à Halloween, le ski-doo avec André dans l’nord, Tea Party au Metropolis, les nuits à la bilbiothèque de l’UQAM, Le rotweiller de Brigitte & Johan, le Aki-Sack dans les parcs, le cycle Tex Avery à la Cinémathèque, une nuit sous un abribus rue Saint Laurent, le canöé au lac de Brigitte, la rue Mentana, les 7 jours sans électricité à Montréal, les marches sans fin dans la neige, les cassettes compilées sur la radio, ma guitare achetée chez Music Mania …
foufounes

4 août 2011

QUEBEC 2011 / rapport / jour 01

JOSE & THE WASTEMEN en vadrouille au Québec / Juillet 2011.
Samedi 16 juillet (jour#1)
Assommé par la prise massive de divers médicaments avant et pendant le trajet en avion, je débarque à Montréal l’œil torve et l’haleine incertaine. Pour faire filer les médocs, je prenais du cognac. Ca fait cher en avion, très cher. Je ne vous le conseille pas. Sauf si comme moi c’est « ça ou je tue le chien/les hôtesses/les passagers/moi-même tout en avalant un siège et en chantant du Slayer à l’envers » tellement j’adoOOore l’avion.
Carte bleue en gueule de bois, démarche pâteuse, lunettes fumées, barbe en vrac, chapeau vissé sur la tète et sac Eastpack sur le dos, Canada me voilà, Québec serre les fesses.
Pas de problème aux douanes. Exploit.
On me laisse sortir de l’aéroport. Violent choc thermique. Il fait une chaleur à faire fondre un volcan. Après un trajet en autobus+ipod (j’écoute « Montreal » de moi-même la larme à mon no-noeil dans un trip purement égo-centro-nostalgico-pignolesque que j’assume au niveau du surmoi) je débarque au « Saint Sulpice », rue Saint Denis. L’endroit paraît encore plus grand que dans mes souvenirs, et la terrasse arrière aussi. Il est 13h30, pas un chat, mais les serveurs et le staff s’activent déjà. La chaleur est proprement insoutenable. C’est donc tout logiquement que je commande une « Labatt bleue », avec un hot-dog-deluxe- custom-double-XXL-all-dressed pour faire passer. Délicieux. J’en reprends même une Labatt pour la bonne bouche.  Le ton est donné.
labatt
Pardonne moi Cyril Lignac, regarde ailleurs Paul Bocuse, je ne sais plus ce que je fais.
En plein gorgée de bière fraiche, un quasi-orgasme se rajoute à mon extase : juste à côté de moi, une fontaine-pulvérisatrice se met à saupoudrer ses gouttelettes magiques sur la terrasse. Je reste figé de bonheur, tirant la langue tel un vieux toutou pour mieux sentir cette fraicheur surgie de nulle part. Je manque d’en tomber dans les pommes tellement c’est bon. Un des serveurs vient me demander si ça va .
« Si ça va ??!? Mets-en !!! »
On se marre. Le ton est donné.
Dimitri, ponctuel, débarque au St Sulpice après une virée infructueuse dans le « Vieux Montreal », un truc sorti d’un dépliant d’Office de Tourisme, moche, vide, sans vie, sans intérêt aucun. Je compatis avec lui et nous fêtons nos retrouvailles avec un pichet de « Boréale blonde » ; surement parce qu’il est proposé moins cher que celui de Labatt Bleue.
Résultat, il est 17h00 bien pesées quand on se décide à décoller pour aller acheter une guitare d’occasion et des percussions. Nous avons en effet un « concert » (disons prestation publique pour faire moins ronflant) à honorer le lendemain au Parc Mont-Royal. Ambiance moite pour échec cuisant : samedi à 17h00, les magasin de musique sont déjà fermés. Ne fermant que le dimanche et étant parfois ouverts très tard en fin de journée en semaine, ils allègent un peu le samedi. J’avais complètement oublié cette tradition montréalaises après 13 ans d’absence, évidemment.
En grand professionnels de la profession nous décidons de ne pas céder à la panique, et filons grignoter bio et sain. Si-si. Au « Commensal » rue Saint Denis. Lui il était déjà là (un peu plus haut) à l’époque et cette formule de légumes au poids me plait bien. Miam-miam puis sieste et danse contemporaine en plein parc Berri (qui s’appelle « Emilie Gamelin » en vrai parait-il), haut-lieu de rencontre estival des itinérants et des toxicomanes de tous poils.
berri
Imaginons un Galotta intéressant faire un spectacle dans un parc qui serait entre le Parc Mistral et un coin du Metro La Chapelle. Non pardon je délire. Je rêve. De fait, je pionce sévère, et Dimitri déguste tout seul le spectacle de Danse Cirque Contemporain Jazz Gay Interdisciplinaire, qui pour le peu que j’en voie à mon réveil, est effectivement réussi. Nous voilà prêts pour aller aux Foufounes Electriques. Trouver une guitare pour le lendemain, c’est pas ça qui va nous empêcher de dormir (ou pas).
En parlant de ça je me trouve une piaule bien pourave sur la route; Dimitri est déjà installé chez des copains vers Papineau, chez qui il n’y a plus de place. Au coin St Hubert/Ste Catherine, en plein foirestival des Musiques du Monde du Cirque Jazz Gay Contemporain avec Jean Paul Gaultier (ouais j’ai pas tout bien suivi), un duo de mecs de Halifax font un country-rockabilly-wannagain tout à l’énergie avec dobro et guitare sèche, à même le bitume. Le méchant «tone», la méchante conviction.
Les Foufounes Electriques (dites «Les Foufs» si vous ne voulez pas passer pour un gros naze) c’est un complexe de bars/boites/terrasse tout bonnement incroyable, en plein centre-ville. Bon après, c’est toujours mieux avant. Tu trouveras pas un montréalais pour pas te dire « ouais mais attends les foufs avant c’était mieux ». On me disait ça déjà en 94. Je veux bien hein les gars, surement. Et c’est vrai que là j’ai trouvé que c’était une population moins jeune qu’à l’époque. Mais dur de juger en plein mois de juillet. M’enfin bon, un truc aussi énorme, qui ferme à 4h0 du matin, où l’entrée est pas chère (quand elle est payante ….), où la bière est pas plus chère qu’à n’importe quel rade, et où tu peux jouer au billard en écoutant Nuclear Assault enchainé par Neil Young ou Voivod ; et où les gens qui sont là sont euh... des gens (genre des vrais gens hein, pas des mecs qui lisent Vice ou des touristes ou je ne sais quoi) aux looks trop cools (ou totalement bidons, mais ça se mélange bien) ehhhhh ….. « mieux avant » ou pas moi je m’en cogne. J’aimerais déjà imaginer la même chose à Paris, mais rêve mon gars, ça n’arrivera jamais.  Décomplexé, bruyant, amical. Et des jolies filles aussi. Que voulez vous de plus ?
foufounes
On finit la soirée à jouer au billard avec un gars un peu épais qui fait un blocage sur le trop plein de nègres (je cite) et de musulmans en France et dans Montréal-Nord. Si tu le lâches à Barbès il fait une syncôpe en 2 secondes et 13 dixièmes. Il est temps d’aller dormir et de rincer le cochon. Sur la route je m’achète une bouteille d’eau dégueulasse. Pourtant les mecs quoi, de l’eau, c’est pas dur, et vous en avez plein ….. Beiiiiin non une eau à coucher dehors, je sais plus la marque mais c’est une eau à, tenez vous bien « OSMOSE INVERSéE ». Une connerie marketing que même L’Oreal a pas inventé avant tout le monde. Ceci dit s’ils cherchent des trucs j’en ai plein. Pourquoi pas de l’eau :
« en biomasse ozonifiée » ? «à base de crypto ADN purofiltrant» ? « riche en protobase de métacellulate » ? voire même pour les techniciens du son « pro-activante au niveau des mediums clustés » ?
Reste donc que cette eau est dégueulasse, mais ne m’empêche pas d’apprécier ma douche (sale et sur le palier) et mon lit (douteux et sur un tapis douteux).