1 mars 2015

AC/DC : Rock, or bust ?

J'ai bien évidemment en ma possession le dernier AC/DC.
Je l'avais acheté en CD vu qu'il était épuisé en vinyle. Puis on me l'a offert en vinyle à Noël, tout va bien.
Donc, ce disque c'est plutôt Rock ou plutôt Bust ?

Commençons par la production.
Ca va ça sonne comme un vrai groupe, et comme AC/DC doit sonner. Je regrette juste la voix de Brian Johnson vraiment en retrait, d'autant plus dommage que le gaillard est plutôt en forme.
S'il n'a pas été servi par des paroles pour le moins convenues et vaguement bas du front (a priori c'est Angus qui a tout écrit, et on se demande si c'est vraiment une bonne idée :"Rock and roll thunder" c'est quelque chose qu'on imagine plutôt chanté par Kiss que par AC/DC). Il manque le côté malin tongue in cheek de l'époque Bon Scott, ou des meilleurs passages de Brian, ici aux abonnés absents pour les paroles. Rien d'étonnant puisque c'est le cas depuis Razor's edge en 1991. On va dire que Malcolm a un peu manqué.
Côté guitare justement pas d'inquiétude, ça sonne toujours, même sans le fabuleux Malcolm, dont on est malheureusement sûrs désormais qu'il ne réintégrera jamais le groupe. Aurait-il pu améliorer ces paroles souvent trop simplistes ? On ne le saura jamais, et disons-le tout de go : peu importe finalement, car on est rarement enclin à écouter AC/DC pour être transporté par les paroles.
Pour le reste de la production, les choeurs sont surement le côté le plus pénible. Si ça va bien sur "Rock or Bust" et  "Playball", ça dégénère direct sur "Miss adventure". Ce n'est pas que les Nananananana me gênent en soit (de plus, ils en ont déjà fait, époque BLow Up your video" ce qu'ont l'air d'oublier nombre de fans sur les forums, ou de journalistes dans leurs reviews). C'est juste que la production de ces choeurs est atroce, et que leurs arrangements ne font en rien décoller les chansons. Sur "Miss Adventure", je n'arrive jamais à aller plus loin que la progression après la reprise du riff en fin de chanson.

Les riffs parlons-en.
Il y en a plein, et des bons. Je pense que le titre "Rock or bust" est un bon exemple de riff typique de AC/DC : simplissime, mais efficacissime. C'est "seulement" dû au fait que ce groupe joue comme personne d'autre. Tu fais jouer le même riff par n'importe quel autre groupe, ça ne sonne pas. C'est vrai de 99% de leurs chansons. Eux seuls arrivent à faire aussi simple en faisant aussi efficace; ou l'inverse.



Le hic, dans cet album, c'est que le simple, ils s'en sont un peu trop contenté. Le simple de la grande époque (qui, soyons objectifs, s'arrête pile après "Back in Black", il y a bientôt 34 ans quand-même) était un simple travaillé, ciselé. Le riff ne devait pas juste être bon, il devait être ultime.
Là souvent, il est juste bon. Et le fait de bien le jouer comme eux seuls le font, ne suffit plus.
Au niveau des arrangements ça n'arrange justement rien. L'ami Phil Rudd n'a pas été très présent aux séances apparemment : il aurait loupé les 10 premiers jours sur les trois semaines de recording. Il a même pas prévenu, il s'est pointé quand il a voulu. Pépère. Et cela s'en ressent. Pour plus de la moitié des chansons, on sent qu'il se contente de faire les pistes démo/maquettes.
Ces pistes ou tu mets juste un "beat" de base pour créer la structure et chercher des bricoles à droite et à gauche. Là, il y a des chansons sans parfois le moindre changement ("Baptism by Fire" en est un exemple flagrant, ou "Sweet Candy"). Au mieux,  il met un coup de cymbale quand ça passe du couplet au refrain (ou inversement). Vous allez me dire, "mais AC/DC c'est toujours comme ça !".

Mais pas du tout, justement.

Si vous prenez le riff de "Back in Black" et que Phil ne fait pas l'accompagnement du petit pont après les MI/LA/Ré, la chanson perdait TOUTE son attaque. Et dans cet album, ça sent le bâclé chez Philou, qui a l'air plus intéressé par les femmes et la dope. On ne peut pas lui en vouloir au Phil, mais bon, copain, t'aurais pû faire un effort de trois semaines.
Tous les 6 ans c'est quand-même pas trop demander.
Passque là justement je suis sur la fin de "Baptism by Fire" et c'est sans fin justement, passque le rythme derrière, on n'en peut plus. Alors que tu vois Philou, quand tu fais comme dans les zeppelinien "Rock the house" : des pauses, des breaks, des respirations qui accompagnent les riffs et le déroulé de la chanson, bein voilà, là on tient un bon truc, ça vit. Dommage par contre ce refrain aussi plat par rapport au riff ... C'est d'ailleurs le cas de pas mal de chansons : "Emission Control" a un riff et une tourne de couplet qui casse tout (enfin moi j'adore) mais l'espèce de pont-refrain gavé de choeurs sans rapport est d'une lourdeur impressionnante qui casse pas mal l'ambiance; on se croirait englué dans les pires passages de "For those about to rock" ou de "Flick off the Switch".
Ah, en passant, les puristes : arrêtez de dire que "Flick off the switch" est un super album injustement descendu etc. Il est pas bon, c'est tout.
Sinon le groupe en jouerait des titres en live, CQFD. Il y a des bons titres hein, et la production est très bonne (ce qui est pas toujours le cas pour les Young vu le massacre commis sur Fly on the wall") mais en vrai c'est chiant. Je défie le meilleur fan de l'écouter en entier. Je veux dire, pas bourré. Moi aussi bourré je l'écoute en plein, mais c'est trop facile.

Au niveau laisser-aller, je sais pas si tu as été contagieux Phil, mais Angus s'est pas trop foulé non plus au final. Ah ça c'est sur, à la moindre note, au moindre bend, on sait que c'est lui. Ce mec fait sonner tout ce qu'il veut, il a tout dans les doigts. Mais là aussi mon Angussinou, dis-donc, tu t'es pas trop secoué la nouillette.. Il n'ya pas un seul solo dont je pourrais vous chanter la ligne alors que j'ai du écouter l'album 5 ou 6 fois par jour depuis sa sortie. A sa décharge, le grand frangin n'était pas là, et j'imagine comme ça dû être dur à vivre pour lui (juste moi, j'en ai chialé comme une madeleine alors bon, Angus j'ose pas imaginer).
Mais là mon p'tit lutin c'était peut-être l'occasion de sortir le grand jeu. Je ne dis pas que c'est naze. C'est juste bien. Nous on veut pas du bon de toi Angus, on veut de la tuerie. Les solos des titres cultes on peut tous les chanter/chantonner. Tous les solos de "Powerage" ou de "Let There Be Rock" ou de "Back in Black", on peut te les faire "à la bouche" : il y a  de la ligne mélodique, des progressions, ça raconte un histoire, c'est ultra bien ciselé.
Là, je retourve tous les trucs-et-astuces, tous les ingrédients, mais à la fin j'ai jamais un plat "solo qui tue" à mon menu. J'ai juste de bon solos, genre "ouais okay bon elle est pas mal on la garde". Erreur, on veut de la tuerie, Angus. T'es là  pour nous tuer. Si je ressors "Riff Raff" et que j'écoute le solo je crois que je vais pleurer. Mais c'est même pas question de rapidité, ou de virtuosité hein. C'est une histoire de faire un truc qui t'accroche direct, et qui ensuite te reste en tête à vie après la premier écoute. Le solo de "Night Prowler" par exemple.
Bon après, je ne vais pas descendre l'album parce que, contrairement à beaucoup de critiques ou de fans, j'ai juste pas oublié que un bon album (le truc que tu poses des deux cotés sans l'arrêter et sans trouver un seul morceau chiant) il n'y en pas eu depuis Back In Black (inclus évidemment).
Depuis lors on se contente juste d'albums avec toujours un bon single (quand-même) et une ou deux bonnes chansons à côté mais rien de fou sur l'ensemble (à l'exception de "Fly on the wall" où pour le coup il n'y a aucun titre à garder; bon, même si il y en avait eu un, la production m'empêcherait toujours de l'écouter). Donc ne faisons pas les étonnés : ça fait plus de 30 ans que c'est comme ça.
Sur 40. Donc y a pas forcément à être surpris.
Ca a surtout servi à faire des tournées pour, Dieu merci, continuer à répandre la bonne parole. Ce qui va s'avérer plus difficile  ce coup ci vu que il n'y aura ni Malcolm ni Phil. Ca fait beaucoup (ou peu, comme vous voulez).

Ce disque n'est pas ni pire ni meilleur qu'un autre depuis "Blow up your video" (qui pour le coup mériterait d'être remixé ou remasterisé un de ces 4). Et même quand un titre n'est pas exceptionnel, ça sonne comme AC/DC, et ça il n'y a qu'eux qui peuvent le faire.
Ca rassure, c'est comme le soleil tous les matins. "Ah okay il est sorti. Bon il est pas forcément super beau ce matin mais, bon, il est là, c'est cool.". Peut être qu'inconsciemment ça nous suffit. Ca laisse pourtant à chaque fois un goût de regret. Quand vont-ils enfin rencontrer un producteur qui les mette un peu en danger, qui les secoue, qui les mette dans une situation où ils nous sortent des trucs incroyables ? Je ne sais pas moi, enfermez Angus et Brian avec juste un dobro et une guitare sèche dans une bicoque en bois, enregistrez le blues brut qui sort. J'ai découvert il y a peu leur passage sur Fun Radio en 96 (je n'étais pas en France). Leur version totalement à l'arrache de "Boom Boom" et tout ce qu'ils ont joué en improvisant dans cette cabine est deux fois plus cool et prometteur qu'aucun des albums sortis depuis lors. Je ne sais pas moi, un producteur qui décrète qu'il faut au moins deux titres qui aillent super vite, un titre où il y a du vrai son clair de blues à la "Ride On", un autre avec un groove cool à la "Gone Shootin'". Titres d'ailleurs introuvables sur youtube : quand ils sont uploadés, ils sont tout de suite mis en "infraction aux droits d'auteurs", alors que les titres de tous les albums de Brian Johnson sont trouvables tout aussi "illégalement". On a la désagréable impression que le management d'AC/DC et leur maison de disques n'ont plus envie de faire exister Bon Scott et la période 75-80 aux yeux du grand public.
 Je vais bientôt faire une étude comparative (avec tableur excel .xls et tout, si si promis) sur les tempo des chansons dans chaque album, puis d'album à album depuis les débuts. je pense que ce sera instructif, même si mon autisme présumé risque de devenir avéré.
Bon, sur ce, je retourne quand même écouter "Rock or bust".

Ah j'ai pas parlé des clips, tant pis. Ils n'ont jamais été bons en clips, ça allait pas commencer maintenant, surtout en reprenant Mallet à la réalisation, qui avait déjà fait assez de catastrophes comme ça avec eux (à part "Thunderstruck", on peut lui accorder ça).
Et ce que pourra donner la tournée, sans Malcolm et avec Chris Slade aux baguettes, on verra bien. Enfin moi je ne verrai pas, car j'ai trop peur d'être déçu, je ne comprends toujours pas qu'on puisse faire des concerts au Stade De France, et je préfère rester sur mes 5 bons souvenirs  de concerts avec eux (dont quatre exceptionnels, le cinquième étant ... Le Stade De france 2010).

Si vous voulez mon avis (tant qu'à faire) le truc vraiment indispensable à voir et à avoir si vous êtes es fans d'AC/DC, c'est le livre "AC/DC : Tours de France" dont j'essayerai de faire une brève chronique un de ces jours. C'est impressionnant, passionnant, vivant.
Achetez-le.

1 commentaire:

  1. ça fait chier mais je crois que ta chronique est plutôt juste.
    je comprends pas que tu veuilles par retourner les voir par contre.
    Stef

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