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23 août 2015

Les portes claquent (The Doors)


john densmore the doors les portes claquent


Note : si vous voulez aller directement au passage concernant le livre de John Densmore, rendez-vous au paragraphe intitulé "Bref tout ça pour dire que".


Détester les Doors

est devenu un sport auquel se livrent beaucoup d'amateurs (souvent pourtant éclairés) de musique. Sans parler des pratiquants : musiciens, promoteurs, programmateurs, journalistes etc.
Les arguments font florès :

 • "C'est trop un groupe de hippies"

Okay, bon quand ça commence comme ça, ça ne finit jamais très bien. La haine du hippie (que les détestateurs ont le plus grand mal à définir hormis quelques "c'est les mecs qui se lavent pas") fera l'objet d'un prochain article, dont l'essentiel du développement consistera à démontrer que les valeurs dont se réclament la majorité des anti-hippies (sociale, économiques, politiques etc.), et les résultats qui en ont découlé (concerts, culture, réseaux, événements divers etc.) ont été fondés/popularisés, développées par les hippies eux-même. En attendant, répondons leur juste gentiment que comme argument massue, ça se pose un peu là.

 • "C'est trop le groupe de l'ado qui fume son premier joint"

A une certain époque, ça a sûrement été vrai. Je doute qu'en France en 2015, beaucoup d'ados kiffent leur(s) premier(s) joint(s) avachis à cinq dans un canapé en écoutant "Riders of the storm". Je dirais que ça se passe plus sur un truc de Maître Gims à l'arrière d'une Renault Zoe tunéee.
Mais qui sait, aussi bien je me trompe. Et que cela fut vrai à une époque, je ne vois pas en quoi ça change quelque chose à la qualité intrinsèque du groupe et de sa musique. Accessoirement, pendant longtemps dans l'histoire da la musique pop-rock, la consommation de substances illicites a fait partie intégrante (autant du côté des musiciens que du public) du processus d'appartenance de cette musique. Sans parler du jazz ou du blues. Ou de la hard-tech. Etc.etc.
Les remontrances anti-drogues des puristes du rock m'ont toujours fait marrer. Tous les grands albums qui sont rentrés dans l'histoire depuis bientôt 60 ans ont été faits par des mecs chargés comme des mulets. Like it or not, c'est la réalité. Et notez que ce n'est pas une incitation à en faire autant, c'est juste un fait (auquel vous pourrez toujours m'opposer des exceptions que j'accepterai volontiers).
Et puis de fait, comme argument massue, ça se pose encore un peu là.

 • "Le film d'Oliver Stone est trop nul"

1 : Quel rapport ?
2 : Ah bon ? Je ne suis pas un grand cinéphile, mais je sais que j'ai vu bien pire, comme film. De toute façon, les tenants de cet argument n'aiment en général pas le film... parce qu'ils n'aiment pas les Doors : l'argumentation peut donc tourner en rond pendant longtemps.

 • "Le plan "poète-chanteur" de Jim Morrisson, merci bien quoi..."

Venant de personnes qui la plupart du temps n'entravent pas un mot d'anglais, ça prête à sourire. A part ça, je suis au regret de vous annoncer officiellement qu'en ce qui me concerne, je trouve les paroles fort gouleyantes, et qu'elles ne me choquent pas plus que ça sur un plan littéraire (même si la littérature et la poésie anglaises ne sont pas vraiment ma spécialité). Alors bon, mon argument reste totalement subjectif, et quelque part, heureusement. Je dirai juste que les gens qui en général te disent que "les paroles on s'en fout" dans le rock, trouveront que pour le coup, là, on s'en fout pas, c'est trop nul. Et ne verront rien à redire à d'autres paroles de groupes célèbres qui frisent parfois le ridicule absolu (ce qui la plupart du temps ne me dérange absolument pas, notez le bien).
Si c'est le côté "il fait des phrases qui veulent rien dire", je vous renvoie à Robert Plant dans "Dancing Days" :
"I told your mamma I'd get you home but I didn't tell her I had no car; I saw a lion he was standing alone with a tadpole in a jar".
Soit : "j'ai dit à ta mère que je te ramenais à la maison mais je ne lui ai pas dit que j'avais pas de voiture, j'ai vu un lion qui se tenait seul avec têtard dans un bocal."
Vous avez deux heures.

 • "Tel autre groupe des mêmes années est 40 fois mieux dans le même style".

Argument envoyé en général par les ayatollahs de la compilation Nuggets, qui font eux-même partie de la grande secte des adorateurs des groupes seulement obscurs. Ce fameux argument qui revient toujours dans ton groupe de potes : un groupe connu est forcément nul (dont le pendant est souvent : un groupe obscur est forcément génial). Alors oui Spirit aurait largement mérité de devenir aussi populaire que les Doors et de passer mieux que ça a la postérité. Ca n'a pas été le cas. Attention : Spirit a eu du succès hein, c'est juste qu'ils ont disparu pour cause de catalogue mal géré et de journalistes ignares. Mais je ne vois pas trop en quoi c'est la faute des Doors.
Tiens pour le coup on va se faire une pause avec Spirit :




 • "Un groupe de rock avec un piano/clavier c'est interdit."

Ah. Mais quand on veut jouer au puriste il vaut mieux maîtriser ses cartes. Si on remonte aux origines les plus connues et populaires on va donc juste citer Elvis Presley et "Jailhouse Rock", Chuck Berry et Johnny B.Goode (afin de pas trop se perdre en circonvolutions de références).
Allez-y, écoutez.
Ah tiens, y'a du piano partout.
Et c'est d'ailleurs pour ça que les rocks des années 50 sont en do/sol/fa et non pas en la/mi/si (suites typiquement guitaristiques ultra-chiantes à transposer au piano). La notion d'interdit en art, c'est assez intéressant aussi. Ce qu'il faudrait, ce n'est pas tuer le rock, c'est tuer le mot et les mythes qui vont avec. Je veux dire : toutes les sortes de mythes que chaque "école" se construit et auxquels elle croit dur comme fer, parfois contre toute évidence factuelle. Les Doors ne se voyaient de toute façon pas comme un groupe de rock. Et encore un fois, quel rapport entre les Beatles, Devo, AC/DC, Can, Aerosmith, King Crimson, The Cure, Slayer ?
Tant qu'on ne tuera pas ce mot "rock", on sera pris au piège.

 • "Jim Morrison et son futal en cuir, au secours."

On doit vraiment répondre à ce genre d'arguments ?

 • "Supplément 4 fromages"

Là je me suis dit que j'allais vous partager cette vidéo quand-même. La haine des Doors se répand aussi, bizarrement, chez les plus jeunes. Mais alors là c'est d'autant plus pathétique que le jeune en question fout du Skrillex en musique sur sa vidéo alors que bon, Skrillex a bien "une coupe de pédé" (tel que défini dans cette vidéo hein, je n'ai aucun problème avec les homosexuels ni leurs coupes de cheveux) et que Skrillex a fait une chanson... avec du John Desnmore dedans !
Notons enfin que le jeune aujourd'hui, il trouve apparemment que la dope c'est mal. Pourtant quand je suis allé dans des soirées de jeunes qui écoutaient du Skrillex (et assimilés), j'ai jamais vu autant de dope de ma vie. Il trouve aussi que se rebeller contre l'autorité, c'est mal. Bon.
Quand le disco était partout, on peut comprendre qu'il y ait eu un mouvement "disco sucks"  en 78 devant l'ampleur du battage médiatique et de l'overdose qui sévissait partout. Là, on peut se demander quel raison/événement peut pousser un mec à faire ce montage. Les rues ne me paraissent pas envahies de fans des Doors, ni leur musique passer sans cesse à la radio. Non ?




Bref tout ça pour dire que

J'ai lu le bouquin "The Doors, les portes claquent" (Le mot et le reste, 2014), écrit par John Densmore, le batteur des Doors.
Je ne savais pas du tout de quoi ça parlait, j'ai pris ça au pif pour les vacances. Enfin, je pensais qu'il s'agissait d'une bio du mec, et en même temps des Doors. Un truc basique mais dont tu peux toujours retirer plein d'infos, d'anecdotes pour briller en soirée etc.
Et bien pas du tout. Certes il y a quelques anecdotes d'époque, quelques infos artistiques etc. mais très, très peu.
L'essentiel du livre est basé sur le procès qui a opposé Densmore et la doublette "Ray Manzarek (claviers) + Robby Krieger (guitares)" pendant 6 ans, de 2003 à 2009.
Les trois survivants se sont en effet vus proposer la rondelette somme de 15 millions de dollars (rien que ça) par la marque Cadillac, pour voir un titre des Doors illustrer une de leur publicité.
Et Densmore n'était pas d'accord. Ce qui a rendu les deux autres complètement enragés, et principalement Manzarek.

Pour couronner le tout, Densmore a attaqué la doublette pour la reformation (sans Jim Morrison ni lui-même) des Doors sous le nom "THE DOORS of the twentieth century".
Une formation avec Ian Astbury de The Cult au chant, qui fera vraiment tout pour singer Jim Morrison dans des concerts sans magie qui se feront régulièrement démonter par la critique.
Et à la batterie, au départ Stewart Copeland de The Police, à qui la doublette n'avait pas tout dit (sur l'utilisation du nom, la façon dont la promo serait faite etc.). Il pensait participer à une réunion qui stipulerait clairement les données du problème. Il a rapidement mis fin à l'aventure, et ses interventions au tribunal font aussi chaud au coeur que son jeu de batterie est impressionnant (vous pouvez ne pas aimer The Police, surtout à partir du troisième album, mais si vous me dites que Stewart Copeland n'est pas un batteur génial, vous êtes soit sourd, soit de mauvaise foi).
Un "The Doors" nouvelle mouture qui reprenait aussi le logo original, écrivait le nom THE DOORS en immense, et "of the twentieth century" en minuscule, et utilisait des visuels promotionnels faits avec la tronche de Jim Morrison.  Genre "ça va passer comme une lettre à la poste".
C'était sans compter sur l'acharnement de Densmore.

Un acharnement à quoi ?
1 : A faire respecter les volontés de Jim Morrison.
2 : A faire respcter les clauses du contrat des Doors enre eux, et avec tout mandataire en charge des droits d'édition (et donc de la "synchro" pour la publicité).


Le deal de départ

Le deal de départ entre les Doors a été proposé par Morrison lui-même. A l'inverse des grands groupes de l'époque (citons les Beatles et les Rolling Stones qui devraient parler à tout le monde).
Morrison a proposé que :
1- l'ensemble des droits générés par ce qui a trait aux Doors (chansons, concerts, merchandising, droits dérivés etc.) ne soit pas divisé au prorata des auteurs/compositeurs, mais tout bonnement en 4.
Chez les Doors, pas de crédit "Lennon/McCartney" ou "Jagger/Richards". Même si un des gars du groupe n'avait rien composé sur une chanson, il touchait un quart du revenu qu'elle générait. Une prise de position rare, qui aura permis aux trois autres membres du groupe d'être à l'abri du besoin pour (au moins) une centaine de générations à venir.
2 - toute décision relative à la carrière des Doors ne pouvait être prise qu'à l'unanimité des membres. C'est écrit noir sur blanc dans un contrat ficelé aux petits oignons.

Et c'est argumenté sur toutes les bios des Doors (dont celles de Manzarek et de Krieger).
Dans les notes des rééditions, dans les interviews pour la TV, à chaque fois, Manzarek s'en vantait : "on a été le premier groupe vraiment démocratique : les décisions ne pouvaient être prises qu'à l'unanimité, et on se reversait tout en 4 quoi qu'il en soit". Quasiment un mantra dont il nous rebattait les oreilles depuis le décès de Morrison.


Oui mais...

Pour cette publicité Cadillac et la "reformation" (calamiteuse qui plus est) Manzarek et Krieger ont décidé de s'asseoir sur le deal. Ce même deal qui leur a permis d'être riche à millions (jusqu'à leurs arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petits-enfants).
Manzarek voudrait sniffer 40 kg de poudre par jour, vivre à Versailles, acheter des yachts comme on achète un baguette à la boulangerie, il pourrait. Mais non, il voulait 15/3 = 5 millions de plus. Et reformer les Doors sans le batteur d'origine et sans le chanteur d'origine.
Son argument ?
"En fait cette histoire d'unanimité c'était surtout un truc de façade pour donner une image sympa/soudée du groupe, c'était du marketing, et en plus j'étais bourré ou sous acide, je me rappelle plus trop."
Oui mais enfin Monsieur Manzarek il y a un contrat qui le stipule noir sur blanc, avec votre signature dessus !
"Euh oui mais c'était il y a longtemps, j'avais pas bien lu, et puis bon hein ça va quoi on va pas en faire tout un plat !".

Le sang de Densmore n'a donc fait qu'un tour.
Non, en fait il a fait deux. Car non contents d'essayer de tordre le sens du contrat et de faire la tambouille financière comme bon leur semblait sans tenir compte de son avis (ni de celui de la famille Morrison), la doublette lui a réclamé 40 millions de dollars en dommage et intérêts. Rien que ça. Soit 20 millions chacun pour Krieger et Manzarek, donc 4 fois la recette envisagée pour la pub Cadillac. Et de quoi mettre Densmore sinon sur la paille, au moins dans la grosse merde.
Pour ce faire, rien n'a été épargné à celui qui se veut le gardien de l'esprit originel du groupe, avec ses principes un peu baba-cools qui veulent que : non, on ne vendra pas nos fesses pour une publicité, on fait de l'art, et on va respecter la parole qu'on s'est donnée, les contrats qu'on a signé entre nous, et la mémoire de notre ami chanteur à qui l'on doit beaucoup.
Un connard d'idéaliste, quoi (en plus il joue du free-jazz/world music, porte des colliers, se fait une couette, et participe à des projets avec des mecs aussi louches que Skrillex).

john densmore 1971 2013


Pas joli-joli

Non ce n'est jamais joli-joli quand d'anciens frères d'armes se lancent dans des procès, qui plus est pour de l'argent, et qu'aucun d'eux n'en a besoin. Après, vous me direz, c'est la vie, ça arrive etc.
Ca peut rester courtois et correct. On peut ne pas être d'accord, et les sommes relatives à la brouille peuvent faire que, bon, on est obligé de passer par la case tribunal. Ca peut permettre, après tout, d'avoir une décision "neutre" qui fera que les membres originels ne seront pas fâchés entre eux, mais par avocats interposés.
Ce qui fait mal dans ce livre, ce n'est pas tant que la doublette ait voulu changer d'avis sans rien demander à personne etc. Justement, ça, ça se règle au tribunal.

Non ce qui fait vraiment mal, c'est la stratégie et les arguments développés par les avocats de la doublette.
Si le premier argument contre Densmore pouvait se révéler acceptable (ou en tout cas discutable), le second l'était beaucoup moins.
Le premier argument était que, grosso modo, pour continuer à faire vivre le catalogue des Doors et faire perpétuer le nom,  il était plus qu'envisageable de procéder à une reformation et faire diffuser les titres des Doors le plus possible, notamment par le biais d'un habillage publicitaire. Effectivement, trop de groupes passent aux oubliettes de l'histoire pour cause de catalogue non géré ou trop protégé. Si un groupe (en tant qu'entité faisant partie de la culture populaire) loupe une génération, il y a de grandes chances qu'il finisse par s'éteindre à petit feu assez rapidement. Certains groupes pensent que le fait de caler sa musique sur une publicité leur permettra de continuer à exister, et de faire vivre le catalogue, ainsi que l'image et la notoriété du groupe. Pour la doublette, le refus de Densmore s'apparente à un refus de faire vivre le catalogue, qui est aussi une obligation contractuelle "non dite" de leur contrat d'intérêt(s).
Mais comme c'est contraire à des contrats signés antérieurement, et défendus pendant plusieurs décennies par les trois survivants, formellement, ça a du mal à passer.

Ce premier argument plaide aussi en faveur de la reformation : continuer à jouer c'est continuer à faire exister le groupe. Certains fans sont même d'accord (cf. les commentaires sur ce lien d'un article sur ce même livre dans Rolling Stone ou encore sur cette page de fans des Doors). Tout tient après dans la définition du "groupe" quand son leader incontesté est mort, et qu'on met sur la touche le batteur d'origine. Or manque de bol, la définition du groupe est explicitée dans le fameux contrat originel des Doors. Et manque de bol encore, Densmore n'a jamais été contre le principe de reformations (dont il fasse partie ou pas) aux seules conditions que :
- le logo original ne soit pas repris
- le nom ne puisse pas être confondu avec celui des Doors. Or quand "The Doors of the Twentieth century" est écrit (affiches, publicité et tous supports promotionnels) avec "THE DOORS" en immense et "of the twentieth century" à la taille d'un timbre poste, bon...
- on ne se serve pas de l'image de Morrison. Or paf ! Et que je te vends des places en mettant des photos de Jim Morrison, et que je ne signale pas (ou mal) qui jouera effectivement, qui est membre d'origine du groupe etc. Vous rigolez, mais il y a peut-être des gens qui ne savent pas qu'il est mort !





Un (parmi des milliers) des éléments promo qui ont fait débat. On note que les logos Rock&Folk & RFM ne laissaient rien présager de bon de toute façon.

Quoi qu'il en soit on peut toujours en discuter, et le tribunal tranchera. Mais pour la doublette, c'était quand même mal parti.

Alors quand on est à court d'arguments, on sort les vacheries. Et je reste poli.
Il se trouve que Densmore est vraiment un mec qui est resté fidèle à ses idéaux beatniks-hippies, appelez ça comme vous voulez. Il défend les droits des minorités, il mange bio et végétarien, il est contre la déforestation, il veut promouvoir l'éducation pour tous, il soutient les disquaires indés, bref : la totale de ce qui faisait les combats de sa jeunesse et de sa génération.
Des combats partagés par Manzarek et Krieger à l'époque, qui se battaient contre "le système", "le pouvoir", "l'autorité" et pouf faire court, "tous ces vieux cons qui ont des valeurs dont on n'a rien à foutre".
Des combats qui vous faisaient alors passer systématiquement pour des "communistes" aux USA; soit l'équivalent de l'appartenance à Daesh aujourd'hui.

Eh bien voilà, à court d'arguments, les anciens camarades de combat vont se laisser aller à toutes les bassesses : Densmore, de par ses combats toujours actuels et son accointance (souvent très lointaine) avec des associations "de gauche" (de gauche aux USA hein, pas de panique, du soft quoi) va être présenté aux membres du jury comme un "communiste", et tant qu'à faire, un terroriste.
Rien que ça. Pas de preuve, bien sûr. On signale juste que, un jour, il a participé à une manifestation d'un groupe opposé à la déforestation d'une zone naturelle protégée. Il se trouve que certaines personnes présentes dans la manifestation étaient des "gauchistes purs et durs" (au sens américain). Et que ces personnes, dans une autre manifestation portant sur tout autre chose (et où Densmore n'était même pas présent) s'étaient laissé aller à des dégradations de bien publics.
Densmore est donc un terroriste.
L'avocat de la doublette ira même jusqu'à lui demander s'il est bien contre les attentats du 11 septembre, sous-entendant qu'il ne l'est pas. Pourquoi ? Parce qu'après les événements du 9/11 il avait appelé Manzarek, abordé le sujet, et Densmore lui avait dit que ces attentats étaient aussi "en quelque sorte" aussi liés à la politique américaine des Bush senior et junior dans les pays arabes du Golfe depuis plus d'une décennie.
Tremblez membre du jury ! John Densmore ici présent est le bras droit masqué de Ben Laden. Et un anti-américain primaire.
Densmore accuse le coup, ses deux compagnons des Doors ne mouftent pas, sachant très bien que lancer ce genre de suspicions et de rumeurs peut être d'un effet dévastateur, d'autant plus que les media s'emparent, bien évidemment, de l'histoire et de la rumeur. On imagine aisément comment le rédacteur en chef de Fox News a carrément dû se faire une faciale en jubilant à l'idée du buzz politico-people qu'il y avait à tirer de cette "affaire".

Joli-joli, quoi.

This is the end

La doublette a finalement perdu, dans les grandes largeurs, mais au prix d'un procès fleuve (et fort coûteux). En ayant toutefois pris soin de faire un maximum de concerts sous le nom de "THE DOORS of the twentieth century". Leur permettant d'amasser un impressionnant paquet de blé avec un chanteur-clône.
De toutes façons la vie a repris ses droits, la mort aussi : Manzarek s'en est allé en 2013, laissant Densmore et Krieger dans la tristesse. Tout avait déjà été pardonné dès l'annonce de la maladie du claviériste. Densmore avait même suggéré une réunion, et rappelé encore une fois tout le bien qu'il pensait, malgré tout, de son ami.

Si le sujet vous parle, et si vous voulez en savoir plus, vous pouvez y aller, le livre est bien écrit, et vraiment passionnant, que vous aimiez les Doors ou pas !
Vous pouvez aussi aller lire un interview de Densmore par L'Express lors de la sortie du livre.




28 juin 2015

Bande d'arrêt d'urgence pour déambulateurs


photo : Robert Ellis.

En mars 2009 je commençais un article sur le passage d'AC/DC à Bercy comme ceci :
"Je m'étais demandé jusqu'au jour même si j'allais y aller.
Peur d'être déçu, de casser le mythe. Surtout que je dois quasiment tout à AC/DC."

Finalement j'y étais allé et en étais revenu heureux, quoique quasiment sourd.
Cette fois-ci non j'ai passé mon tour pour les deux passages au Stade De France. Pas de Malcolm, ça me paraissait impensable. Et pas de Phil Rudd non plus, ça faisait vraiment trop.
Toutes les vidéos de la tournée en cours ont fini de me dissuader. 

Le débat "Chris Slade".

Depuis le premier concert, Chris Slade fait plutôt bien son job, mais le problème c'est qu'il ne joue pas AC/DC comme il le faudrait. Notez bien qu'un de mes albums préférés est "Solar Fire" de Manfredd Mann's Eath Band : c'est Chris Slade à la batterie, et son jeu est merveilleux.


Notez aussi que je l'ai vu officier deux fois (Bercy 91 et Monsters of Rock 1991) et que ça dépotait. Même si déjà je ne trouvais plus le "vrai" groove AC/DC. Malcolm (le chef) a d'ailleurs vite rectifié le tir en faisant revenir Phil Rudd sur "Ballbreaker". Seuls les gens qui ont vraiment du plomb dans les oreilles peuvent dire que ça sonne mieux avec Chris Slade. "Razor's Edge" est un album sympa sans plus, avec un gros tube, mais il n'y rien de ce qui fait le groove originel d'AC/DC. C'est aussi pour cela (même si "pas seulement") que "Fly on the Wall" et "Blow up your Video" sonnent si mal : il n'y a pas de groove. Or AC/DC c'est du groove. Ce n'est pas du tout l'image que se fait tout le monde d'un "truc qui va tout droit PAM PAM BOUM".
Pas du tout. Ça c'est Airbourne et c'est pour ça que Airbourne, c'est chiant.
Sur le forum de highwaytoacdc (un lieu très intéressant à plusieurs titres) il y a des débats sans fin sur qui est le meilleur : Phil ou Chris ?
Notez déjà que certains pensent que le meilleur était Simon Wright : où va se nicher la mauvaise foi ?
Mais donc dans ces débats parfois houleux, personne n'a l'air de comprendre qu'il n s'agit pas de savoir qui est le "meilleur" puisque ça ne veut rien dire. surtout vu la "non difficulté THEORIQUE" des parties à jouer. Et même SURTOUT à cause de cela : oui il n'y a rien de dur à passer techniquement dans AC/DC. Mais justement, il faut avoir PILE le bon groove pour que ça sonne. Et c'est pour ça que vous n'avez JAMAIS entendu une seule bonne reprise d'AC/DC : aucune d'elles n'a le moindre groove. Phil Rudd était le mec qu'il fallait à AC/DC. Chris Slade n'est pas mauvais, loin de là, c'est juste que son jeu ne colle pas au style du groupe. Et en plus on enlève Malcolm qui était pour ainsi dire autant "batteur en second" que guitariste rythmique, alors rien ne va plus. Un groupe c'est un groupe. Si on peut remplacer quelqu'un juste parce que "le mec est bon" ça se saurait...
A cela est souvent opposé l'argument massue : si ça ne collait pas, pourquoi ils l'auraient pris ?
Bonne question. Mais dont la réponse tient dans la "philosophie" et le "sens du management" du groupe depuis ses débuts, à savoir : naviguer à vue.

La Nawak Strategy.

Et oui, on a beau adorer AC/DC force est de constater que nombre de décisions prises par/pour le groupe relèvent souvent du grand n'importe quoi.
Dès la mort de Bon Scott, c'est la gabegie la plus totale.
AC/DC est quasiment le plus grand groupe de la planète (et va le devenir en tous cas), il a tout son temps pour trouver un nouveau chanteur, décédé le 19 janvier 1980. Le temps de se remettre de leurs émotions (assez rapidement malgré tout) le groupe commence les auditions, dans le lot, Brian Johnson auditionne fin mars. Le 8 avril parait le communiqué de presse annonçant Brian comme le nouveau chanteur officiel d'AC/DC, après avoir fait une "jam session" ne comprenant qu'un seul titre d'AC/DC. Ceci de l'aveu de Brian Johnson himself.
Le groupe réalisera donc surement un peu tard que sorti du studio, Brian (que j'adore hein attention)
à toutes les peines du monde à chanter les chansons du groupe. Non seulement celles de Bon Scott, mais plus problématiques : les siennes aussi. Les trois quarts du temps, sur les chansons en mi (moitié du répertoire) il n'atteint jamais la note. Sur les chansons en La (le reste) : c'est pire, il ne chope aucun des aigus. Ne me faites pas de faux procès d'intention : j'ai écouté TOUS les pirates de Brian Johnson disponibles sur le marché depuis 1986.
Et le pire c'est que le groupe ne fait rien pour corriger le problème : le truc tout bête, adopté par nombre de groupes à travers les âges consistant à jouer tout un demi-ton en dessous : ça ne change absolument rien mais soulage le chanteur.
Makash : les gars ont fait s'époumoner Brian pendant trois décennies. Des fois franchement, on avait peur qu'il crêve là sur place à essayer de choper cette putain de note je vais l'avoir attends ARRHHHHHHH-JE-VAIS-L'AVVOIIIIIIIIIIIIR  GNGNGNGNGNGNGRHHHHHHHHHH -AAAARHHHHHHHHHHH --- et non merde je l'ai encore foirée.
C'est pas parce que AC/DC a choisi Brian que c'était le meilleur choix, c'était juste le leur.
Bon évidemment j'exagère (vous aviez remarqué ?) et sans Brian, pas de "Back in Black" : ça aurait été dommage.

Pour parler batteur encore une fois : quand et comment et avec quel grammage d'alcool Malcolm a-t-il pu prendre un des batteurs les moins groovy de tous les temps pour remplacer Phil Rudd ?
C'est pour moi le plus grand mystère de AC/DC. Je mets ça sur le fait que Malcolm était déjà trop imbibé souvent. Mais même quoi, putain, Mal' !
Simon Wright ! La blague !
C'est comme si Jimi Hendrix avait embauché un mec de Level42 à la batterie.
Et là encore pareil : cognez vous les live de l'époque avec Simon à la batterie. Dur. Très dur.
C'est pas parce que AC/DC a choisi Simon que c'était le meilleur choix, c'était juste le leur.

On parle des clips ?

Là pour le coup je suis sur de n'avoir aucun contradicteur : ce n'est pas parce que David Mallet a été choisi par AC/DC pour faire la majorité de leurs clips, que David Mallet : 1) a du talent 2) était le mec qu'il fallait pour AC/DC.
Les 6 clips de l'album "Back In Black", où il n'y a rien d'autre qu'une scène et le groupe qui jouent, ont du couter 90 fois moins que le moindre clip de Mallet.
Et par contre quand les jeunes français qui ont réalisé Let There Be Rock, le meilleur document vidéo de tous les temps sur AC/DC, le groupe n'en avait rien à battre : "c'est qui ces gonzes ?!?". Beiiiin des gonzes qui avec 3 francs 6 sous ont fait 10 mille fois mieux que tous vos clips de David Mallet réunis.
C'est pas parce que AC/DC a choisi Mallet que c'était le meilleur choix, c'était juste le leur.


On parle de production ?

Ecoutez l'album "Fly On The Wall".
Non sérieusement allez-y.
En plein. ALLEZ ALLEZ ON SE FORCE UN PEU !
Voilà. Respire, prends ton temps. Respire par le nez.
Ca pique, la prod', hein ?
C'est produit par les frères Young.
C'est pas parce que AC/DC a choisi AC/DC que c'était le meilleur choix, c'était juste le leur.

On parle de la poupée de Rosie sur scène ?
Non même pas finalement.

Mais notez que tout ça ça fait finalement aussi partie du charme et de pourquoi on aime AC/DC finalement : dans le fond, c'est vraiment des branleurs.

Mais finalement je voulais parler de quoi au départ ?

Ah oui, de ma décision de pas aller au Stade De France.
Oui donc toutes ces digressions mises à part on en revient à Chris Slade : ils ont pris une décision ultra stratégique sur un coin de table, et au lieu d'auditionner convenablement, ils ont juste décidé de prendre ce qu'ils avaient sous la main, on va pas se faire chier.
Un peu comme pour Brian : il est sympa, il bouge sur scène, il fait des blagues : on l'embauche.
Mais donc ça sonne pas du tout comme ça devrait. Ceux qui lisent highwaytoacdc.com en auront marre de lire ça mais le simple jeu de hi-hat (charleston) de Slade sur les morceaux du groupe est l'équivalent d'habiller le plus belle femme du monde avec du caca d'algue qui pue (ou un truc comme ça).
Le deuxième argument ultra massue qui m'a retenu d'y aller est paradoxalement le fait d'avoir vu des vidéos des premiers concerts sur youtube où l'on voit avant tout... des gens en train de faire des vidéos qu'ils vont mettre sur youtube.
Je rappelle à tout le monde que :
- 1: la vidéo que tu as filmé, toi-même tu ne la regarderas pas.
- 2: tu as filmé en vertical. Et parfois tête-bêche.
- 3: la définition de ton appareil fait que tu perdras un oeil avant d'être arrivé à la 3ème minute de ton shoot.
- 4 : le son est pourri, cherche pas, et on entend surtout les gens qui braillent autour (okay ils chantent pas plus faux que Stevie Young mais bon).
- 5 : ton bras n'est toujours pas un stabilisateur d'image.
- 6 : tu fais chier TOUS les gens derrière toi.
- 7 : de toutes façons la scène est tellement loin que tu filmes les écrans géants. C'est abyssal. ABYSSAL.
- 8: quand tu fais l'amour, tu filmes ? Je veux dire, tout le long ?

Non mais les mecs tout est dans ce numéro 8.
Pour quelle raison objective filmez-vous le concert ?
Je dis bien le concert car manifestement les gens ne se contentent pas d'une petite photo souvenir ou d'un bout de vidéo histoire de dire; ils filment quasi tous in extenso.
Vous n'allez jamais le regarder ni le montrer à vos petits-enfants. Vous voulez juste en poster sur facebook pour qu'on sache que vous y étiez.
Bien, pourquoi pas. Si ça ne prêtait pas à conséquences j'aurais envie de dire "pourquoi pas, fais ce que tu veux".

Mais en fait en filmant vous ne faites pas que filmer. Vous empêchez les gens qui en ont rien à battre de votre truc de pouvoir regarder le concert. Est-ce que vous filmez les films quand vous allez au ciné ? En levant les bras et en empêchant le mec de derrière de pouvoir voir quelque chose ?
Non mais on peut se poser la question quoi. 

Vous empêchez aussi les gens de bouger, et ça c'est impardonnable.
Eh oui, nous sommes bien élevés. On a peur de vous bousculer avec votre joujou à 700 balles. Alors on fait gaffe. Et à un concert de rock on est pas là pour faire gaffe.
En pratique jusqu'à il y a 10 ans c'était le cas. Maintenant ce n'est plus que théorique. Et encore.
La règle dans les concerts, et pire encore dans les concerts de hard-rock, c'est de ne pas bouger.
On vient regarder ça comme on se plante devant une toile au musée.
"Mmmmmmmmuiiiiii c'est intéressant ...."
"Oh j'adore ce camaïeu de bleu."
Bien là c'est pareil, mais dans un concert de rock. Je répète : un concert de ROCK.
Un concert de AC/DC.
"Mais dites-moi cher ami, Angus n'a-t-il pas sorti son modèle Custom de 78 non ? Il me semnblait aussi, ohlalalallala quelle émotion je suis tout chamboulé."
"Mais enfin qui sont ces gens qui bougent en tous sens pour aller plus près ! Mais enfin corrigez-les pour l'amour du ciel !"
"Oui je crois en effet que Chris Slae joue sur des peaux Remo si j'en crois le grand écran".

Voilà  ce qu'on se draine avec des places à 90 boules et des bières à 9.
Elle est loin, l'autoroute de l'enfer. C'est plutôt la bande d'arrêt d'urgence pour déambulateurs.
Dans le fameux forum highwaytoacdc il y a des gonzes (qui trouvent que Vintage Trouble ça apporte un nouveau style... putain...) qui se plaignent parce que pendant le concert il y a des mecs "qui brassent", qui se mettent à "danser n'importe comment" et à "gesticuler, à "headbanger".
Mec, va t'acheter un DVD et reste à crever dans ton salon.
Tu écoutes AC/DC, tu te dis fan. Pourquoi ? Parce que t'as acheté plein de bouquins qui coutent cher ou des éditions collector ?
As-tu déjà lu les paroles, la profession de foi du groupe ?
Je te la fais courte, toi qui es ravi qu'ils reprennent "Have A drink on me" pendant cette tournée : 
"on sort, on se la colle, on se défoule, faut que ça bouge et que ça déménage, après on enchaine avec une bonne séance de baise à même le sol, et on s'en recolle une ensuite dans la foulée et viens pas me chercher des noises et j'ai pas l'intention d'avoir un boulot à la con je vous emmerde tous, refilez moi un whisky".



On est tous des spermatozoïdes

Voilà le programme d'AC/DC depuis leurs débuts (je parle des paroles de "Have a drink on me", pas du titre de ce paragraphe). Et tu es outré que des gens vivent exactement ce qui est dit dans les paroles ?
Tu es outré quand des gamins ou moins gamins essayent coute que coute d'aller le plus près possible parce que Angus c'est effectivement leur Dieu ? Qu'ils aient EFFECTIVEMENT envie de TOUT DONNER pendant le concert ? 
Mais reste chez toi, par pitié.
Vous qui avez la cinquantaine ou même la quarantaine comme moi et tenez ce discours, vous êtes déjà vraiment allé à un concert de rock ? A un concert d'AC/DC ? Je veux dire un vrai concert, pas une grande messe comme le Stade De France.
Si t'avais de 15 à 25 ans dans les années 80, tu ne te rappelles pas de ce qu'était un concert, gros ou petit ?
Je vais te rafraichir la mémoire: c'était la guerre. Quand j'ai vu AC/DC pour la première fois en 88 j'avais 13 ans. A 10h du matin j'étais déjà collé devant les portes du Zenith? Quand les porte se sont ouvertes j'ai couru au premier rang, j'ai jamais couru aussi vite de ma vie. Parce que ma vie en dépendait. J'en ai chié comme un turc, j'ai sué comme pas permis, je me suis pris des coudes dans la gueule tout du long, j'ai failli m'asphyxier 20 fois. Ca fait partie du truc. Un concert de rock c'est pas des mecs sur une scène avec des mecs plantés devant. C'est un truc à deux. Je vous en veux de tuer tout ça, en vous prétendant rockers. Pourquoi ? T'as acheté une Harley, c'est ça ?
Soit vous avez oublié tout ce qui faisait l'excitation et l'appartenance (quasi sacrée) à un groupe dans votre jeunesse, soit en fait vous ne l'avez jamais vécu et vous faites une jeunesse par procuration sur le tard. Parce que bizarrement, les mecs de mon âge qui tiennent ce discours de vieux con à leur retour du Stade De France, forcément, ils n'y étaient pas au Zenith en 88.
Vu que le Zenith ça fait 1/douzième de la jauge du Stade De France. Et donc 1/24ème de la jauge des deux concerts au Stade De France réunis.
CQFD.
Et ne me dites pas que la différence de jauge se fait par la venue de plus jeunes : c'est totalement marginal. Déjà au Bercy de 2009 j'avais pas mal déprimé sur la moyenne d'âge élevée. Re-regardez la photo de Robert Ellis qui ouvre l'article. C'est une des rangées de l'Apollo Theatre de Glasgow en 78. Oui, le concert qui a en grande partie donné les titres du live "If you want blood".
Manifestement il n'y avait pas un mec de plus de 30 ans, voire 25, dans les parages.
Souvenez-vous des interviews des groupes à l'époque (Hard-Rock Magazine, Enfer etc.). A qui parlaient les groupes, et que les traducteurs de l'époque ne traduisaient jamais mais citaient en anglais: les kids. On n'osait pas dire "les gamins" en France ? Les groupes eux-même n'ont jamais eu peur de le dire. 
Avant tout et depuis ses débuts, si le rock parle de sexe, de défoulage (?), d'emmerder l'autorité, de passer du bon temps sans penser à demain. Le rock est intimement lié au teen-age, à l'adolescence.
On comprend donc le désarroi de certains quinquas qui ont mis le rock sous une cloche en verre et sont dérangés par les mouvements de foule : on n'aurait JAMAIS pu imaginer qu'un seul quinquagénaire assiste à un concert d'AC/DC. Maintenant ils sont la majorité. Je ne fais pas de racisme anti-vieux, puisque je suis désormais, de fait, plus un vieux croulant qu'un ado sur-hormoné. je dis juste que si tu veux encore venir à un concert de rock en 2015, quel que soit ton âge, par pitié, accepte les règles.
Pour partir à la guerre, on avait un jean, un t-shirt. Point barre. Même pas de billet en poche puisque au bout de 10 minutes il était trempé, et immanquablement déchiré quand tu voulais le sortir de ta poche à la fin.
Mais merde quoi les mecs se plaignent que ce soit long pour aller aux chiottes. Mec, tu regardes AC/DC tu vas PAS aux chiottes. Tu vas aux chiottes pendant que XXX (ici le nom de ton actrice-chanteuse objet de tes fantasmes les plus fous) te fais des trucs et des machins avec ses bidules et son shmip ?
Si il faut, tu te pisses dessus, ou dans la canette de bière tiède que t'as rentrée en loucedé et que tu viens de finir.
Quand je repense à ce Zenith de 88, chauffé à blanc, et le Stade de France 2009 (ou 2010) je déprime. Installé dans le carré VIP (j'étais invité par la maison de disques et il n'y avait pas moyen d'avoir une place EN BAS) j'étais entouré de mecs en polos qui disaient "oulalalalah oui dis-donc c'est bon ça, ça déménage" en tapant vaguement du pied.
L'enfer. J'avais envie de mourir. Mais pas moyen daller dans la fosse.
Parce que notez bien, je comprends tout à fait que pour certains ça soit pas leur truc, qu'ils veuillent regarder le concert pépère, assis et tout : aucun problème, faites votre vie comme vous voulez. Mais alors foutez-vous dans les gradins et laissez la fosse pour ceux qui sont prêts à se sacrifier, et laissez les règles du rock suivre leur cours.
Pis apparemment maintenant en gradins, il faut bien rester assis et jamais se leve, ça rigole pas du tout. Phrase piqué sur le forum de highwaytoacdc : "Vous avez acheté des places pour être assis, alors si vous voulez être debout, allez sur la pelouse".
Carrément.
Ouais mais en fait de une tu peux pas (tout est compartimenté) et de deux, tu me déprimes.

Quand j'étais allé voir Faith No More à Rock En Seine en 2009, c'est la première fois que j'avais ressenti cette cassure. Je jouais des coudes pour aller tout devant, évidemment. Et à chaque passage "de coudes" (alors qu'il y a de la place hein) il y avait des regards noirs (genre les mecs sont prêts à te taper, VRAIMENT) et des invectives de type "Eh oh c'est bon faut pas pousser ! Putain les mecs quoi !".
Mais mec, t'as déjà vu FNM quand c'était dangereux ? En 92 ? Mais là aussi c'était la guerre. Tout le monde connaissait les règles : les plus endurants et les plus vaillants seront devant et pourront peut-être toucher un musicien.
Si t'es pas jouasse avec ça, soit tu vas dans les gradins, soit tu restes chez toi, point.
Par contre, un truc ultra cool, c'est que FNM ça dépote toujours autant, la folie, alors courrez voir ce lien de leur show au Hellfest 2015 avant qu'il ne soit plus disponible. J'espère juste que au Hellfest, tu te fais pas rabrouer si tu commences à vouloir bouger et/ou aller devant. 
Je n'ai jamais, avant ces 5/10 dernières années ressenti ces tensions à la con, ces invectives et ces remontrances parce que je fais ce que doit être un concert de rock. Une fusion. L'ovule, là-bas au loin c'est la scène. On est tous des spermatozoïdes, on doit aller là-bas coute que coute. On va taper personne. Mais il faut aller là  bas, coûte que coûte.
MA VIE EN DEPEND.

J'appartiens à ce qui se passe là  bas, je dois le ressentir au plus près.
Qu'est-ce qui a changé ? Pas seulement l'âge, le mec qui m'a le plus pris la tête pour FNM à Rock en Seine devait avoir 10 ans de moins que moi. Il faisait genre "je protège ma meuf".
Bon bein en voilà déjà un autre truc qui a changé, avant y avait pas de meufs aux concerts. Pour le coup je dis pas que c'était mieux. J'ai commencé à voir des concerts en 86, la première fois que j'ai vu une fille (devant en tous cas) à un concert, c'était en 95. A Montréal. 
En France, on devait être à moins de 0,5% de filles. Et je n'exagère pas. Mais bon passons, ce n'est pas le sujet et ne faites pas dire que je préfère l'époque où les concerts étaient juste des paniers de couilles.

Ce qui a le plus changé je pense, et c'est très visible sur les vidéos live que l'ont voit des gros groupes comme des petits, c'est qu'il n'y a plus d'excitation. Et c'est l'excitation qui fait tout.
Mais je vous en parlerai (longuement évidemment) dans un prochain article.
D'ici là, finissons en beauté :


10 mars 2015

FLEXI DISC #1

flexi disc flexidsic

Il fut un temps où le disque vinyle était partout. Mais vraiment partout. Et surtout le format 7".
En France on dit "45 tours", ce qui est une hérésie. 45 tours, c'est le nombre de rotations que fait le disque par minute. Or, un disque qu'on appelle, nous en France, "33 tours" (mais dont on se fout en fait de savoir le nombre de tours qu'il fait par minute) peut très bien tourner en 45 tours.
Je sens que vous êtes perdus.
On va faire simple : les "petits disques"(qu'on appelle en anglais 7" pour "7 pouces") peuvent aussi bien tourner en 33 tours qu'en 45 tours. Ils pourraient même tourner en 25,764 tours si on voulait.
Sur un "petit disque" qui tourne en 33 tour, le son sera d'autant plus pourri que il y a moins de sillon à  lire pour le diamant (je te fous plus de données dans le même espace)

Vous suivez oui ou merde ?

Et donc les "grands disques"(qu'on appelle en anglais un 12" pour "12 inches") peuvent aussi bien tourner en 33 tours/minute qu'en 45 tours/minute.
Notez que dans le temps où le vinyle était partout, on appelait judicieusement un grand disque "30 centimètres" et un petit "17 centimètres", et les vaches étaient aussi bien gardées que bien nommées.
Pour la clarté du propos et votre santé mentale je ne parlerai pas des 10" (25 centimètres) pour lesquels j'ai pourtant une affection particulière.
Retenez juste que plus un disque tourne vite sur une grande surface, meilleur est le son. D'où l'invention et le succès des fameux "maxi-45 tours" (qui étaient au format 12") qui sont nés à la fin des années 70 pour les clubs qui voulaient, je cite, "un son qui patate avec un maximum de basse".

Tout ça pour vous parler d'un support vinyle (on y vient on y vient) lancé en masse dans les années 50, et qui lui n'a pas été réputé pour sa qualité sonore : le "flexi disc". Comme son nom l'indique, il était flexible. Et donc léger, et donc aussi peu onéreux à envoyer que résistant aux chocs dus aux transports par la poste. Accessoirement, mais pas tant que ça, il coutait aussi moins cher à produire.
Si tu plies un flexi disc en faisant toucher bord à bord, il revient en place tout seul, et tu peux encore l'écouter. Sur un vinyle traditionnel, vous devinez aisément que non : vous obtenez juste deux bouts de disque dont aucun des deux ne peut être écouté. Ce qui n'est donc pas terrible.

Dès son invention on trouva rapidement des flexi discs insérés dans toutes sortes de magazines et publications.  Vous pouviez aussi bien y trouver bien des histoires pour enfants, que des discours d'hommes politiques, de la musique, des recettes de cuisine ou des leçons de yoga. Beaucoup de marques commerciales lancèrent leurs propres labels pour pouvoir envoyer des "singles" à leurs chers clients. En gros, si tu achetais assez de packs de lait X, que tu gardais tes coupons et que tu envoyais le tout à la marque X, elle t'envoyait un disque de son catalogue (auquel tu pouvais aussi t'abonner). Regardez l'enveloppe "Grosjean Rama" à la fin de l'article, c'est très clair. Ce système cartonnait sévère.
Ce support était essentiellement promotionnel distribué gratuitement : personne n'allait acheter un flexi disc, soit on en chopait un dans un magazine soit on l'avait par abonnement à une marque en montrant qu'on était un consommateur assidu de celle-ci) était donc partout. Cheap et jetable. Résultat, malgré la masse incroyable qui a été produite, il n'en reste pas tant que ça.
Il est bien évidemment passé de mode à la fin des années 80, pour vivoter très difficilement jusqu'en 2000, pile-poil.

En 2007 quand APRIL77RECORDS a été lancé, j'ai essayé de retrouver les usines, fabricants, techniciens i tutti quanti qui avaient produit ces fameux flexi discs car nous voulions en insérer dans des magazines pour faire la promo du label. Ca paraissait aussi cool que pertinent puisqu'on sortait une chiée de vinyles (entre autres). J'en ai vraiment bavé : mes recherches m'ont emmené (au téléphone et par mails) de la Grèce au Canada en passant par la Corée. J'ai tout essayé : pas moyen, le flexi est bien mort et enterré, maintenant jeune homme arrêtez de nous harceler avec ça on n'en fait plus, on ne sait même plus où sont les machines. Ou "on a les machines mais on n'a plus la matière première qui faisait le disque". Où "on a les machines et un vieux stock de matière première" mais le seul technicien qui savait faire est mort la semaine dernière" (véridique).
Chou blanc, déception.
Mais figurez vous que le flexi disc est finalement réapparu. Et oui.
Quand ? Fin 2010, pile quand on fermait APRIL77RECORDS. No comment. Je m'aperçois d'ailleurs que APRIL77RECORDS est malheureusement déjà passé aux oubliettes de l'histoire  de l'Internet, par faute d'avoir gardé son back catalogue et ses infos quelque part sur un serveur. Faut toujours se méfier des webmasters (alors les gars du boulot qui liraient ça, non ça ne s'adresse pas à vous). Mon label obsolète est lui toujours en vie sur un vieux serveur free, et ça fait 15 ans. Fin de la digression. M'enfin dommage, on avait sorti de bons et beaux trucs (matez-moi ce joli coffret avec polo inclus).
Ceci dit APRIL77 a justement sorti un flexi (des Black Lips) l'année dernière (sans la marque APRIL77RECORDS, on trouvait ça dans la catégorie "musique" du site ou dans la boutique). Manque de bol il est épuisé, et donc il a AUSSI disparu de l'internet. Décidément.
Tout ceci pour dire que depuis 2010 et la reprise de la production, il a à nouveau son heure de gloire chez les initiés et ce que certains appelleront les "hipsters". The Kills ont, par exemple, sorti un flexi de "The last Goodbye", mais la liste est très longue.

Sous vos yeux ébahis je vous sors donc juste quelques photos qui montrent l'étendue parfois rigolote de l'emprise du flexi-disc à partir des années 50, avec une petite sélection basée sur les marques françaises, c'est toujours plus parlant. J'aurais pu vous sortir des flexi de Kerrang du début des années 80 ou des cours d'histoire des années 70 mais bon, une autre fois peut-être (edit : dans cet article).

J'ai donc choisi pour vous :
- les "Disques bleus" qui sont.. bleu (bravo) pour les "Emballages Speed", bel exemplaire de 1970.
- les disques "Café Maurice" pour son côté tellement français qui sent le Tour de France suivi sur une radio à lampes. On regrette juste un vrai nom de label qui claque en lieu et place du simple nom de la marque.
- niveau nom de label qui claque, "Grosjean Rama" (pour les fromages Grosjean), on peut dire que ça envoie du gros. Je vous ai juste mis l'enveloppe, avec un joli tampon de 1960. Fermez les yeux, vous entendez la voix du Général.
- premier ex aequoDisco-Bana de la marque Banania. Je me prends à rêver qu'il y ait quelque part sur terre un t-shirt Disco-Bana, et que je le trouve. Vraiment.

Voilà pour les flexi discs. Un de ces 4 je balancerai des photos sur un autre article, et vous n'aurez qu'à taper "flexi disc" en recherche pour le trouver, et savourer encore plus de bonheur désuet qui sent bon la musique qui craque.
Edit : c'est là que ça se passe pour la suite.

flexidisc disco bana banania flexidisc

disques bleu emballages speed flexi disc

flexi disc grosjean rama fromage

27 avr. 2014

Voiron Rock City

Vendredi soir j'étais à Voiron pour le deuxième concert des HOT CHIBERS. Cette bande de joyeux drilles a retourné le sous-sol du "Kitapena" avec son hard-punk-rock survitaminé. Dans une ambiance survoltée et moite à souhait, nous aurons vu voler pas moins de 7 petites culottes pendant leur set, jetées par des admiratrices déchaînées.
Ca vous résume bien l'ambiance.
ll y avait vraiment beaucoup de monde. Dans le bar d'à côté (le 1835 où nous avons déjà joué plusieurs fois avec les Wastemen), un autre groupe faisait toute une série de reprises de classic rock (ZZ Top, Pink Floyd, Free, etc.) et la rue était donc pleine comme un oeuf.
Ca n'arrive pas tous les jours à Voiron, croyez-moi. Déjà du temps lointain de ma scolarité, c'était pas fameux (j'ai fait ma scolarité de la 5ème à la Terminale là-bas). Mais ceci dit on pouvait jouer dans 3 ou 4 bars bien cools (Ma Campagne, Les 4 chemins, Le Megane's ...). Depuis quelques années, à part nos passage avec les Wastemen (et un tremplin de temps à autre dans la MJC) c'était le désert total. Je le sais de source sûre puisque Mathias (chant dans Hot Chibers et basse dans les Wastemen, et juste mon pote) y a toujours habité. Ca faisait vraiment plaisir de voir tout ce monde et cette ambiance dans les deux rades et dans la rue hier soir. Espérons que ça relance la machine pour de bon et qu'on voit plus régulièrement des shows dans le coin. Les gens avaient vraiment l'air de kiffer.

Quoi de mieux qu'un bon concert de bar sans déconner ? Tu viens revoir tes potes, tu discutes, tu fais un tour dehors, tu rencontres de gens, le groupe est là et joue à donf' et met l'ambiance. Il y avait tellement plus de possibilité de jouer dans les bars avant.
Dans le coin, souvenez-vous : "Perroquet" à Crossey, "Dauphinelle" à Vourey, Saint Nicolas de Macherin, le "Troll de Bar" à Saint-Hughes de Chartreuse, le "?" à Charavines,  et tant d'autres. Des trucs où tu voyais Sinsemilia un soir, Virago le lendemain. C'était formateur, motivant, c'était la base, la première marche. Pour le son, l'ambiance, le travail de groupe. Il fallait convaincre avec l'essentiel : ta musique. Et pour l'essentiel : les gens. Maintenant je plains les groupes qui doivent commencer direct dans une "grosse" salle, une SMAC déshumanisée, sans vrai gens qui sont juste là de passage et que tu dois convaincre sans les chichis des lumières. Sans l'ambiance typique. Ca permettait de te roder, de prendre de l'assurance. Accessoirement, tu y étais mieux payé que dans les grosses salles dédiées de maintenant (dans laquelle par contre il y a un gars payé pour t'emmener du gaffer, un pour faire ton catering, un pour le son, un pour la lumière, un pour la communication, un pour etc.etc.). Je suis persuadé que ça va revenir de plus belle, si les municipalités sont assez intelligentes pour ne pas enterrer chaque initiative, comme ils l'ont fait crescendo depuis la fin des années 90s. Au lieu d'accompagner l'existant dans ce genre de pratiques, on a décrété par le haut des lieux, des esthétiques, des pratiques. Echec. Surtout, tu construisais ton nom et ton réseau de "fans" là où ils se trouvaient potentiellement. Maintenant, pourquoi un gars de 20 ans et sa bande de potes iraient voir ton groupe dans une salle de 500 places (pas accueillante, qui est tout sauf un lieu de vie) sans jamais avoir entendu parler de toi auparavant ? Avant de faire un Entre-Pot à Grenoble, il fallait avoir fait tes preuves avant, ailleurs, différemment. Maintenant on voudrait tous aller direct dans le grand bain, sans avoir convaincu personne avant : on marche sur la tête.
Après, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : tout ce réseau de nouvelles salles peut (à certains endroit : pourrait) avoir du bon, mais il faut garder une articulation cohérente avec le terrain. Je ne dis pas que l'alpha et l'oméga d'un parcours de groupe c'est de rester dans les bars, nous on voulait en sortir le plus vite possible pour aller dans "les vraies salles". Mais le parcours avait une logique, un sens. Du moins me semble-t-il.

Revenons à Voiron : pendant la soirée, on m'a présenté le gars qui a monté une nouvelle boutique : ROCK AZYLUM. Le truc improbable en 2014 : un gonze décide de lancer un disquaire (axé rock-hard-metal)/magasin de musique dans une ville pareille. Sur le principe, il mérite déjà une médaille. J'y suis passé aujourd'hui, la boutique est vraiment cool. Bouquins biens choisis (tout "Camion Blanc" branche rock/hard/metal), DVDs bien choisis (docus, live), CDs bien choisis (les grands classique du milieu, pas chers), T-shirts à gogo (et pas QUE du XXL comme d'habitude), des accessoires-babioles (badges, ceintures, patins, couffins ...) tout le nécessaire en accessoires de guitares (cordes, sangles, câbles), même des pédales triées sur le volet (des MXR de très bonne facture, et des VOX que je ne connaissais même pas), des mini amplis et des grattes "low budget" bien choisis (modèles de stratocaster et telecaster de chez Stagg, qui tiennent largement la route pour leur prix).
C'est HYPER grand. C'est dans la rue que je descendais pour aller du lycée à la gare. J'ai un peu halluciné pour tout vous dire. Je suis parti avec un DVD d'interviews d'ACD/DC (que du jamais vu me concernant), le DVD KISSology 74-77 (à un prix dérisoire),, un pack de 4 badges des "Rolling Stones", un best-of CD d'Aerosmith ("Big Ones"), et un mug "Marshall".
Voiron qui vous redonne de l'espoir, c'était inattendu. Ca fait d'autant plus plaisir.

27 mars 2014

Fun fun fun


Si vous vous en foutez de ce que je raconte (et ça peut être totalement légitime) et que vous voulez aller à l'essentiel, c'est à dire vous croire entre 93 et 95 à écouter Fun Radio, allez directement à la playlist qui est tout en bas de ce post.

Quand on tournait avec feu Firecrackers (un jour je foutrai tout sur un bandcamp, promis) , il nous arrivait souvent dans le camion de jouer à se rappeler les tubes de notre adolescence.
Denis (batterie) et Fred (son) étaient assez forts. On n'avait pas de 3G dans le camion, ou quoi que ce soit, et il fallait faire tourner les méninges pour retrouver un air, un titre, ou un quelconque indice.
"Mais siiiii le truc qui faisait nanana-nana-yeah et qui est sorti genre entre le premier single de Snoop Dog et Therapy? ?!? Avec un son de caisse-claire hyper Radio-Campus ?!?Tu vois pas ?".
Indices d'une époque où il y avait encore moins d'Internet (ça balbutiait aux USA) et où les tubes, une fois passés, retombaient rapidement dans l'oubli collectif. Maintenant, on peut retrouver n'importe quelle merde sortie en février 58 en deux coups de clavier, ou les classements de singles semaine par semaine depuis Nefertiti (ou Régine, je sais plus trop).
Bref, à chaque coup ça finissait en se disant que c'était des tubes qu'on avait entendu et/ou qui passaient alors sur, croyez-le ou non : Fun Radio.
Si-si.
Et plus particulièrement dans une émission appelée Lovin'Fun. De, grosso modo, 93 à 95.
Si-si.

Le truc avec le Doc et le Difool, le truc qui affolait le CSA, le truc où des Fabiens suracnéiques appelaient pour raconter leur passion de la masturbation dans de mottes de beurre, où des Stéphanie en mal de sensations racontaient leur phobie de la première mise en bouche, entre deux rires niais de Difool, et le flegme tout anglo-saxon d'un Doc qui devait parfois se demander ce qu'il foutait là.
-"Non Fabien ce n'est pas sale et ce n'est pas grave, mais si tu continues à vouloir ingurgiter régulièrement ton propre sperme, je pense que ça peut vouloir signifier une situation de détresse, ou en tous cas un appel au secours et je t'encourage à aller voir quelqu'un pour en parler."

C'était à la fois marrant et tragique. Un vrai rendez-vous du soir, surtout pour la majorité des ados et jeunes adultes qui comme moi n'avaient pas de télé.
Donc entre un plat de pâtes sans sauce, un bout de tome de chèvre filé par mémé pendant le week-end, et les noix pour le dessert (avec un carreau de chocolat pour faire luxe) c'était toujours Fun Radio en fond sur le poste-radio-cd acheté en 91 grâce à l'argent des vendanges. Poste qui, pour l'anecdote, est maintenant propriété de ma fille, et fonctionne toujours à merveille; pourtant il en a vu des vertes et des pas mûres, a survécu plusieurs Paleo festival, à deux ans au Canada, et à tous les locaux de répétition des mes différents groupes ...
Bref, quand je n'écoutais pas ça sur ce fameux poste dans mon appart' d'étudiant au "confort" ultra-spartiate, j'écoutais ça au péage (sur le même poste qui ne me quittait jamais).

Le péage quoi, je vous jure, avant il y avait des êtres humains qui y travaillaient. Dont moi.
-"Bonjour, 42 francs, merci au revoir".
600 fois par jour.

Parfois il y avait un peu de fantaisie.
France 3 qui vient filmer le passage des corbillards du faux suicide collectif de l'ordre du Temple Solaire, ou Carignon sortir de tôle.
Ca fait pas bézef pour 20 mois passés là bas, j'en conviens.
Deux séances de 10 mois à un an d'intervalle, 20 de suite j'aurais  jamais tenu.
Au mieux, t'avais les reproches de conducteurs débiles, pour des sujets sur lesquels toi, Larbin Première Classe dan ta guérite, tu pouvais pas grande-chose, si ce n'est compatir.
Et donc tu ne disais rien. Surtout que si tu entames une conversation, c'est concert de klaxons dans les 5 secondes qui suivent. Il fallait débiter un client toutes les 6 secondes.
Vas-y, calcule.
Prendre ticket, mettre dans l'appareil, taper le code véhicule (classe 1/2/3 ou 4), encaisser, rendre la monnaie OU FAIRE LA PUTAIN DE FACTURETTE si le truc CB était en panne, ou TOUT NOTER DU CONDUCTEUR (si il a ses papiers) au dos de son chèque en cas de PUTAIN DE CHèQUE. Rendre son truc et dire au-revoir. En 6 secondes.
Donc pas de conversation, tu encaisses et c'est tout.
-Conducteur énervé : "Putain vous faites chiiiiier c'est super mal indiqué pour Lyon résultat je me suis planté putain vous faites chier sans déconner."
-Moi :"Mmmm mmm".

-Autre Conducteur énervé : "Putain vous vous faites pas chiiiiier c'est putain de cher bordel de merde vous êtes vraiment tous des connards !" 
-Moi :"Mmmm mmm".
-Autre Conducteur énervé : "Putain vous faites chiiEEER le bouchon qu'il y avait quoi non mais sans déconner !!!"
-Moi :"Mmmm mmm".

Je ne suis sorti de mes gonds qu'une seule et unique fois. Ce mec avait la palme. Il hurlait, il était rouge, il voulait m'en coller une, ça se voyait. J'avais les cheveux jusqu'au cul à l'époque, ça le faisait pas trop avec tout le monde. Et je ne vous parle même pas des "Bonjour-madame-ah-pardon-j'avais-pas-vu-avec-les-cheveux-ah-ah-ah".
Bref, le gars il l'a vraiment super vénère.
- Super Conducteur Super énervé : "Putain mais c'est super mal déneigé qu'est-ce que vous foutez bordel de merde ?!? Putain sans déconner qu'est-ce que vous foutez ?!?!"
----- DESPITE ALL MY RAGE I AM STILL JUST LIKE A RAT IN A CAGE ---

----- DESPITE ALL MY RAGE I AM STILL JUST LIKE A RAT IN A CAGE ---
----- DESPITE ALL MY RAGE I AM STILL JUST LIKE A RAT IN A CAGE ---
----- DESPITE ALL MY RAGE I AM STILL JUST LIKE A RAT IN A CAGE ---
- "Moi ce que je fous ?!! Bein tu vois là je suis dégouté parce que je viens de rentrer ma paye du mois en 20 minutes (nda: véridique, les sommes que tu brassais en cash en une journée, ça me rendait malade) Et si il y a de la neige sur la route KESSTUVEUX que j'fasse ? Que je sorte de ma guérite pour aller déneiger à la main jusqu'à Lyon ? A pied ? Casse-moi pas les couilles et barre toi ! Si t'as un problème tu vas LA-BAS***  et TU ME LACHES et tu te CASSES parce que ma parole les CONNARDS COMME TOI j'en ai ras-le-cul !!!"
(***en indiquant les bureaux où les responsables se la coulaient quand même assez douce par rapport à nous, et où les équipes techniques enchainaient cafés sur réunions syndicales, le déneigement on verra plus tard).

Je ne dois la vie sauve qu'à l'arrivée d'un des responsables,  qui avait rapidement vu le manège dégénérer, et qui a menacé le gars d'appeler les flics. Le gars était sorti de sa caisse, et était en train d'essayer d'enfoncer la porte de ma guérite à grands coups de pied, alors que j'essayais de trouver ce qui pourrait me servir d'arme pour lui péter sa tronche s'il arrivait à flinguer la porte.
Sous l'air que j'imagine ahuri de tous les autres conducteurs
Le responsable ne m'a rien dit, quedalle. Je n'ai pas eu droit à un "oui, je sais..." ou "non mais calme toi...". Il est juste parti.
On devait être avoir droit à un gros pétage de plomb dans notre convention de travail, ou je sais pas quoi. Moi j'étais persuadé que j'allais être renvoyé manu militari dans la minute, et sans indemnités pour faute grave. Non, lui il ne m'a rien dit et personne n'en a jamais reparlé, personne. Loué sois-tu, j'ai oublié ton nom mais tu gardes une place précieuse dans mon petit cœur.

Quoi qu'il en soit, quand j'étais du soir, c'était Fun Radio souvent, alterné avec du France Musique ou des trucs comme ça, parfois un match de foot, ou quelques CDs emmenés.
Passé 19h30 ça devenait désert, et réviser pour la fac dans la cabine jamais bien pratique ...
Je ne sais plus le nom des émissions qu'il y avait après Lovin Fun mais il y en avait une qui était pas mal. Passé un moment je connaissais la grille par cœur puisque les fréquences de taf' changeaient tous les 15 jours (HYPER PRATIQUE POUR ORGANISER TA VIE) et qu'un semaine de taf' pouvait ressembler à ceci :
- Lundi : 14>16h (super de faire un Gre-Voreppe/RIves/Voiron pour deux heures de taf)
- Mardi : 01(du matin)>9h
- Mercredi : 20>22h (une journée pétée pour deux heures, le truc que je surkiffais)
- Jeudi : OFF (super, c'est jeudi...)
- Vendredi : 11h-15h (re "une journée pétée pour deux heures", pour gagner j'imagine l'équivalent de 15 euros)
-Samedi : 7h-15h
- Dimanche : 02h(du matin)-10h00

Après je me demande pourquoi j'ai gaufré mon agrégation ... BREF.
On s'en foutait, on était jeune on était fou, on était con, la vie nous souriait youpi-tralalala.
Et donc sans qu'on sans rende compte, cette émission à la con allait forger notre Culture. Si-si, la preuve, beaucoup des repères musicaux que les gens de ma génération partagent ont connu le succès (les disques qui passaient à la radio état des disques qui ensuite se VENDAIENT, je sais c'est dur à imaginer, les jeunes) en grande partie grâce à la ligne de programmation de cette radio pendant cette période brève, mais vraiment intense. Je ne parle même pas du nombre de gars qui se sont mis à la gratte à cette période. Double-effet-Kiss-Cool "Fun Radio+Nirvana".
The Breeders , RATM, Urban Dance Squad, Cake, Faith No More, Silverchair, The Verve, BodyCount, Smashing Pumpkins, Nirvana (période In Utero pas spécialement radio-friendly) Beck etc. ...
Ça passait à la radio, dans l'émission la plus populaire d'alors.
Dingue, non ?
Attention il y avait des merdes aussi, comme en témoigne ma playlist (notamment ce fameux "Lemon Tree" de Fool's Garden : une angoisse totale).
Mais quand-même, dans le gros ensemble, c'était pas dégueulasse du tout. Puis ça s'est arrêté, on sait pas trop pourquoi et on n'a jamais cherché.
De totues façons fin 94 je me suis barré au Canada et alors là bas, des bonnes radios, je m'en suis gavé, mais gavé à m'en faire exploser les oreilles et le cerveau.

Après en France, il y a eu Couleur 3, puis bien plus tard on a voulu croire en Le Mouv'.
Hum.
Et depuis de toutes façons, le monde a changé.
Séquence nostalgie (avec fautes de goût totalement assumées) avec la Playlist concoctée pour vous, avec l'aide de Frédéric L. qui tient à rester anonyme, détenant maintenant une place clef dans ce qui reste de l'Industrie Musicale.
APPEL A CONTRIBUTION : si j'ai oublié des trucs évidents, signalez le dans les commentaires et je rajouterai dans la playlist au fur et à mesure !
Si vous êtes sur tablette ou smartphone et que le player ne s'affiche pas là juste en dessous, cliquez sur le lien pour accéder à la playlist

FUN RADIO 93/95 by Sebastien Dos-Santos on Grooveshark

21 mars 2014

1916 : la première projection

1916 christophe levet

1916 christophe levet

1916 christophe levet

1916 christophe levet

1916 christophe levet
Voilà, c'est fait, et ça s'est bien passé.
Pourtant jusqu'à la dernière minute ça a été la course folle pour des raisons techniques laborieuses (10 minutes avant les projections, les vidéoprojecteurs ne fonctionnaient plus, j'en passe et des meilleures).

Cette "commande" a été passée le 17 décembre 2013 par le Pôle Européen de la Culture de Grenoble.
Il a d'abord fallu trouver l'idée : au lieu de "bêtement" aller jouer au Museum d'histoire naturelle en version acoustique avec les Wastemen , sous le prétexte que nous sommes "barbus", pour coller à  la semaine thématique intitulée "au poil"; il  m'a paru plus pertinent de dévier le sujet sur les "poilus" de la "grande guerre" dont on célèbre cette année le centenaire.
J'ai décidé de mêler la grande histoire à la petite, familiale. Feue ma grand-mère adorée Colette, de qui j'étais très proche et que j'ai toujours beaucoup admiré (un moral à toute épreuve, une culture folle, et une joyeuse malice tout en gouaille et accent dauphinois pur jus) n'abordait que rarement la vie de son papa revenu traumatisé par la guerre et Verdun en particulier.
Quand je dormais chez elle, petit, j'étais dans une chambre où il y avait les décorations de son papa, Lucien-Eusèbe, et les réponses à mes questions restaient évasives. Et c'était les seules fois où je la voyais triste. Ca m'embêtait. Je n'ai jamais vraiment insisté.
Ce projet m'a donné l'occasion d'aller déterrer tout ça, avec l'aide de ma mère et d'une de mes tantes. Ma mère qui a donc vécu jusqu'à ses 16 ans sous le même toit que cet arrière-grand-père dont les troubles mentaux l'ont empêché très tôt de pouvoir reprendre un travail. Des troubles mentaux bien sûr "non imputables" à la guerre, comme il est écrit dans son livret militaire. Il a eu ses médailles, 50 francs, et un veston gris. Point.

Il a fallu ensuite éplucher du matériau historique (livres, vidéos, illustrations etc.) et les sélectionner. En pensant en même temps à donner un "ordre" au récit.
Puis tout ce matériau il a fallu le rendre exploitable pour une utilisation vidéo (je vous passe les détails et les manipulations).

Dans le même temps (le peu de temps que j'ai eu, vu que j'ai fait ça en plus de mon travail "de jour", multipliant les soirées au bureau et les week-ends d'autiste enfermé autour de 2 ou 3 bécanes surpuissantes qui tournaient en même temps... merci encore à La Haute Société !) il a fallu composer la musique (sauf "Heading for the Holy Mountain" avec la voix de Nadj, que j'ai récupéré sur le premier album des Wastemen car je n'ai pas eu le temps de finir le thème en question initialement prévu), mais surtout l'enregistrer.
N'ayant jamais fait de home-studio, ça a été une sacrée aventure. Il a fallu acheter puis maîtriser tout ce qu'il fallait (carte-son, câblages, micros, enceintes de monitoring, supports etc. : merci encore Pianotech pour les conseils et la disponibilité sans faille).
Et aussi maîtriser un logiciel de montage audio (Reaper, une tuerie simple et efficace).
Il a fallu remettre en état ma vieille batterie Tama "Imperical Star" (qui a mon âge, c'est vous dire si elle date) que je traîne avec moi depuis mes 8 ans (un bon investissement de mon papa que je ne remercierai jamais assez).
Il a fallu enregistrer tout ça (incluant la voix de Jull et le trombone de Olivier Inebria), le mixer et le masteriser (pour le coup, je confirme : masteriser, c'est un métier ...).

Et toujours dans le même temps j'ai créé tant bien que mal des animations vidéos à partir d'objets inanimés (médailles, douilles d'obus décorées, paperasse militaire etc.), et si avant je bidouillais gentiment en apprenant sur le tas, cette expérience m'aura fait faire une auto-formation accélérée dont l'intensité n'a eu d'égal que les litres de sueur perlant sur mon front à des heures tardives, entre deux demi-repas.
J'en oublie surement et le but ici n'est pas de me plaindre ni de me faire plaindre, bien au contraire : j'ai adoré faire ça, adoré ! Le plus dur a été l'épluchage des vidéos de soldats traumatisés, filmés en milieu psychiatrique. Très dur.

Après, pour le choix des images et des séquences, je n'ai quasi pas eu le temps de réfléchir : des séquences me sautaient aux yeux, je les plaçais où je les "voyais" par rapport à la musique, et le reste suivait, ça s'est fait assez naturellement. Les animations en découlaient, ce qui influait sur la suite etc.
Je vais me faire gronder : je n'avais AUCUNE trame prédéfinie. Seulement huit thèmes, qu'il fallait imbriquer mais aussi séparer dans le même temps (avec un choix de chapitrage dans le montage).
La chose la plus délicate était d'avoir du recul : on est vite hypnotisé par des images qu'on voit à longueur de temps, qu'on retravaille, qu'on déplace, etc. On en sature et on n'a plus de recul. Il fallait éviter les écueils du pathos, de la dénonciation facile, faire passer quelque chose d'émouvant sans tomber dans la facilité, faire du "beau" avec du matériau tragique, et le respect dû et à sa famille, et aux anciens (et leurs descendants) qui ont tant souffert de cette période.
Le mélange du familial et de l'historique n'a pas aidé, on est toujours plus ému par une photo de sa grand-mère ou de sa mère enfant, que par la photo d'une autre petite fille. Mais j'ai essayé de faire en sorte que chacun puisse y voir qui il voulait, ou y voit au moins un symbole.
Réussi ou pas, c'était le défi à relever, et dans un domaine qu'on ne maîtrise pas (je ne suis pas réalisateur officiel de films ou de vidéos, d'autant plus à visée "artistique"), c'est d'autant plus périlleux.
Trouver un ton, éviter les évidences et les facilités, garder un semblant de narration (ou de progression) sans être trop didactique. Autant de questions que je ne réalise qu'aujourd'hui en vous racontant ça parce que sur le moment, je n'avais juste pas le temps d'y réfléchir ! Ou alors ça moulinait "en arrière-plan mental" pour ainsi dire.
Et je ne prétends pas avoir réussi à atteindre mes objectifs, j'ai juste fait du mieux que j'ai pu (d'autant plus que pour moi cette version n'est pas la "finale" que je sortirai en 2016).

Voilà, le lieu était vraiment magique. Ça a bien aidé. J'ai toujours pensé au lieu et à la disposition des gens, couchés, en faisant le boulot, même pour le son ! On n'entend pas pareil couché au sol que debout !

Il me tarde de pouvoir améliorer tout ça (car pour moi il ne s'agit que d'une première version très largement améliorable à tous points de vues) et de pouvoir le présenter à nouveau, ailleurs avec peut-être la possibilité de jouer tout en live avec plus de musiciens.
Toute aide est bienvenue : cela fait belle lurette que je suis hors-circuit culturel ...

Merci Bertand Vignon de m'avoir emmené dans cette galère. Car si j'ai navigué en eaux troubles, essuyé des tempêtes, des vents contraires, eu peur comme jamais (si si, j'ai flippé, vraiment), je suis arrivé à bon port.

Merci à toutes les personnes qui m'ont aidé, elles se reconnaîtront.
Merci au public pour sa présence et son attention.
Ce beau silence à la fin de la projection valait de l'or.


Photos : Christophe Levet
(je ne sais comment il a pu faire car la salle était vraiment plongée dans un noir total !)