28 déc. 2014

PSYCHO BURRITO, Saison 1 épisode 4

vaporizer fender chicago chopin theatre
--- photo : aftershow au Chopin Theatre, Chicago.
 Les épisode précédents : épisode 1, épisode 2, épisode 3

Quel con je fais : depuis le début j’ai fait en sorte que les autorités ne sachent pas qu’on existe en tant que musiciens, ils aiment pas qu’on vienne leur piquer leur boulot les ricains ; et même si c’est un « boulot » sous payé, pour eux c’est le même tarif. Pour dire, j’ai carrément atterri à Chicago sans même un médiator dans la poche, et j’ai tanné les gars pour qu’ils s’alignent sur cette politique de la taupe interlope qui avance masquée et déguisée en autruche.
Et là, comme un con, c’est moi qui lâche le morceau.
Tout comme le seul gros con qui est finalement parti vadrouiller sans ses papiers et sans son téléphone, eh beh c’est moi.
Alors que à chaque fois qu’on bougeait quelque part je serinais les gars « c’est bon les gars vous avez vos papiers ? Votre téléphone ? ».
Bref.
Retour sur mon champion en uniforme : je dois détendre l’atmosphère tout de suite, surtout qu’il est en train de me poser toute une chiée de questions sur d’où on vient, où on va, la totale. A un moment il me demande où l’on a atterri et chez qui l’on est hébergé.
Ça me donne le déclic, et je tente le tout pour le tout :
« - Oh on a atterri chez notre copain Alex, c’est un Français, et maintenant il est marié à une américaine, on vient juste jouer avec lui pour faire la fête hein , trois fois rien hein ahahaah tranquille monsieur. Peut-être que vous connaissez sa femme d’ailleurs ? C’est Danielle Colby de l’émission American Picker ».
Comme ça en passant. Hop.
Je sais que American Picker passe à Chicago, qu’elle y est assez populaire, on a eu l’occasion de s’en rendre compte, mais je n’ai aucune idée de l’audience qu’elle peut avoir ailleurs.
jose wastemen chicago niko
--- photo : un matin (ou une fin de soirée) comme un autre avec Niko. Batteur, évidemment.

J’avais quand même retrenu que Felix l’a déjà vue au Québec. Donc bon, j’ai des chances, et j’ai vite fait de découvrir sa popularité ici : le flic ouvre une bouche à avaler trois essaims d’abeilles en même temps.
« - OoooooMaaaaaGaaaAAAD’ !!! OMAGAD ! » (bon en fait ils disent Oh My God, mais OMAGAD je trouve ça mieux).
« I love Danielle ! »
Putain ! Alex est juste à côté il est sorti fumer aussi, je le chope direct :
« - True true ! See Alex is here, it’s her husband ! »
- OMAGAD !!! »
- Vas-y Alex montre lui des photos de toi et Danielle ».
Alex en a environ 8000. Il s’exécute dans la bonne humeur.
Alex est toujours de bonne humeur.
Le flic est comme un guedin, il dégaine son téléphone et commence à faire des selfies avec Alex, le mari de son idôle de la télévision. Plus improbable tu meurs. Alex, mon pote de Saint-Blaise du Buis (3.8. représente), adulé comme une star par un flic de l’Indiana qui est à la limite de la catalepsie.
En tous cas le tour est joué, le fait qu’on soit musiciens ou pas, il s’en cague comme de son premier donut : il est content. On papote avec lui, il est tout détendu, il nous montre son badge, on se fait des photos, on est copain comme cochon. Niko est mort de rire et joue le jeu.
Niko est toujours mort de rire.
Après quelques accolades de bon aloi, on repart.
Ah mais où au fait ?
wastemen highway 65 waffle house
--- Waffle House sur Highway 65. Pire restaurant de tous les temps. Haut la main.

- Pardon ? »
- Euh bein ouais en fait on a tout posé là bas avant de venir te rechercher à Brownsburg »
- Ouais mais après on va où ? »
- Bein on dort là bas nos affaire son déjà dedans chez lui »
- Nan mais les mecs vous êtes cramés ! Je mets pas les pieds là-dedans c’est un fou furieux si je le vois je le tue !! Putain mais ça craint ! Mais vous aussi quoi merde rentrez pas la dedans !
- Nan mais ça a l’air cool ya sa femme et tout !»
- Cool ? Ouais bon bein vous faites comme vous voulez moi je fous pas les pieds là dedans il est taré j’te dis ! Putain merde j’ai du me jeter de son van, et quand vous l’avez croisé il a fait l’air de rien ! J’aurai pu crever merde !
- Ouais mais bon bein -euh mais bon euh …
- Ouais bon bein on va là bas si il y a tout le matos hein… pas le choix. Mais moi je fous pas les pieds dedans, je dors dans un champ si il faut !
- Beiiiin y’a le van des Hangdog Hearts. »
- Beh si il est ouvert voilà, je dors dedans. ».
jose and the wastemenjeff nolan
--- photo : Jeff Nolan sur scène avec nous à Nashville (dans le récit, c'est ce soir).

Nous voilà arrivé. Une grande maison dans une zone pavillonnaire de campagne.
Le putain de pickup blanc est là. Le van de Hangdog Hearts aussi, et il est ouvert. Niko et Felix décident de venir passer ce qu’il reste de nuit avec moi. Alex et Soda vont à l’intérieur.
On se souhaite bonne nuit, et je leur rabâche de bien faire gaffe.
Moins de quatre heures après, sur le coup des 9h00 du matin, le soleil tape dur sur le camion, qui a été récemment repeint en noir. Je dessèche littéralement sur ma couchette, et il n’y a pas le moindre souffle d’air pour venir me sauver. Sec, sec, sec. Comme dirait Ludo Boudou « si jamais je jouis, j’vais éjaculer en poudre ».
J’me sens comme une bouze de dromadaire, à midi en plein Sahara.
Un pack de petites bouteilles d’eau, posé en bas, me fait de l’oeil. Je descends tant bien que mal me prendre une bouteille, et en jette rapidement une à Niko qui est en train de gémir, et j’ouvre les fenêtres dans le vain espoir de faire passer un peu d’air.
Vain, l’espoir, en effet.
Me faut de l’air. J’ouvre la porte du van pour m’asseoir sur le marchepied, il fait un soleil de plomb, et entre le réveil d’hier, la route d’hier, le concert d’hier, les aventures d’hier et de la nuit, je suis vraiment naze, au dernier degré. Naze complet.
La porte de la maison s’ouvre.
Psycho Burrito en personne.
Merde.
« Putain Niko descends, descends il est là !"
jose wastemen USA truck
--- Au fond, le pickup de l'angoisse. Au premier plan le van de Hangdog Hearts. Tout autour, il fait 45 degrés.

Niko se jette de sa couchette et vient s’asseoir à côté de moi. On n’en mène pas large. Psycho Burrito est en débardeur du dimanche, short, tongs et lunettes noires. Mais il est toujours aussi cuivré et balaise.
« Hi guys ! Had a good night ? Why didn’t you get inside to sleep ? It’s fresh ! I got AC and all you need ! » et il me tape sur l’épaule en souriant.
Je cherche machinalement un clope, que me tend rapidement Niko. Il me connaît bien Niko.
Je l’allume, je dis rien. Psycho Burrito fait le tour du camion pour aller ouvrir son garage, qui laisse entrevoir plusieurs Harley Davidson, un écran télé d’environ 12 mètres de large, de grands sabres, et des canapés en cuir XXXXL, entre autres choses. Son putain de garage est plus grand et mieux fourni que mon appart.
Je me lève, je scanne les alentours. Je me dirige vers le champ à l’arrière du garage pour essayer de retrouver mes esprits et comprendre ce qu’il se passe. J’entends Psycho Burrito arriver à côté de moi.
« You did a great show last night ! But you know what ? I lost all the merch I bought you ! »
Je tire une latte, je cherche Nico du regard derrière mes lunettes de soleil, il est pas loin derrière nous. Je me redirige vers le camion. Je suis sûrement en train de dormir et je rêve (ou je cauchemarde).
« Oh and you know what ?!? I got busted by the cops when I came back, because I drove too fast ».
Putain tu te fous de ma gueule ou quoi ?
Tu te rappelles que tu m’as acheté du merch. Tu l’as perdu. Tu te souviens t’être fait arrêter par les flics parce que tu conduisais trop vite (sans blagues ?) en revenant chez toi.
Mais le fait que j’aie essayer de t’étrangler, que j’aie du sauter de ton pickup en marche, que tu m’aies laissé seul comme une merde dans un ravin ça te dit rien ? Que t’aies dit que tu savais pas où j’étais quand les autres t’ont retrouvé ça te dit rien ?!?!
Niko lit dans mes pensées, il en a les mâchoires qui se décrochent.
Le mec nous parle comme si rien ne s’était passé.
Soit il est très bon acteur, soit il a la mémoire sélective, soit il est taré, soit il est/était sous drogues. Soit tout ça cumulé.
« But well I know them well, so I was fine I did not even get a ticket. »
Je tente un vague « Mmmmmm… mmmmm… » qui me sert surtout de soupape de sécurité, car je bouillonne comme il faut.
Ceci dit entre sa carrure, ses sabres, ses guns dans son pickup, et ce qu’il doit y avoir dans sa maison, j’aime autant ne pas la ramener.
Attendons patiemment en restant sur nos gardes.
« Well guys, I gotta go to the drugstore, few things to get there. See you later ! We could call all of my friends and make a huge party and diner then ! »
Et il se barre faire ses courses.
jose wastemen usa canada tour 2014
--- photo : petit matin à Chicago. On est bien.
On se regarde avec Niko : c’est quoi ce bordel ?!?
On décide d’aller rapidement faire un tour dans la baraque. Elle est immense, du dernier cri, et il y fait facilement 25 degrés de moins que dehors. Les américains sont littéralement malades de la climatisation. En plein été, on a dû mettre un gilet ET une veste à chaque fois que l’on rentrait dans un magasin ou un restaurant. Ca n’empêche pas Alex et Soda de comater confortablement dans le salon, dans de grands canapés avec de grands coussins.
Je cherche rapidement la douche dans cette maison luxueuse qui n’a pas vu le moindre grain de poussière depuis sa création.
Je peux me passer de bouffe, de clopes, de café, de tout ce que tu veux, mais en tournée, si j’ai pas ma douche le matin, je ne fonctionne pas correctement, ça m’est vraiment vital. Même si y a juste un lavabo pour faire une toilette de chat hein. Là pour le coup, c’est baignoire de luxe, mais je ne m’y attarde pas.
Une fois –vite- fait je retourne au camion. Psycho Burrito revient. Je me cache sur ma couchette, pas envie de le recroiser, seul qui plus est. Un gamin sort de la baraque. Il s’avérera qu’il en a deux, ainsi qu’une femme qu’on croirait tout droit sorti d’un catalogue de bombes atomiques. Ça me rassure : moins de risque de grabuge avec femmes et enfants dans le secteur.
Attendre que les gars sortent tous me semble une éternité. Imaginez un peu si on était cinq meufs sur la route : les épisodes salle de bain cumulés nous feraient prendre 5 heures de retard chaque jour. Allez y les filles huez, huez derrière votre écran. Smiley.
Voilà enfin les Wastemen et Soda (relativement) frais et pimpants. Ils ont décliné l’invitation de Psycho Burrito en lui expliquant que ce soir, on doit être à Nashville, et que t’es bien gentil bonhomme, ça fait quand-même une bonne petite trotte à travers l’Indiana, le Kentucky et le Tennessee.
On repart dans notre Dodge, pendant que Psycho Burrito, son père fraîchement débarqué et un des fils nous font de grands signes de la main. Psycho est toujours aussi jovial. Troublant.
On sort du lotissement, et Alex, Felix et Nico en ont une bien bonne à me raconter. Pendant que j’étais à les attendre, Psycho Burrito les a emmenés dans une pièce de la maison, qui s’est avérée être un véritable arsenal de guerre. Environ 25 pistolets, fusils, fusils d’assaut, fusils mitrailleurs, bien rangés et bien lustrés, que notre hôte a pris soin de leur montrer en long, en
large et en travers.
Incluant un petit pistolet « de sac à main » pour madame.
Rose, évidemment. Comme c’est touchant…
Niko lui a demandé ce qu’il pouvait bien faire d’autant d’armes. Le gars lui a répondu que, bein tiens, c’est pour se défendre, on ne sait jamais ! Faudrait déjà qu’il s’achète surtout 12 paires de bras pour tout tenir, mais bon. L’épisode ne les a guère motivé (pour peu qu’il le fussent déjà) à rester plus longtemps ici .

Et nous voilà en route pour Nashville. Ce soir on va jouer avec Jeff Nolan, un des guitaristes héros de mon adolescence : il a joué dans I Love You, Screaming Trees et Scott Weiland’s Magnificent Bastards, et c’est lui qui pose le solo sur notre « Go Fuck Yourself ». Qui sera bien sur ce soir dédicadé à qui vous savez. Bref, Jeff a gentiment fait le déplacement depuis
Orlando avec sa femme Erin pour nous rencontrer, jouer avec nous et s’amuser.
Et même si je ne le sais pas encore pendant que je roule sous un soleil de plomb au milieu des champs de maïs de l’Indiana, c’est bien ce qui va se passer ce soir, comme tous les autres soirs de cette tournée : on va s’amuser entre potes, rencontrer des gens incroyables, jouer dans des endroits terribles, avoir des fous rires à s’en faire mal au ventre, vivre musique à 200%, et se pincer toutes les 10 secondes en se demandant si on n’est pas dans un rêve.
Et je vais personnellement le vivre d’autant mieux que l’épisode d’hier soir, qui aurait pu tourner en cauchemar, me remplit finalement d’un sentiment aussi puissant que simple : je suis en vie.
Et la vie, c’est hyper cool.


La vidéo ci-dessous est faite avec des images tournées par Alex, Felix et Niko pendant ce périple aux USA et au Canada. Le titre est téléchargeable gratuitement ici (il suffit de rentrer "0" quand on vous demande le prix).

20 nov. 2014

PSYCHO BURRITO, Saison 1 épisode 3

wastemen john deere molines illinois
--- photo : on fait les malins au siège de John Deere, à Molines, Illinois, après le concert au  RozzTox de Rock Island. Et sinon, si t'as pas lu les épisode précédents : Episode 1 et Episode 2.


J’entends un moteur au loin. Je saute pour essayer de trouver des lumières de phares. Là-bas, à l’est. C’est pas sur ma route, ça doit être un croisement : je cours. De plus en plus vite, comme un taré. Merde ma cuisse me fait putain de mal. Cours cours cours cours cours !
Le moteur se rapproche, c’est un camion, ou un bus, ses phares découpent le maïs et la nuit, il va arriver là-bas, il y a bien un croisement. Cours cours cours cours putain de merde faut que j’arrête de fumer cours cours cours j’en chie cours cours j’en CHIE PUTAIN J’EN CHIE !
Je me fous au milieu du carrefour, et reprends ma respiration comme je peux, courbé, le tronc en avant, les mains sur les genoux ; je suis limite en train de tomber dans les pommes. C’est un camion, il est à 100 mètres. Ses phares m’aveuglent, je lève les bras et fais de grands signes en sa direction, mais il n’a pas l’air de vouloir ralentir. Il me fait des appels de phares, puis klaxonne, de plus en plus rapproché. IL est clair qu’il n’a pas envie de s’arrêter. Je le devine en train d’essayer me m’éviter par ma droite. Non mon pote tu passeras pas !
Je me décale sur ma droite. Il est plein phares, il klaxonne sans s’arrêter putain il est proche proche proche je continue de balancer les bras en l’air ARRETE TOI PUTAIN CONNARD !
Il me pile devant.  Comme dans les films, genre à un mètre de ma gueule.
Plus de klaxon, juste le bruit du moteur en marche ; dont je sens la chaleur réconfortante tout près de moi. Pour un peu, j’embrasserais la carrosserie. Je m’aperçois que j’ai même pas eu peur. Il allait pas m’écraser non ? Je recule un peu avant de me diriger vers sa cabine.
Erreur.
wastemen nashville beer bar
--- photo : le programme du lundi "off" à Nashville, Tennessee.

« - YOU FUCKIN FUCK !! WHAT THE HELL YADOIN’ ?!? FREEZE NOW FREEZE MOTHERFUCKER !!! »
Ouh putain « Freeze », comme dans les films ! Okay mec je bouge pas, et je fous carrément les bras en l’air.
Bienvenu au Far Middle West.
« -WHAT THE FUCK ARE YOU DOIN ?!?? »
- W-w-w-well I’m l-l-l-l-lost I had to …
- TURN AROUND TURN AROUND HAVE YOU GOT ANY GUNS ?!? »
Ouh putain il est tendax. Oh merde, mes yeux s’habituent à la lumière des phares, le mec a sorti le tronc par la fenêtre et il est en train de me pointer avec ce qui ressemble fort à un calibre de type « chie dans ton froc ».
Je serre les fesses, et dans un même mouvement savant, je tourne sur moi-même tout douuuuuuucement :
« - Nononononono come on I AIN’T GOT NO GUNS ! I AIN’T GOT NOTHING ! LOOK !
- WHAT THE FUCK YOU DOIN’ HERE ???!? »
- Well I I I I I ’m french, my b-b-b-b-band and nnnnnn-nn I p-p-p-played in Browsnsburg but the guy who d-d-d-d-drove me afterwards was n-n-n-n-nnuts and I had to j-j-j-jump out off his p-p-p-p-p-pick up, now I’m l-l-l-l-llost and I got nothing with me ! ».
Pendant le long silence qui suit,  je me rends compte que suis encore sous le choc de tout ce merdier, à tel point que j’ai du mal à parler distinctement sans bégayer. Ça ne doit pas arranger mon affaire et mon crédit auprès de Super-Trucker.
« - WHAT THE FUCK IS THAT SHIT ?! ARE YOU FUCKIN’ KIDDIN ME ?! FUCKIN’ FAIRY TALE MAN ! »
- Nonononononononono p-p-p-please come on I j-j-j-j-jjust look for a l-l-l-llift to Brownsburg, or a-a-a-anywhere else where I can f-f-f-f-find humans and give a c-c-c-c-call or anything please !
- HAVE YOU GOT ANY MONEY ? »
Merde mec, c’est quoi le rapport ? Il veut me plumer ici ?
En joignant le geste  à la parole, je retourne mes poches pour lui signaler que
« - NO I ain’t go n-n-n-n-nothing it’s all in our v-v-v-van ! »
et je pousse le zèle jusqu’à essayer de retourner la poche-ticket (la petite, à droite, bein ouais les gars ça s’appelle la poche-ticket). Miracle : un bifton de 20 dollars plié en quatre tombe sur la chaussée.
« -Wait wait  wait !!!! I had that I d-d-d-did not even know !!»
- HOW MUCH YOU GOT ? »
Putain c’est quoi ce film ?
- 20 b-b-b-bucks ».
- … OKAY GIMME YOUR TWENTY BUCKS AND I DRIVE YOU TO BROWNSBURG. IT’S ON MY WAY. GOTTA PARK MY TRUCK HERE FOR THE NIGHT ».
Putain enculé, je te filerais pas les 20 boules tu me laisserais là ?! En plus c’est sur ta route ! Ah okay.
T’as un gun.
On discute pas.
Mais au moins, par pitié arrête de brailler comme un putois.

wastemen highway steak and shake
--- Niko a piqué le chapeau de Felix, en route pour le Canada.

Il me fait signe de monter. Je grimpe et m’installe sur le siège, le mec est super tendax.
« - I will give you one good piece of advice, man : don’t try to fuck around with me. Am I clear ? »
- O-k-k-k-kay. Sure. Just wanna b-b-b-be in Brownsburg. ».
On roule, je m’aperçois que j’ai les mains qui tremblent, j’essaye de reprendre une respiration normale, mais ça daube vraiment fort là-dedans ; Super-Trucker n’a pas du voir une douche depuis un bon moment. Panneau de signalisation « Brownsburg ».
Ouf.
Le mec tourne à gauche.
Pas ouf.
« - Mmmmm sorry aren’t you g-g-goin to Brownsburg ? »
« - NO I gotta park my truck not so far, my wife will come and pick us up with our car ».
Bon. Il gare son engin dans une zone désaffectée, et sa femme arrive comme prévue. Mal réveillée, les cheveux en vrac, elle est recouverte d’énormes boutons, et daube autant que son mari. Qui, à la lumière froide du parking, apparaît finalement lui aussi très défraîchi. S’ils sont pas alcooliques, ils prennent de la dope.
Elle marmonne quelques questions inaudibles, auxquels son mari répond systématiquement en braillant. Je ne moufte pas. On rentre finalement dans leur voiture qui exhale un inénarrable parfum de chien mouillé, de sueur, de cigarette froide et de vieux simili-skaï.
« - So, where do we drop you in Brownsburg ? »
- Mmmmmm well the v-v-venue erm … uhhhhh »
Putain. Le blanc. Aucune idée du nom de la salle. Je rappelle qu’elle n’était pas au routing initial, ça s’est fait il y a deux jours.
« - The … the p-p-place where there are live g-g-g-gigs, two big rooms, one you can s-s-s-smoke in, and a great t-t-t-terrasse in the backyard ».
- Man, I park my truck here but we don’t live in Brownsburg, I got no idea ».
Merde. Merde merde merde.
« - MMmm it’s d-d-d-downtown, just t-t-take the main street and I’ll tell you »
Mais en fait je n’en ai aucune idée. On roule, on tourne, et Super Trucker perd patience.
« - I had enough road these days, I won’t drive for hours, find the fuckin’ place or I’ll drop you anywhere ».
Vu le ton y a rien à négocier, faut trouver une solution dans la seconde.
« -Yeah sorry, I …. I dunno, just don’t drop me there. Take me to the cops, it’s always open right ? And maybe my friends would be there waiting for me ? »
- To the cops, man ? Are you sure ? You ain’t got ID, nothing »
- No choice, d-d-drop me there ».
jose and the wastemen brownsburg stone's throw
--- photo : Alex procède au ravitaillement avant le concert de Nashville.

On suit les panneaux d’indications du poste. Je prépare mentalement la litanie incroyable, au sens propre, que je vais devoir présenter aux flics.
Il se gare sur le parking. Miracle : la salle est juste derrière.
Je mate l’enseigne : elle s’appelle donc « A Stone’s Throw ».
A un jet de pierre.
Aussi bien c’est encore ouvert. A Rock Island on est resté dans un bar jusqu’à 4 heures après le concert, hier à Louisville on a du finir dans ces eaux là. Ca dépend des Etats, et vu qu’ici on peut fumer dedans, aussi bien il y a encore des êtres humains, et la chance de voir passer les autres parce qu’ils vont bien repasser là à un moment ou un autre.
Et miracle dans le miracle : je vois notre Dodge avec tous les zozos à l’intérieur arriver juste devant. Je leur fais signe, ils sortent et me gueulent dessus.
« - Putain mais t’étais où t’avais pas autre chose à faire que d’aller boire des coups putain on a flippé notre race tu fais chier putain !!!! »
En plusieurs fois, j’essaye de leur expliquer que je ne sors pas du bar, mais de la bagnole de Super Trucker, et tout ce que je viens de vous narrer, par saccades, dans le désordre.
Je m’aperçois que le choc est pas passé, ils s’en rendent compte rapidement je crois. Le pauvre Félix, qui fait sa première tournée avec nous, et sa première tournée tout court, se demande avec quel taré il s’est embarqué. Je devines sur son visage un mélange tout à fait pur de stupéfaction et d’inquiétudes diverses.
Mais non les gars, j’ai pas fait la fermeture du bar. Promis, juré, craché. D’ailleurs vous m’avez bien vu monter dans le pickup de l’autre taré puisque après vous nous suiviez ?!
Oui, mais ils ont cru qu’il m’avait peut-être ramené en route, ou que je m’étais arrêté ailleurs fait la tawa ou etc. etc.
Non les mecs désolé je faisais pas VRAIMENT la tawa pendant tout ce temps. Ni la teuf’, ni la bringue, ni la bamboche.
Je leur demande où EUX sont allé. Et là, stupéfaction, ils sont bien arrivés… chez le gars, sur les indications téléphoniques d’Austin dont la copine conduisait notre Dodge (souvenez-vous, dans l’épisode 1). Et là-bas quand ils ne m’ont pas vu, ils lui ont demandé où j’étais. Ce à quoi le gars a répondu :
« - I don’t know. »
Et il est allé se coucher sans demander son reste.
I don’t know.
Surréaliste. Je bouillonne littéralement à l’intérieur, j’ai envie d’aller le tuer. Je demande aux autres comment ça se fait qu’il ait pu répondre ça. J’étais DANS son pickup putain, il peut pas dire qu’il sait pas où je suis. Il m’a au moins lâché quelque part. Les autres ne comprennent pas non plus.
jose and the wastemen brownsburg stone's throw show concert
--- Felix sort du Chicago Music Exchange avec 12 cordes en plus dans la besace.

J’ai faim, j’ai soif, j’ai envie d’un clope. On est trop content de se retrouver. Alex a un sourire qui illumine le ciel infini de l’Indiana. On décide de tous aller à un fast-food géant qui reste ouvert toute la nuit et qui se trouverait pas très loin. On pourra débriefer, et manger.
Je n’en reviens pas qu’on se soit retrouvé aussi facilement, finalement. Eux non plus. J’apprends petit à petit qu’à un moment de notre chevauchée fantastique avec celui que l’on appelle maintenant « Psycho Burrito », les gars derrière ont failli lui rentrer dedans bien comme il faut, mais pas moyen de savoir si c’était avant ou après que j’aie sauté. Puisqu’ils l’ont reperdu en route. Quoi qu’il en soit, je mange comme 15. Je suis vraiment content d’être en vie et je commence à rigoler un peu.
Je descends deux bières pour la forme et file fumer une clope dehors.
Il y a là un flic qui fait manifestement le planton toute la nuit, en cas de débordement.
Dois-je vous rappeler qu’ici on se trimballe armé ?
Pour je ne sais quelle raison il entame la conversation avec moi, et dans le fil de celle-ci, pour une raison qui m’échappe, je lâche que je suis musicien et qu’on a joué ce soir à Browsnburg, c’est cool, tout ça.
Oulah non pas cool.
Sa tête a changé.


La suite au prochain épisode...
jose wastemen hangdog hearts brownsburg indiana rock show
--- photo : on a tous enregistré notre single dans le Record Booth de Third Man Records. Là je me la pète avec mon exemplaire à Toronto le lendemain d'un concert (catastrophique) au Silver Dollar.
Pour en savoir plus, en entendre plus et en voir plus sur les fabuleux WASTEMEN c'est par ici.

Episode 1
Episode 2

3 oct. 2014

PSYCHO BURRITO, Saison 1 épisode 2

wastemen louisville samuel call me bronco
--- photo : c'était bien CE pickup. Photo prise le lendemain. Vous saurez pourquoi/comment dans l'épisode 3.
Pour l'épisode 1 : RDV ici.

Je reprends mon souffle. Je me tourne vers lui. Re-corps en avant. Secousse intense. Tout défile très vite.
J’essaye de reprendre mes esprits. Il roule comme un taré. Je me dis que ça doit être la suite du concours de quéquette. Genre « Ouais t’as vu , j’ai trois guns dans mon pickup, mais je roule vite aussi, je suis un homme ! ».
J’ai jamais compris ce genre de plan, pourtant très répandu chez les êtres humains pourvus de quéquette. Faut savoir vivre avec les mœurs locales, je ne me formalise pas trop, malgré la surprise. Je toussote juste un peu en ricanant bêtement.
 « - Erm .. hhhhh…. Goin’fast hhhhhhh fun hhhhhh… ermmmm…. »
En me tournant vers lui encore une fois.
Il est fixé sur la route. Accroché. Obnubilé.
Coup d’œil dans le rétro. Je ne vois plus la voiture des autres. Le bruit du moteur. Trop de bruit de moteur. Coup d’œil au compteur. 120. Cent vingt Miles. Calcul mental. 160 km/h.
Reprende ses esprits.
 « - Hey man that’s cool but you gottta slow down cause I can’t see the guys anymore and they have to follow you to go to your place.
- …  ».
Pas de réponse. Bruit du moteur.
Rétroviseur : rien.
« Hey please slow down they can’t know where to go if they lose us.
- … ».
Pas de réponse. Coup d’œil au compteur. 120 miles, toujours.
Finie la ville. Petites routes, champs de maïs. Crissements de pneus. Ca bouge, ca bouge beaucoup. 360 degrés.
Moteur ralentit. Repart à fond.
« - HEY WHAT THE FUCK MAN ?!? Slow down now this is dangerous !
- … »
Pas de réponse. Il fixe la route. Bras tendus. Pas un clignement de paupière. 120 miles.
Ça fait long.
« - YOU GOTTA SLOW DOWN NOW I GOTTA HAVE THE BOYS BEHIND I TOLD YOU ! »
wastemen louisville samuel call me bronco
--- photo : non évidemment je me suis pas amusé à prendre une photo. Je l'ai piqué (bouhhhhh) sur Internet.

Pas de réponse. 120 miles. Champs de maïs. Secousses. Tangue dans tous les sens. 120 miles, on valse. Je me cogne la tête à la vitre. J’ai du mal à déglutir. Je respire très vite.
« - STOP IT NOW STOP THAT SHIT AND SLOW DOWN I WANNA SEE THE GUYS YOU DRIVE LIKE CRAZY !!!
- … »
Pas de réponse. Il fixe la route. Bras tendus sur son volant. Pas d’expression sur le visage. J’hurle dans le vide.
« - STOP IT NOW MOTHERFUCKER I GOT A DAUGHTER !!! I GOT A DAUGHTER YOU’RE GONNA KILL BOTH OF US YOU FUCKIN’ BASTARD !!!!
- … »
Pas de réponse. On valse. 120 miles.
Je prends tout ce que j’ai dans les poumons
« - I GOT DAUGHTER !!!! I GOT A DAUGHTER !!!!!
- … »
Le fils de pute ne bronche pas. Je panique totalement. On va crever. Ça tangue putain de méchament.
Le paysage qui défile n’a aucun sens. Montée d’adrénaline.
A soulever une montagne.
wastemen highway steak and shake
--- photo : non évidemment je me suis pas amusé à me scanner le cerveau. Montage honteux réalisé par mes soins.
« - OKAY NOW STOP IT OR I’M GONNA KILL YOU ! I DON’T CARE CUSE YOU’RE GONNA KILL US ! YOU FUCKING BASTARD !! I’m GONNA CUT YOUR THROAT AND SHIT IN YOUR NECK WHEN THIS IS ALL OVER !!! 
- … »
Je joins le geste à la parole mais je n’ai ni couteau ni scie sauteuse sous la main. Lui il a 3 guns derrière.
J’empoigne son cou de bœuf sous hormones avec mes deux mains. Je serre pas tout de suite. Il va comprendre que là, ça suffit. Obligé. 
Quedalle. 120 miles toujours. Je serre un peu
« STOP THAT SHIT MAN I’M GONNA DO IT ! SLOW DOWN NOW ! LEAVE ME HERE I DON’T CARE !!!! 
- … »
Le bâtard fixe la route. Bras tendus. 120 miles. Le cul du pick up part encore une fois dangereusement dans un virage. Crissement de pneus. J’vais crever.
Putain, j’vais crever. J’vais crever ? J’vais crever. J’vais crever.
Je serre de toutes mes forces. Son cou dur comme de l’acier. Il bronche pas. Peur qu’il m’envoie un coup de poing dans le pif. Je fais pas le poids. Il a 3 guns derrière. Je serre. Je serre. J’hurle. Il bronche pas. 100 miles. Je serre. J’hurle. 70 miles. J’hurle. Ses bras tendus. 30 miles. Il veut pas broncher. 20 miles.
Maintenant. Ou jamais. Ou son coup de poing ? Ses guns ? Coeur qui tape. Gorge sèche. Maintenant. Regarder le bas côté. Pas encore. Ses mains sur le volant. Maintenant. Peur. Le bas côté. Un ravin sous la lune. Maintenant. Peur.
Relâche mes mains. Ouvre la portière. Flash blancs. Hurler. Flash blancs. Peur. PEUR. PEUR.

Ma fille.

jose and the wastemen brownsburg stone's throw

Sauter.

Battements de mon cœur. Très fort. A faire mal. Je suis en vie. J’attends.
Attendre. Pas bouger. Pas de grosse douleur. Rien de cassé. Mal à la cuisse. Mal à la tête. Mais rien de cassé. Attendre quand-même. La nuit tout autour.
Je sais trop qu’on peut avoir un vilain truc et ne pas le sentir quand on a eu trop d’émotions. Et là j’ai eu mon lot. Je ne vois pas très bien.
Merde. Mes lunettes.
Et l’autre il est où ?
Je suis myope comme une taupe. Je me mets à genoux. Je suis au fond d’un bas-côté de route. L’herbe haute et des espèces de ronces m’ont amorties tant bien que mal. Et l’autre il est où ? Pas de bruit de moteur.
Je n’en reviens pas. Je n’ai rien de cassé. J’ai envie de pleurer de joie. Je pleure de joie. Ou de je ne sais quoi. Retrouver mes lunettes. Je remonte doucement le bas côté à genoux en tâtant tout ce que je peux avec les mains. Me voilà à hauteur de la route. Comme une taupe qui sort de son trou.
Plus de pickup. Plus rien. Juste la route, moi, et du maïs partout.
Je tâtonne. Entre l’angoisse d’avoir perdu mes lunettes (je ne vois vraiment rien à plus d’un mètre) et la joie de pas être blessé et de m’être échappé de ce gonze. Il allait où ? M’enculer dans un champ ? Juste nous tuer en caisse ? Rien à foutre, je veux mes lunettes. Je tâtonne à quatre pattes dans un silence absolu. Je n’entends que ma respiration. La face à 3 cm du sol. Je tâtonne. Mes lunettes.
PUTAIN MES LUNETTES !!!!
Je les sens au bout de mes doigts. Je repleure.
jose and the wastemen brownsburg stone's throw show concert
--- photo : non évidemment  etc. (et avec quoi d'ailleurs ?). Montage honteux réalisé par mes soins.
Désolé de décevoir mes plus grand(e)s fans : je suis une grosse chialeuse.
Vite-fait hein, poussez-pas, non plus : de joie.
Je chausse la monture. Vaguement tordue mais quasi rien. Le miracle. Double miracle : indemne, avec mes lunettes.
Rien ne peut m’arrêter je suis invincible.

Okay mon grand. T’es invincible si tu veux.
Rien ne peut t’arrêter, si tu veux, mais tu vas aller où, justement ? 
T’es paumé. Tout ce que t’as comme repère, c’est une belle lune. 
Du maïs partout. Une route déserte. Et mal à la cuisse.
Merde.

Ça caille. Je suis en débardeur. 
Merde.

Donc j’ai pas ma veste.
Elle est dans le Dodge.
Donc pas de portefeuille.
Pas de portable.
Pas de thunes.
Pas de papiers.
Pas de clope.

Rien.

Ma bite et mes lunettes dans un champ de maïs géant.

T’en voulais de l’aventure ? Bein voilà. T’en as. 
Silence. Froid. Cœur qui tape. Bras qui tremblent.

Parenthèse : juste avant et pendant que je sautais : au risque de vous décevoir (on m'a posé la question plusieurs fois) je n’ai pas du tout vu ma vie défiler, ou ce genre de trucs qu’on lit parfois dans les livres. Je ne dis pas ce que ça ne peut pas arriver hein, je signale juste qu’en ce qui me concerne, je n’ai vu que du mauve et du blanc qui faisaient des danses stroboscopiques zarbies. Basta. 
Si un jour je saute en parachute, qu’il refuse de s’ouvrir et qu’il ne se débloque qu’à 100 mètre du sol, in extremis, je vous dirai si jamais j’ai vu ma vie défiler. Là, non. Désolé.
jose wastemen hangdog hearts brownsburg indiana rock show
Retour sur la chaussée de l’Indiana.
Je me pèle le jonc. Et émotions ou pas, j’arrive à calculer que grosso merdo, on a fait 15 ou 20 bornes depuis Brownsburg. Il doit être 2 heures du matin. Et donc j’en ai pour 3 ou 4 heures de marche. Je regarde la lune : faut que je parte à l’ouest. Quand t’as passé une bonne partie de ta vie à la campagne, tu sais ces choses. 
Je marche. Pas de clopes, ça me fout le démon. Ceci dit, avec la tremblotte que je me tape, je suis pas sur de pouvoir la tenir sans l’échapper au bout de deux secondes. De temps à autre je rigole tout seul, à gorge déployée. De grands fou-rires. La seconde d’après je suis pris d’une forme de panique. Putain je vais pas marcher 3 heures en débardeur avec un froid pareil. Pas de lumière où que ce soit, même si on y voit très clair grâce à la lune.
Du maïs partout, pas un bruit, on est clairement loin de tout. Mais où sont les autres ? Ils ont vraiment été semés, sinon je les aurai recroisés. Ils vont bien se rendre compte que je suis pas arrivé chez le gars.

Quelqu’un va repasser c’est obligé. 
Je serre les poings dans mes poches.


La suite au prochain épisode ...
En savoir-entendre-voir plus sur Jose & the WASTEMEN, c'est par ici.

23 sept. 2014

PSYCHO BURRITO, Saison 1 épisode 1

Quand Oli Fenec m’a sollicité pour écrire quelque chose sur notre tournée aux USA & Canada de cet été avec les WASTEMEN, j’ai d’abord hésité, par manque de temps. Je n’en ai plus assez pour écrire alors que j’adore ça, mais que voulez-vous, c’est la vie ma bonne dame. J’ai déjà de plus en plus mal à avoir du temps pour la musique. Quand on n’est pas intermittent, c’est pas la forcément la fête.
Et puis finalement je me suis dit que ça ne serait pas si mal, parce que ça me permettrait de liquider une des anecdotes de ce fameux voyage, que j’avais eu le malheur de dévoiler vite fait sur facebook.
Pendant tout notre périple de 3 semaines, qui nous aura vu aller de Rock Island à Montréal en passant par Nashville ou Toronto pendant les 5888 kilmomètres que j’ai conduits intégralement, j’ai laissé le soin à mes comparses, connectés et équipés, de gérer notre présence sur les réseaux sociaux ; pour rassurer tatan Denise ou copine Tartempion. La seule fois que j’ai posté un message, c’était celui-ci :

////// 

Dimanche 20 Juillet 2014.
Vider un bar country à Brownsburg, Indiana, en jouant du rock : fait.
Se jeter d'un pickup sur le coup des 2h du matin, après avoir essayé d'étrangler son conducteur (qui portait un Stetson) : fait.
Se retrouver seul, perdu au milieu des champs en Indiana : fait.
Bloquer un camion au milieu des champs pour essayer de revenir en ville (à Brownsburg, Indiana) : fait.
Finir une soirée en discutant avec un flic américain fan de la femme de Alexandre De Meyer devant un fast-food zarbi : fait.
Être content d'être en vie : fait.
//////
Je ne m’attendais aucunement au retentissement international qu’allait générer ces quelques lignes, faisant passer la récente guerre au Machinistan ou le renversement de Trükmüsh (j’ai pas tout suivi ces derniers temps) pour des entrefilets de faits divers de la Presse Quotidienne Régionale.
Submergé depuis lors par des millions de lettres de fans angoissés, harcelé jour et nuit dans la rue et à mon domicile, je me devais de vous narrer cette journée par le menu. Cette journée et cette nuit, je préviens, c’est un peu long.
Et comme ça on n’en parle plus, et millions de fans mis à part, mes potes/connaissances/gens que je croise pourront me parler d’autre chose.
Si j’avais dit avoir niqué Kate Moss en sniffant de la coke sur le bureau de Obama, ça aurait été le même tarif. Les premières fois que tu racontes ça, t’es encore dedans (si je puis dire); t’es limite en train de faire de l’Actor’s Studio : « Ouais et là tu vois j’l’ai prise comme ça shlak-shlak ! » à grands renforts de gestes, de mimiques, et d’entrain communicatif. Mais dès la troisième fois, tu t’aperçois que t’es pas acteur du tout, et que finalement tu ne sais pas trop bien raconter ça en vrai, en 3D Haute Définition (la vraie vie, quoi). Ça doit être aussi ma nature, je sais pas, mais donc tout ça pour vous dire que comme ça sera raconté une fois, je serai pas obligé de la raconter à Copinou et Poto en faisant semblant d’être encore à fond, plein d’adrénaline et de rebondissements en-veux-tu-en-voilà.


Et voilà donc la fameuse histoire de… Psycho Burrito. 

J’allume ma pipe au coin du feu, installez-vous confortablement les enfants.
Samedi 19 Juillet.
On se réveille tant bien que mal à Louisville, Kentucky.
wastemen louisville samuel call me bronco

Photo : Samuel n'est jamais fatigué. A fond la forme dès le petit matin.


Après le concert d’hier soir, on a été accueilli chez Samuel, promoteur du concert, qui faisait aussi serveur dans le lieu où on a joué (« Higlands Tap Room »), qui a aussi joué avec nous en formule solo « Samuel St Samuel »,  qui est aussi chanteur guitariste de Call Me Bronco. Et qui revenait hier après-midi de trois semaines de tournée avec ce dernier groupe. Ça fait beaucoup.
L’appartement n’était donc pas dans un état de fraîcheur extrême. Notre gars était manifestement parti dans la précipitation pour ses trois semaines de tournée.
Le festival de chaussettes sales, de slips douteux, de poubelles éventrées, de vaisselle éparpillée (qu’on distingue malgré les nuéees de mouches) est typiquement le genre de truc qui fait que tu n’emmèneras JAMAIS ta meuf’ en tournée. Elle décéderait instantanément, cherche pas.
Félix, notre guitariste canadien « de remplacement » (je vous passe les détails) qui a pourtant un zizi, a carrément préféré dormir à même le sol de notre véhicule de location parqué en face dans la rue.
Moi, qui en ai vu d’autres (aïe, mes rhumatismes), je me suis accommodé d’un canapé ( ?) duquel j’ai du virer plusieurs kilogrammes de ferraille et de bois avant de pouvoir m’y allonger. Alex, notre bassiste franco-américain « de remplacement » (je vous passe les détails) a dormi par terre dans le salon, alors que la teuf' battait encore son plein puisque notre hôte avait aussi invité plein de potes qui avaient de quoi tenir toute la nuit ; et plus si affinités nasales.
Je crois que Niko, notre batteur français « de remplacement » (je vous passe les détails) a dormi sur ce qui avait dû être un fauteuil il y a quelques années (décennies ?). Soda, artiste solo à connaître absolument, et qui a fait quasiment tous les concerts américains avec nous, n’a, je crois, pas dormi du tout. Soda, c’est un vrai.
Tout ceci dit sans aucune malveillance ou mauvaise pensée envers Samuel, qui est un gars en or, un vrai rocker; le cœur sur la main et la bière dans l’autre. Merci Samuel, tu déchires.
Après ce réveil fait de romantisme et de fraîcheur boisée, il fallait penser à ce soir. C’est comme ça que ça marche en tournée : tu te réveilles, t’as du mal, et il est l’heure de se demander : « Et ce soir on fait quoi ? On joue où ? ».
Et bien normalement, ce soir, on est « off » à Nashville pour faire les touristes avant le concert du lendemain (à Nashville). Et on doit aller au NAAM, grand raout des pros de l’équipement musical auquel nous conviait gentiment Jeff Nolan, qui venait depuis Orlando nous rejoindre à Nashville pour faire le concert avec nous, soit le kiff ultime puisque je suis fan et qu’on s’était jamais rencontrés en vrai.
Mais finalement le très cool Austin de Hangdog Hearts, avec qui on avait partagé l’affiche au Chopin Theatre de Chicago, nous a proposé il y a deux jours d’aller jouer à Brownsburg (Indiana), ville banlieue d’Indianapolis, où ils allaient finir leur tournée d’été.
On se voyait mal refuser une date de plus, vus les haut niveaux de gaule-kiff qu’on se prenait depuis le début. Et ce même si ça nous (et surtout me) faisait un peu rebrousser chemin avant de repartir pour Nashville.
wastemen highway steak and shake

Photo : aller manger une salade dans un Steak and Shake. Sexy.

On arrive donc à Brownsburg, Indiana, après une petite pause dans un Steak'n'Shake.
C’est pas hyper citadin. Pas hyper campagne. Par contre c’est hyper étendu (au sens de « étalé »), avec des rues comme toutes celles du middle-west, rien de spécial.
Le lieu est über-cool. On peut fumer dedans, bienvenue en 1997. C’est samedi et il y a déjà pas mal de monde sur le coup des 18h00. Ca se présente bien. En plus Austin et sa bande sont d’ici, leur dernier concert de tournée à la maison, c’est l’assurance de jouer devant une salle garnie, d’autant plus qu’il nous laisse jouer tête d’affiche.
jose and the wastemen brownsburg stone's throw
Photo : Le calme avant la tempête.

On a droit à une quota de ministre au bar, et les gens sont ravis de discuter avec nous. La salle qui peut accueillir facilement 250 personnes est bien équipée et bien foutue. Tout s’annonce pour le mieux.
A l’heure de monter sur scène on a quelques IPAs (la nouvelle bière à la mode aux USA) derrière la cravate. Sauf Felix, qui est la sagesse même, option sécurité 4 fromages. On va sur scène en sirotant entre une MILF en manque et un vétéran de Desert Storm, ça gère pépère. On en a bus d’autres.
Soda puis The Hangdog Hearts ont fini leurs sets. A nous d'attaquer, avec « Hello There », la reprise de Cheap Trick.
jose and the wastemen brownsburg stone's throw show concert
Photo : promis lers gars, la prochaine fois on jouera de la Country.

Je sens que ça ne prend pas. Assez rapidement. Les autres titres n’arrangent rien, et « Go Fuck Yourself » trouve un accueil pour le moins mitigé, qui voit une grande partie du public sortir de la salle pour aller se réfugier sur la grande terrasse arrière.
Toussotement.
Pourtant les autres fois (et celles à suivre) les gens étaient plutôt enclin à brailler le refrain avec nous. Là, pas du tout. Il doit rester environ 8 personnes. J’essaye de tchatcher un peu entre les morceaux pour raccrocher les wagons. D’ailleurs avant d’arriver là-bas c’était le truc qui me stressait le plus. Et finalement c’est un des trucs que j’ai le plus apprécié : taper le bout de gras avec la salle, dans leur langue sans me prendre le front en sortant ce qui me passait par la tête, et des fois on s’est bien marré. Là, je vois que ça sert pas à grand chose, et qu’il vaut mieux en finir au plus vite. On a beau essayer de calmer le jeu en casant du Muddy Waters ou autres reprises plus pépouzes, nan, ce soir, ça marchera pas.
On finit le concert pareil. Pas mémorable. Vue l’ambiance et la quasi absence de public, le contraire serait étonnant. Pas catastrophique non plus. C’est juste le concert où tu te dis « bon, il en fallait un pas terrible, c’est lui, merci au revoir et au suivant !». A nos âges, on est plus à se remettre en question et à s’arracher les cheveux quand ça se passe pas super bien; ça arrive, c’est tout.
Je passe quand même au stand de merchandising, car il faut bien croûter et mettre de la sauce dans le Dodge. Les rares personnes qui passent nous font comprendre, sans animosité aucune mais de façon assez claire, que ici c’est plutôt un club country. Folk passe encore mon pote, mais ici c’est country les gars, okay ?
Okay. Mais pour le coup désolé je n’ai pas d’anecdotes à la Blues Brothers à raconter, dans lesquelles les gens nous hueraient, nous jetteraient des canettes, où l’on serait protégé par des grillages, et où ça finirait en cassage de chaises sur la gueule. Pourtant on a joué à Rock Island, la ville des Blues Brothers.
Non-non. On nous fait juste comprendre que ce qu’on a fait, c’est aussi pertinent que d’aller faire un happening grind-metal-core avec option « art contemporain » (celle où tu pauses un radis sur un moëllon) dans une fête antillaise où les gens attendent Zouk Machine pour faire du limbo.
Dont acte.
jose wastemen hangdog hearts brownsburg indiana rock show
Mais (ce mais est important car vous avez vu, avant , j’ai sauté une ligne, c’est bien fait hein ?!?) un gars improbable arrive au stand.
Enfin, improbable pour nous français. Pour là-bas, en Indiana, pas tant que ça.
Le gaillard, dans la trentaine, fait quasiment deux mètres. Il a une chemise blanche impeccable, brillante à te péter la rétine. Un grand chapeau Stetson flambant neuf. De jolies bottes lustrées. Un visage couleur cuivre, taillé au couteau, avec une belle moustache fine à la mexicaine, et des mâchoires carrées prêtes à dévorer un bœuf vivant. Un beau bébé athlétique, avec une carrure de Quaterback qui n’aurait pas besoin d’épaulettes, qui sent fort le parfum et engage la discussion par un suprenant :
« HEY GUYS GREAT !!!! IT WAS AMAZING ! INCREDIBLE ! »

Are you kidding me ?

Tu te méfies toujours. Là-bas il peuvent se servir de ce genre d’adjectifs pour parler d’un hot-dog qui est le même que celui de la veille, et qui est tout à fait banal. Ou d’une savonnette trouvée dans un 7/11.
Là-bas un truc normal, c’est AU MOINS « amazing ».
Donc bref je dis merci au gars et je le laisse dérouler.
« YOU GUYS CAN REALLY PLAY ROCK’N’ROLL I WANNA BUY ALL YOUR STUFF !».
Okay là, mec, tu m’intéresses.
Kesstu prends ? J’ten mets combien ?
Simple : il prend tout. T shirts, Cds, patches…
Et tous les modèles.
Et en double.
Je lui propose de lui payer un bière. Vu ce qu’il vient de nous filer,  on va marquer le coup, hein Niko & Alex ?!? Quand je veux marquer le coup j’appelle toujours Niko & Alex car ce sont deux charmants compagnons de route qui ne disent jamais non. En plus d’être des super-potes-bisous-poutous les gars vous me manquez.
Mais non, même pas besoin de lui raquer une bière, le mec a pensé à tout.
 « COME ON GUYS IT’S ON THE HOUSE ! I ORDERED SHOOTERS FOR YOU ALL ! »
Et effectivement une serveuse arrive avec tout un plateau de shooters whisky pour lui et nous.  Le mec, en plus, paye sa tournée.
Puis une deuxième.
Et il est toujours aussi enthousiaste. Ça fait plaisir. Ça sauve au moins un peu de dignité de la soirée. Et il propose une troisième tournée.
Hum… Bon, là, mon grand, il faut qu’on y aille, on va à Nashville demain, tout ça tout ça, alors on se fait la bise et on y va passque sinon je sens que tu vas faire copain avec nous et que on va sortir d’ici les pieds devant, et que demain ça va être douloureux.
On sort donc sur le trottoir devant la place, le Dodge est juste devant. Le luxe.
Je pose aux gars la question rituelle de chaque fin de soirée/concert pendant 3 semaines :
« Ouais okay donc euuuuuuh on y va mais euh ….on va dormir où ce soir au fait ? »
Et Austin de Hangdog Hearts de répondre, goguenard : « Man, you sleep at his place » en me désignant notre nouveau copain cow-boy.


Ah okay en plus on dort chez lui, c’est la totale.

Ce mec est manifestement un don du ciel.


Je me sens un coup de perfection, tu sais, ces moments où tout est cool et tout va bien se passer. On va chez lui ? Eh bien on n’a qu’à se suivre. Moi j’ai la flemme de conduire tous les jours, tout seul, et on doit en être au tiers du trajet global que je vais me cogner tout seul. Donc je me dis que là, pour ce soir, EXCEPTIONNELLEMENT je vais filer les clefs à quelqu’un, et me faire conduire après le concert. Le luxe de grosse star quoi. Comme en plus on sort de tournées de shooters, et que Soda nous a alerté tout du long sur le fait qu’en Indiana, ça rigole pas… Je remets donc les clefs à une fille qui connaît Alex et Austin et qui veut bien nous raccompagner (en tout bien tout honneur, cela va de soi). Et je me retourne vers notre cowboy cuivré en lançant un tonitruant 

« -ALRIGHT BUDDY ! WE GO TO YOU HOME ! ‘GONNA RIDE WITH YOU AND ALL THE MATES WILL FOLLOW, RIGHT ?!? »
-YEAH !!!!! »
Tout le monde est content, c’est la fête, dans 15 mn on est chez lui, on fait la teuf, on joue demain soir à Nashville, concert pas terrible ou pas ce soir c’est le trip de ma vie, mes copains sont géniaux, tout va bien, super, groovy, vive la vie !
J’accompagne donc le Cowboy jusqu’à son pick up, garé une vingtaine de mètres plus loin, pendant que les gars et la meuf qui conduit nous attendent pour nous suivre. Mon nouveau pote (désolé mais je n’ai pas retenu son prénom) me lance alors un  
« -HEY MAN YOU KNOW WHAT ?!!! »
- Mmmmm nooooo ? »
- I GOT THREE GUNS IN THE BACK OF MY TRUCK »
- Mmmm okayyyy coool yeah man yeah cool yeah».
Sûrement une façon de dire bienvenue, en mode « concours de quéquette », comme certains gars ailleurs sur la planète sont fiers de te dire qu’ils ont un yacht, une femme avec des faux seins, une playstation, ou un kit Polini avec carbu de 32 (choisis ton époque et ta classe sociale avec ces exemples), en faisant un burn avec leur moto ou en montrant leur Rolex.
Je m’installe à l’avant de son énorme pickup, aussi blanc et clinquant que sa chemise. On fait demi tour dans le parking, on passe devant les potos (« youhouuuuuu-coucou » avec la main) qui nous emboîtent la roue, et on se retrouve devant un feu rouge.
Direction la maison du cowboy.


Presssion sur la poitrine.


Grosse accélération. Corps qui part en avant. 
Cowboy a soit chaussé des chaussures en fonte, soit il essaye de passer le pied à travers le plancher. 


La suite au prochain épisode ...

12 sept. 2014

Malcolm


 Je profite de ma petite pause de midi pour vous raconter mon rêve de la nuit.
Je suis en vacances en Italie dans un village troglodyte. Je croise par hasard Malcolm Young, en pleine forme. Je suis comme un dingue et je lui demande donc s'il est bien rétabli (il a de graves soucis de santé et a dû quitter, provisoirement j'espère, AC/DC dont il est le fondateur et le cerveau). Il me dit que tout va bien à présent, qu'il va pouvoir reprendre, qu'il a hâte de remonter sur scène et que le prochain album va défoncer. On part se ballader en ville faire des disquaires vinyles, on est copain comme cochon et on discute de leur discographie, des pochettes (notament de FLY ON THE WALL et lui aussi ne comprend pas pourquoi la mouche est dans le Y et non pas dans le le O) , de la production de tel ou tel album (dont encore FLY ON THE WALL dont il dit en rigolant que c'est une merde finie), de matos (quel ampli pour Powerage par exemple ?). Je suis ultra-comme-un-dingue. A un moment on va prendre un café dan un boui-boui où il a manifestement ses habitudes. Il commande un immense café turc, je fais de même mais la tenancière réclame mon argent AVANT d'être servi, ce qui me fait tiquer. Malcolm me dit ne de ne pas faire attention, qu'elle est comme ça et il se marre. On continue à déambuler à droite à gauche dans la petite ville, et il me fournit anecdotes sur anecdote dans une bonne humeur totale. Je résume vraiment car dans mon rêve ça durait toute une journée. A la fin je dois rentrer en train, on s'embrasse, il me dit qu'on se voit au prochain concert en France, et qu'on tapera un bœuf sur du Muddy Waters pendant les balances.
Je me suis réveillé, et j'ai prié très fort que ce soit prémonitoire, avant tout pour ses ennuis de santé. //Sinon promis un de ces 4 je m'y mets pour faire un petit compte rendu de la tournée US+Canada avec les Wastemen. Je viens juste de récupérer enfin toutes les vidéos, accessoirement. Il ne reste plus qu'à trouver du temps ...

14 juin 2014

TEMPLES @ TINALS 2014


Je n'avais jamais entendu parler du THIS IS NOT A LOVE SONG FESTIVAL avant que je n'apprenne via les réseaux sociaux que TEMPLES passait là-bas.
Abasourdi par la qualité de leur prestation à Coaechalla que j'avais matée sur youtube (il a été retiré depuis, donc pas pas la peine que je vous fournisse un lien périmé...) je m'étais dit que aller voir ça gratos un jour férié, dans le sud, c'était un programme plutôt funky-fresh. Même si, comme certains le savent déjà, je conchie la production de leur album, qui retire aux chansons toute la substantifique moelle que l'on retrouve bien sur scène. Encore le coup d'un DA de label ou d'un manager super malin qui s'est dit "ah bein tiens comme vous êtes estampillés psyché (j'ai envie de dire, comme "tout le monde") on va faire une prod' à la Tame Impala, passque eux ça marche, CQFD."
Sauf que sur du TEMPLES, la prod' à la Tame Impala, ça fait juste chier. C'est inécoutable à la longue, point barre. Pour Tame Impala ça passe, peut-être parce que Tame Impala n'ont pas de chansons, mais seulement des airs ou des bribes d'idées (allez prends ça dans ta gueule, c'est gratuit.).
EDIT : gros mea culpa : l'album a été fait à la maison par le chanteur et le bassiste, et donc je suis d'un coup beaucoup moins vindicatif sur une production qui a du avoisiner les 13 euros, cf.cettte entrevue. Il  n'en reste pas moins que cette production "couvercle" à la mode ne me convainc guère, et fatigue à la longue.


On arrive donc au festival (en van, cela va de soi) en ce beau jeudi ensoleillé. Je croyais que c'était en centre-ville, pas du tout, c'est en fait dans une SMAC relativement excentrée qui s'appelle "Paloma"; dont je n'avais jamais entendu parler. Au vu de mon amour inconsidéré pour ces mouroirs (en général, je précise, EN GENERAL) de la musique, finalement rien de surprenant dans mon ignorance.

Il y a donc une scène en plein air qui accueille trois concerts gratuits par jour, et des bouts de la programmation du soir, panachée entre l'extérieur deux salles intérieures (de, au pif, 1200 et 300 places). Les deux salles intérieures étant hébergés dans un bâtiment surréaliste qui a dû couter aussi cher qu'il est réussi. Comme ce n'est pas toujours le cas, il n'est pas inutile d'apporter cette précision.
Le set de SPEEDY ORTIZ a commencé alors que nous errons de-ci de-là pour découvrir un site ma foi fort réussi, chaleureux et accueillant. Malgré (j'ai envie de dire "comme prévu") des prix prohibitifs pour de la bouffe format XXS, et une absence incompréhensible de merguez.
Car rappelons-le : festival EGALE merguez. Cherchez pas, c'est comme ça.
F = mb
² (Festival = merguez par bière au carré)
Promoteurs, organisateurs, n'oubliez jamais cette règle d'or.

Donc bon, SPEEDY ORTIZ, oui c'est sympi, c'est sympa, prenons une bière.
Fin de concert, verdict : je ne peux siffloter aucun air/riff/gimmick que j'aurais retenu, donc j'ai déjà oublié ce groupe, désolé les gars mais ce principe de base me revient de plus en plus comme un commandement inamovible.
On fait passer le temps en découvrant les ateliers "collier de fleurs", "badges à fabriquer soir-même", "sérigraphies à réaliser soi-même", "sex-toys à ...." ah non ils n'en ont pas encore, mais qui sait hein ?
Et puis un tour aux stands de vinyles aussi, mais bizarrement, je n 'ai rien acheté, malgré un alléchant Doctor John qui me faisait de l'oeil. On se prépare pour Temples (abdos, pompes etc.) afin d'être dans un timing optimum.
Les voilà, alors que le soleil commence à s'affaisser gentiment là-bas sur l'ouest qui m'attend cet été. Petit détour nerd, aujourd'hui les deux gratteux jouent sur des AC30 (sauf la 12 cordes Danelectro qui passe par ce qui semble être un Fender Deluxe), je suis donc ravi avant même que ça commence, car j'adore ces amplis, voilà, c'est fait je ne vous emmerde plus avec mes détails techniques à la con.
Quoique.
Puisqu'on a commencé par les détails du son, allons à fond dans le son : il est parfait, et ce dès les 10 première secondes. Certains ingé-sons doivent mettre parfois 30 minutes pour régler une reverb' sur une voix, parfois ils mettent 40 minutes à juste réaliser qu'on n'entend que la grosse caisse et le chant, mais non là, à la dixième seconde, le son est celui que tu pourrais avoir en mettant ta chaine hi-fi (et si t'en as pas, va vite en acheter une pour 100 balles tout compris chez Cash converter car ton iPod et ses brelogues à oreilles c'est de la merde, point barre) à burnes de chez burnes.
Puissant et dynamique, tout en restant clair.
Continuons technique,  instrumentale maintenant : aucun pain, aucun écart, tout est dedans. Dans le dedans du dedans, c'est à dire DANS le groove et TOUS ensemble. Tout ça sans jamais se regarder. Millimétré mais vivant. Ultra-impressionnant, parce que certains passages son super chauds à exécuter. Niveau voix, même niveau : tout est dedans, et les gars te font des tierces et des quintes aussi facilement que Bygmalion des fausses factures. Parlant de niveau, le groupe sait jouer (comme tous les grands groupes finalement) avec le niveau sonore : on passe allègrement d'un passage avec grosse basse fuzz saturée dans ta gueule à un passage dans lequel deux voix angéliques en mode falsetto caressent les ailes des oiseaux pour allez plus hauuuuuuuuuuuut c'est c'qu'il y a d'plus beauuuuuuuuu (ou quelque chose comme ça). 
C'est bien simple : tout est maîtrisé.
Limite trop si on est venu pour une ambiance rock'n'roll (pour ça il y a les BLACK LIPS qui sont en un -bon- sens l'inverse absolu de Temples, on en reparle plus loin).
Autre signe des grands groupes : un batteur hors du commun.

Je rappelle à ceux qui auraient loupé les cours sur l'indispensable batteur de génie,  la règle qui suit : tu peux avoir les meilleurs compos du monde, le meilleur son, le meilleur tout ce que tu veux, si t'as pas le batteur qui va avec, reste chez toi car ça ne sert à rien. Aucun grand groupe n'a un batteur en carton. Alors que pas mal de grands groupes ont des chanteurs/bassistes/guitaristes en carton, ou tout juste potables.
La preuve par 3 exemples (il pourrait y en avoir environ 300 000) : KISS, BLUE OYSTER CULT et les RAMONES sont des groupes que j'adore, mais ce ne sont pas de grands groupes car leurs batteurs sont en carton. Avec ce genre de phrases définitives, je vais encore me faire des potes.
Celui de KiSS il est même en succédané de carton éco-citoyen-recyclable, à tel point que même Danelectro n'en voudrait pas pour fabriquer son interlope "masonite".
AC/DC ? Led Zeppelin ? Beatles ? Pink Floyd ? King Crimson ? CCR ? 
Oui là y a du batteur et du grand groupe. 
Comme vous le voyez dans les références : le bon batteur ne se définit pas par un style ou une façon de jouer, et pour résumer cette digression dans la digression je dirai juste que ce sont des batteurs qui se mettent au service des chansons, et qui font que le groupe sonne tel qu'il sonne (il faudrait un livre entier pour épuiser ce sujet). 
Le batteur les mecs : LE BATTEUR.
Le BEAT.
Donc bon, TEMPLES, ils ont un putain de vrai batteur qui sait rester dans le fond du fond du fond du slip du temps (un peu à la façon de celui de BLACK CROWES dans un tout autre registre musical), qui sait avoiner quand il faut, qui sait retenir quand il faut, qui marque tout bien comme il faut avec son bassiste, c'est vraiment la colonne vertébrale du groupe.
Bassiste qui tombe des lignes de basse baroques à pleurer, qui sont toujours impeccablement agencées avec les autres instruments, en faisant (comme dans les 60s qu'ils ont manifestement bien étudié) un vrai instrument à part entière, et non pas "le machin sourd derrière qui renforce juste le côté massif du groupe" qui permet à notre ami l'ingé son de te faire tomber tous tes poils du cul en faisant joujou-mumuze avec ses putains de subs à burnes, transformant des NOTES en FREQUENCES indiscernables (sauf par tes intestins) ...
Notez que parfois il faut juste être "le machin sourd derrière qui renforce juste le côté massif du groupe", comme dans "A question isn't answered" (mon morceau préféré) où le passage à la fuzz est d'une rare puissance sur scène (sur le disque je vous accorde que ça pète moyen). Là encore, un musicien qui sert parfaitement les chansons.
Du côté des guitares, médusation totale : tout est parfaitement ciselé, ils savent faire des arpèges en nuances (ça se fait rare, faire des arpèges c'est pas JUSTE égréner des notes, il faut de l'âme dedans), ils savent faire péter quand il faut et comme il faut, avec juste ce qu'il faut d'effets (on ne tombe pas dans la débauche, un petit delay inversé quand il faut, un petit fuzz, ça suffit). Les variations de puissance apportent vraiment quelque chose à des chansons déjà extrêmement bien écrites. Quand il faut partir en impro, ça y part vraiment bien (même si on peut regretter que seule la guitare s'explore dans l'inconnu, basse et batterie gardant généralement les thèmes principaux pour que le gratteux/chanteur puisse repartir quand il veut).
De ce côté là il serait bon qu'ils se décoincent un peu le chibre, ne serait-ce qu'une fois dans le concert. Ce petit manque de folie peut rendre l'ensemble si ce n'est "froid", parfois un peu trop clinique.
Mais honnêtement, je cherche la petite bête. Et signalons que vu leur âge, la marge de progression et d'assurance reste proprement hallucinante (le groupe fête ses deux ans d'existence). Ce trop plein de retenue sur scène s'estompera surement avec la bouteille qu'ils prendront naturellement. Et c'est déjà incroyable de voir un tel niveau, à tous les niveaux, sur scène.
Et pourtant je ne vous ai pas encore parlé du chant. Parfait.
Que ce soit le chanteur (dont la voix est pourtant massacrée par la prod' sur l'album) ou les chœurs des deux autres, tout est en place, juste, beau, velouté, ensorcelant. Ça coule tellement tout seul que on en est vraiment comme deux ronds de flan : "on peut vraiment chanter aussi bien à trois sur une scène ? Vraiment ???". Et quand c'est magnifié par un ingé-son qui sait choisir et régler la bonne réverb' qui va avec, on plane très, mais alors très haut.
A part le trop plein de retenue, et un enchaînement discutable des trois chansons les plus "poppy 60s" ("Golden Throne" et "The Guesser" notamment) dans le set, franchement, je vois mal où et comment trouver le moindre défaut à leur prestation.
J'ai oublié de parler du guitariste qui fait aussi les parties de clavier, il est magique. Juste ce qu'il faut, quand il faut, comme il faut.
A un moment, j'avais les larmes qui coulaient toutes seules, je vous jure. 
Tout était à sa place. Eux, le soleil, le vent, le son, moi.
Et en tant que "vieux con qui en a vu d'autres", ça faisait longtemps.
Okay LE DUC FACTORY m'a scié l'année dernière au Willstock Jam, eh bien là Temples est allé encore plus loin, avec encore plus d'émotions.


Pour tous ceux qui clament à longueur de blogs, commentaires youtube ou facebook, que le groupe n'est qu'une resucée de groupe psyché 60s (Love, Pink FLoyd, 13th Floor Elevators revenant bien souvent) : non vous avez tout faux. Oui c'est fortement inspiré, ça en a beaucoup la saveur, mais si vous écoutez bien (attentivement avec un peu de culture musicale de bonne foi, pas du cliché, justement) vous verrez que les progressions harmoniques, la façon de jouer, etc. n'ont pas grand chose à voir avec les groupes cités. Déjà, ceux qui voient des rapports entre, par exemple, le premier 13FE et par exemple, l'album "Meddle" de Pink Floyd, j'ai envie de leur décerner une médaille. Il y a autant de rapport possible entre ces deux albums qu'entre Zouk Machine et Anal Cunt.
J'ai vu donc plusieurs fois des mecs dire que c'était du "sous 13th Floor Elevator", car pour avoir l'air cool, il faut citer 13FE à chaque bout de discussion indé-psyché.
Soyons sérieux, ça n'a juste aucun rapport. Accessoirement, soyons honnêtes, hormis la pochette de "The psychdeleic sounds of ..." que reste-t-il de 13th Floor ? Il m'est avis que si le groupe a été en grande partie oublié pendant 30 ans, ce n'est pas spécialement pour rien. Okay c'est frais, il y a tout l'enthousiasme et le grain de folie (dans le jeu) qui manque sans aucun doute à TEMPLES, mais niveau composition, je rappelle à tous ceux qui pensent que 13th Floor Elevator est un groupe psyché, que finalement c'est "juste" du rock rythm'n'blues (ce qui me va très bien hein, attention), avec des apparats psyché (pochettes zarbis, nom qui claque, et ce p'tit son qui gave dans toutes les chansons, le truc qui fait "wikouwikouwkijkou"), il y a (je suis désolé, je vais me faire huer) beaucoup moins d'explorations dans 13FE que dans la moindre chanson du Pink Floyd des débuts (ou que dans les seules 10 première secondes de "Tomorrow never knows" de vous-savez-qui).
Je me rappelle d'ailleurs que la première fois que j'ai écouté ce groupe je me suis "ah bon ? tout ce foin pour ça ?". Parlez moi de SPIRIT, là ok j'en vois vraiment du psychédélisme, de la recherche, de la prise de risque, du défrichage.
Je veux dire, 13FE c'est frais, mais c'est aussi psychédélique que, je sais pas moi, CANNED HEAT (que j'adore, pour le coup). Ca ne veut pas dire que c'est pas bien ou que je n'aime pas, mais enfin dans mon esprit, "psychédélique" ça va quand même plus loin que ça. Sauf si on veut rester dans le cliché, justement, du groupe 60s sur lesquels les gens dansent tels des zazous comme dans une séquence à la "Austin Powers". Bref. Avant de me faire empaler : oui j'aime bien 13th Floor Elevators, mais je ne vois pas le rapport avec Temples, je ne compare pas, pour moi ça n'a rien à voir.
J'ai aussi lu quelque part que c'était "comme si BB BRUNES essayait de faire du psyché".
Relisez cette phrase.
Respirez.
On fera aussi un débat sur ce que les gens entendent par "psyché" un jour aussi, parce que ça m'a l'air à la fois très défini (quand les gens en ont envie et pour le besoin de leur argumentation) et parfois bien vague. Il n'y a qu'à voir l'affiche du Austin Psyché Fest de cette année : manifestement tout ce qui est "cool" devient psyché. A tel point que ça pousse certains à faire n'importe quoi n'importe comment, comme à Berlin cette année.
Alors oui pour Temples, il y a l'imagerie qui gave (des monuments mystiques, des triangles comme s'il en pleuvait, des vidéos avec effet kaléidoscope cheaps) des sonorités qui "font penser à".
C'est sur que quand t'entends un mellotron ou une guitare 12 cordes, tu penses aux 60s : et alors ?
Les BYRDS n'auraient jamais écrit une chanson sur la gamme de "Shelter Song", ni 13th Floor fait des cassures rythmiques comme dans "Mesmerise" ou autre. Bref réécoutez 13FE et franchement, dites moi le moindre rapport. On est beaucoup plus sur quelque chose d'anglais, profondément. Et de "moderne" dans le jeu, les cassures rythmiques, les enchaînements de parties, les gammes utilisées et les progressions harmoniques. Les Inrocks ont tout faux quand ils parlent d'un "psychédélisme tendance Nugget’s Compilation". C'est garage psyché US, ça  n'a rien à voir.


Bon merde je suis parti un peu loin dans Temples et si je passe autant de mots pour les autres groupes, personne n'arrivera à la fin de cette bafouille. 
Donc mmm mm après Temples nous sommes allés voir mmmmmm ... lemme think ....
Ah non mais voilà. Normalement on devait voir rien du tout car nous n'avions pas de ticket. On a d'abord sauté sur le chanteur du groupe pour une photo souvenir. Je n'en avais jamais fait de ma vie avant celle ci, je vous jure, c'est pas faute d'avoir croisé déjà quelques artistes que j'adore, mais bon, je sais pas, j'avais jamais fait ça, et vous voyez, c'était pas plus mal car j'ai l'air super à l'aise comme vous le verrez à la fin de ce billet. En vrai, il fait encore plus jeune, si c'était possible.
Donc après cette séance midinette que j'assume totalement on est passé voir le merchandising et là qui vois-je ? L'interlope Etienne A., membre de RIEN, qui se fade le tour de Lee Ranaldo (qui entame la soirée payant juste après) et nous propose donc gentiment deux invitations. MERCI Etienne.
Il y a des journées comme ça, où tout va bien. Faut savourer.
Brefs résumés : 
LEE RANALDO & THE DUST : on se croirait en 97, et les (nombreux) fans de Sonic Youth se font dessus. Et si effectivement l'ensemble est assez cool, je ne suis pas plus transcendé que ça, passant toutefois un bon moment qui me rappelle mes années Radio Campus 90s.
THE FALL : Mister Maggo bourré avec la voix de Donald Duck est flanqué de deux batteurs dont on discerne mal la pertinence et le son. Bordélique, mais au sens ultra-chiant du terme. On a beau être culte de groupe culte, des fois faudrait juste voire à faire un bon concert, voire même un concert tout court. Là, c'est raté. Et je reste mesuré par rapport à cet article du Guardian qui conseillait gentiment d'arrêter la mascarade dès 2007.
CAMBODIAN SPACE PROJECT : une surprise qui rafraîchit, où quand une équipe disséminée aux 4 coins du monde balance un rockabilly chanté en cambodgien, emmenée par une chanteuse à la conviction contagieuse. Fraicheur de vivre, salle ravie et pas de danse à go-go.
THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE : réussi, même si on se demande parfois si la débauche de guitares sur scène (5, rien que ça) est bien utile. Les fans ont dû être ravi; à titre personnel j'ai juste passé un bon moment sans non plus faire de salto-arrière extatique.
SUNNS : J'ai pas compris, ça ne m'a pas pris, je suis parti.
MOODOID : grosse flippe au départ (habits, paillettes, guitare Vox phantom, filles partout, jeu de scène surtravaillé). Puis finalement non. Après, je ne suis pas plus pris par le truc que ça mais il y a vraiment quelque chose. Et quoi qu'il en soit une super batteuse (qui à mon humble avis met à l'amende celle de Ty Seagall dont on parlera plus tard).
THE JOHN SPENCER BLUES EXPLOSION : pour le coup il n'y avait rien à voir puisque Môssieur ne voulait pas de face blanche, et qu'il n'y avait QUE de la face blanche. La prochaine fois, grosse star,  tu enverras un plan de feu (et/ou tu te payeras un ingé-son) au lieu d'engueuler l'ingé lumière de la salle tout au long du concert, lequel n'y est pour rien, et fait ce qu'il peut pour TON show de STAR.
Sinon bein c'est du JSBX, tendu, nerveux, mais pour moi trop plein de breaks sans rapports. Après avoir fait tous les autres concerts avant, on est moins frais aussi, j'en conviens.
Mais bon là ... non ... dans un festival de lumières seulement bleues et rouges, et seulement en contre, ça m'a gavé. Fausse note.

Pour le vendredi, on va faire ça sur un autre billet qui suivra juste après, parce que c'est ma foi bien trop long.
En attendant voici la photo où on n'a pas l'air coincé DU TOUT.

Ca ne se voit pas, mais là on est ULTRA content.
Ravis, la plénitude absolue.
Merci TEMPLES, merci TINALS.