« Nous », c’est Brice, moi et Laura, collègues de travail à l’inépuisable veine créatrice ,avec en guest-star Vincent, aka DETECT himself.
(photo Annika Berglund)
Après un trajet synonyme de punition absolue pour moi qui ai une peur bleue foncée de l’avion, nous arrivons dans la douce capitale de ce superbe pays scandinave aux vallées chatoyantes dont la tranquillité le dispute à la beauté ancestrale etc. etc.
Tout content d’être finalement vivant après deux heures de torture mentale, je suis quand même bien dans les vapes suite à l’absorption conséquente de calmants et tranquillisants, assortie de la bonne bière qui va bien en altitude. Accueillis par notre agent suédois Karl nous grignotons dans un très bon restaurant à burgers avant de filer à l’hôtel prendre nos quartiers nordiques. De fait, des chambres au deuxième sous-sol qui donnent un côté bunker pas déplaisant (« pour regarder dehors mettez la chaine 44 sur votre TV » nous dit-on à l’accueil). Le silence absolu de la chambre me met immédiatement à l’aise. Habitant sur une avenue (quasiment au sens propre puisque j’ai l’impression de vivre entouré de voitures rugissantes, de camions déréglés et de mobylettes assoiffées de sang) je me réjouis de ce trop plein de vide. Je m’assois sur le lit, éteins la lumière, déguste le noir complet quelques secondes, et m’endors immédiatement.
Réveil, douchette.
Je pars en ville, chacun a décidé de vadrouiller de son côté et c’est aussi bien ainsi. Je déambule de magasins de guitare en magasins de disques. Typiquement suédois n’est-ce pas ? Puis je descends vers le DEBASER pour voir ce qui s’y passe. Vu qu’il fait encore jour en ce milieu d’après midi, et qu’un semblant de soleil tape encore un peu je me mets en terrasse vers Slussen, avec ma petite couverture fournie par l’établissement, et sirote un sérieux d’un air dégagé, savourant encore et encore le fait d’être en vie. Repensant aussi au coup de fil de mon frère qui ce matin deux minutes avant de monter dans l’avion m’annonçait, ému, la naissance de sa fille , accessoirement, ma nièce donc. Ce qui sur le coup ne fit que rajouter à mon aviono-phobie (« tu ne verras pas l’enfant de ton frère d’ailleurs tu ne reverras personne car on va tous mourir comment veux-tu que ce machin de 1000 tonnes tienne en l’air à 1000 km/h et à 10.000m du sol tu entends ce bruit là ? c’est pas le moteur qui a des ratés ça ? et ce « clong » là c’est quoi ce « clong » et pourquoi la lumière des trucs à ceinture s’est rallumée j’ai vu de l’angoisse dans l’œil d’une des hôtesses je suis sur qu’il y a quelque chose on va tous mourir tu ne verras plus jamais ta fille ni ta femme tu ne jouiras plus jamais tu ne respireras plus jamais c’est fini es tu fier de ta vie on va tous mourir que se passe-t-il quand on meure et quand l’avion va tomber tu vas faire quoi tu vas prier ou tu vas pleurer ? car on va tous mourir etc. »).
Non là je suis bien et je souris en pensant à mon frère et sa petite famille.
Une autre lumière, d’autres odeurs, des gens dont vous ne comprenez pas un traître mot alors qu’ils discutent juste à côté de vous, une bière et une clope, il n’y a rien de tel pour vous requinquer un homme, aussi fourbu soit-il. Laura et Vincent passent par là se balader « coucou ! ». Youpi. Un autre bière s’il vous plaît.
Après cette pause je file au DEBASER tout proche et récupère nos horaires de passage et dire bonjour à PETS, poulains de notre fameux haras APRIL77RECORDS, qui sont en train de faire leurs balances. Tout le monde a un grand sourire scotché sur la face, je respire mieux qu’à Paris. Après une inspection rapide des deux DJ booths qui seront nôtres ce soir je refile à l’hôtel en flânant et traînant comme un bon vieux touriste qui glande un maximum, et qui assume. Depuis Sarkozy on assume tout, je sais pas si vous aviez noté.
Re-micro-sieste. Non c’est vrai quoi, le silence, c’est un eldorado qui m’est inaccessible alors j’en profite un maximum. Et sans aucun remords sournois de type « ouuuuuhhhh c’est mal tu es la l’étranger et tu dors dans ta chambre au lieu d’aller dehors mater les donzelles, regarder les églises, aller au musée, te cultiver et rencontrer des gens bouhhh c’est pas bien ! ».
Eh ben non, rien à foutre : je dors ! Merci, à tout à l’heure.
------ interrupteur de mauvais conscience sur « off » ------
Re-lever, re-micro douche et re-direction DEBASER. Nous y rencontrons la fine équipe de DENIMZINE et principalement les inénarrables Joël & Krille.
(photo Annika Berglund)
Oui, ces deux-là même à qui le monde entier doit l’exceptionnel ROCKNROLLBATEN 2007 (croisière rock sur un Ferry, le blog correspondant ici ) dont la prochaine édition devrait avoir lieu le 4 juin 2009. Accessoirement, ces deux gars font tellement de trucs, et notamment de productions de concerts et de festivals dont le WAY OUT WEST, qu’un blog entier devra leur être prochainement consacré. Nous mangeons et buvons tout en répondant à l’interview d’une plantureuse brunette aux formes avantageuses (on se calme) alors que la salle ne va pas tarder à ouvrir ses portes. Digestion dans les loges avec PETS pour discuter du prochain album, d’édition, de production, de mixage, et de pleins de trucs chouettes. Bière et clope vite-fait dehors, les gens arrivent déjà, alors qu’il est tôt, c’est bon signe.
PETS attaque son scène assez tôt mais la salle est assez fournie. Les chansons sont toujours aussi catchy et efficaces, rien à dire. Leur jeu s’est largement amélioré depuis leur passage parisien en octobre 2007, et nous voilà donc rassuré. Deux nouvelles chansons en bonus : deux nouveaux tubes ; et une reprise bien sentie de JESUS & MARY CHAIN pour finir. Nous sommes tout guillerets suite à leur prestation et descendons quelques bières en attendant la suite. A savoir d’abord AC4, nouveau groupe de hardcore emmené par le fougueux Dennis Lyxzen, puis HEIL FIDELITY. Je ne vois que 5 minutes de AC4 car je dois partir mixer avec Laura & Vincent dans la salle qu’on appellera « du fond », salle plus relax : flipper, discussions animées et sofas accueillants. Je résumerai ce que j’ai vu de AC4 en mots-clefs : torse nu ; barbe ; saute-partout ; rakatatat-atatatt-tak-tak, tout-à-burnes. Quant à HEIL FIDELITY : rien vu du tout, puisque je suis toujours en train de mixer avec Vincent et Laura dans la salle du fond, donc.
Laquelle se remplit plutôt bien, comme l’ensemble du DEBASER qui ne tarde pas à être plein comme un œuf. Un joli œuf de pâques où tout le monde est sur son 31 « rock’n’roll déglingué » très crédible. Mon tour est venu de mixer après avoir savouré les sélections de mes comparses. J’y vais plutôt mollo et rétro, vu que ça envoie manifestement du très lourd dans la pièce d’à côté, je ne juge pas nécessaire de faire saigner les oreilles des réfugiés qui nous font l’honneur de nous écouter pousser des disques en descendant bières gigantesques sur bières gigantesques. On navigue donc gaiement entre LOVIN SPOONFULL, CCR, THE GUESS WHO, THE KINKS, THE TROGGS, T-REX, EMMIT RHODES, j’en passe et des meilleurs (ou des pires, selon les goûts bien sûr). Un mec en fauteuil roulant juste devant moi à la table de mix kiffe carrément et danse avec une joie communicative, me demandant régulièrement quel est le groupe ou le titre que je passe. Il finit même par m’offrir un cocktail indéterminé, plutôt laiteux mais pas mauvais. Nous trinquons ensemble alors que la salle commence vraiment à être bien chaude. Les gars sont sympas, les filles sont jolies, je sirote un cocktail et je me fais plaisir en écoutant les disque que je veux bien passer, alors que tous les popotins de la place se mettent de plus en plus en mode balançoire . Objectivement, il manque plus qu’une plage à côté, et on appelle ça le bonheur.
Le bonheur …. cette « idée neuve en Europe » comme disait un certain Louis-Antoine il y a 214 ans, qui prend parfois du plomb dans l’aile et qu’il serait de bon ton de réhabiliter de temps en temps. Pas le bonheur putassier de Castaladi hein, où TOUT n’est « que du bonheur ! ». Non un autre truc.
Enfin, j’me comprends.
Je commence à me sentir bien dans les starting-blocks et je décide de passer un coup d’accélérateur pour voir comment les gens réagissent. Plutôt bien, je bifurque savamment rock plus tendu puis quelques touchettes électro-rock. Les filles bougent un peu plus le popotin, les garçons se rapprochent un peu plus des filles en des mouvements d’iguane en rut..
Il est minuit passé, je vais bientôt mixer dans la grande salle où le concert vient de se finir et où Brice est en train de passer tous ses 45 tours qui sentent bon le vieux STIFF de 77, comme je peux m’en rendre compte en passant aux toilettes (en courant).
(photo Annika Berglund)
Krille vient me signaler que ça va être mon tour, et il met juste une compile dans la salle du fond histoire de pas se faire chier, on lui en voudra pas. Manifestement le but du jeu est de faire passer tout le monde dans la grande : en avant les amis !
M’y voilà rhaaaaaaaaaaaaaa que ça fait du bien ! Je vais enfin remixer dans un lieu digne de ce nom. Depuis les soirées LOCO POP à Grenoble et quelques broutilles j’avais pas fait du très lourd depuis longtemps. Hormis le mariage de Simon l’été dernier : 8 heures de mix torride, non-stop, avec un seul dérapage : « la quéquette qui colle » à 5H 30 du matin. Bref.
Le terrain a été bien préparé, bien léger malgré la descente manifestement excessive de boissons diverses. J’ai le vent dans le dos. C’est moite, c’est chaud, y a plus qu’à pousser un peu pour que le moteur passe le turbo. Supposant que Brice n’a passé que du rock 77 (puisqu’il a tout fait au bon vieux vinyl 45 tours) j’essaye d’enchaîner pas trop brusque même si j’ai envie d’emmener le son ailleurs pour pas que les gens se lassent. C’est con je ne me rappelle plus quel est le premier titre que j’ai passé, alors que ça je m’en rappelle tout le temps. M’enfin il a plutôt bien fonctionné car après ce fut une succession ininterrompue de danses endiablés, de gens qui sautent partout, de joyeuses filles au maquillage incertain qui viennent dire merci ou demander un titre en hurlant comme dans les séries américaines (à savoir : je parle/crie en resserrant mes petites mains sur le devant et en sautillant comme un japonaise hystérique en secouant la mèche).
Des STROKES aux BREEDERS en passant par PRINCESS SUPERSTAR (si-si) et NIRVANA dans une progression savante de quasiment deux heures (rhaaaaaaaaaa et aussi CSS ça a cartonné grave ! le premier album hein le dernier est vraiment trop pourri) je me suis éclaté comme rarement. Non mais c’est vrai c’est pas souvent qu’on a la baraka à ce point. Aussi bien le mix un autre jour et dans une autre salle ça aurait fait flop mais là sans me vanter …. ho et puis si tiens merde je me vante ça fait du bien : je le retourne je les plie je les fait sauter je les fait danser je me fait PLAISIR !!!!!!!!!
Rhhhhhhhhhhhhhhhhhhhha ça défouUUuuuuuuuuLE !!!!!
Et tiens prends ça ! Un VON SUDENFED coup’d’boule dans ta face ! Et tiens paf ! Un O-Guruma avec BLUR ! Voilà pour toi mécréant reçois ce Okuri Ashi Baraï dans tes pattes grâce au battle SIMIAN-vs-JUSTICE ! Enchaînement sans tarder avec un retourné germano-acrobatique sur PEACHES suivi d’un scandino-uppercut de THE HIVES ! Encore sonné je te fais le coup de grâce avec un Awase Zuki façon VanDamme sur NIRVANA, avant de te rebrosser dans le sens du poil pubien grâce à ce gouleyant SOULWAX-vs-GOSSIP. Vas-y, vas-y, souffle sur cette intro démesurément longue de DAFT PUNK car je te prépare un High-Kick de derrière les fagots mijoté par HOT HOT HEAT.
Une déferlant ininterrompue, une éjaculation sonique qui se fraye un chemin entre boules à facettes, odeur de laque, verres de bière et sourires dans tous les sens.
Et tout ça sans boire une goutte car je suis scotché aux platines sans pouvoir bouger et je ne vois passer Brice que par intermittence, déchaîné comme jamais. Il aurait une cravate elle serait autour de sa tête, version japonais-en-goguette. Mais non, il a juste sa fameuse veste cloutée, et des mocassins à glands aux pieds, respect.
On s’éclate on s’amuse mais en plein WHITE STRIPES un sbire de la sécurité vient m’expliquer avec les mains qu’ « après celui-là, coco, tu arrêtes tout et on y va ok ? ». Rhooooooo zut alors !
Pas le temps de respirer que nous devons donc déjà sortir, je n’ai même pas le temps de me prendre une bière. Il doit être 3h15 ou pas loin. Je fume une clope tranquille au milieu de la foule qui attend dehors pour savoir qui va se coucher et qui par où en fêtes privées.
En face du DEBASER je vois ce petit tunnel sous le pont. Il y a là du son et pas mal de gens. On va voir ce qui s’y passe avec Brice et on découvre un mec qui a monté un sound-system dans un caddie, avec des prises pour lecteur mp3 : tout le monde vient ici passer du son et finir sa soirée.
Improbable, mais fort sympathique. On y reste un moment puis décidons de rentrer tant bien que mâles à l’hôtel après cette soirée mouvementée.
Un petit résumé en vidéo où l’on ne voit que PETS (le tout début) et le tunnel magique (la toute fin).
Même si c’est rageant, c’est bon signe de voir qu’on n’a pas eu le temps de filmer ou prendre quoi que ce soit en photo entre les deux.
Les photos seront pour le lendemain avec Annika qui nous shootera pour le magazine DENIMZINE. Journée où nous casons rendez-vous professionnels entre re-visites de magasins de disques et de guitare. Le soir : showcase VICE/DIESEL avec DIVISION OF LAURA LEE dans une boutique de fringues : musclé, violent (destruction du matos en fin de set, genre…) et tendu (ce qui sauve le dj set qui entoura ce show-case : le pire des années 80, et mal mixé en plus). Après, soirée pour le 4ème anniversaire de VICE Suède. Pas grand chose à retenir et certainement pas l’espèce de bouillie maniérée délivrée par des S.C.U.M aussi mauvais que pathétiques. Entre Jeanne Mas sous acides et Henri de Furssac, avec du stroboscope. Allez, vaut mieux rentrer se coucher, la soirée d’hier était tellement bien que ce soir c’est pas grave si ça décolle pas pour cette soirée où trop de crypto-hipsters ont fait le déplacement.
Après on est rentré, j’ai re-flippé en avion etc.
Lundi matin, rentrée au bureau. J’entends des vocalises sur-trémolées, poussivement braillées sur des chansons pourries. Puis j’ai un flash.
En quatre couleurs. Ouais, comme Plastic, mec.
C’est la Starac’. Ils sont juste à côté, ce sont nos voisins de travail, et ça y est ça a du commencer. Ca nous fait rire 5 minutes et on colle l’oreille au mur, mais après on a collé les baffles de notre micro-hi-fi sur les murs avec le dernier MetallicA à burnes histoire de montrer qui est le chef dans cette partie du Marais, pied-tendre !
Intrigué par ce que pouvait donner la pire émission de tous les temps cette saison (c’est pas le retour de la meringue périmée en guise de directrice qui changera quoi que ce soit si vous voulez mon avis) je suisallé voir vite fait la tête des candidats. Il y en a un en particulier a retenu mon attention sadique grâce çà une tête-à-claques sortie tout droit d’un bureau d’études : Gautier.
Vendu comme un rocker rebelle qui a tout plaqué pour se rebeller contre ce monde injuste etc.etc.etc. le refrain habituel de TF1 qui sent le mensonge à 800 borns.
Bon déjà juste le prénom c’est pas possible ok. Mais waow voilà que le lien que je trouve m’emmène sur un passage (que je retrouve pas désolé) où le Gautier en question, sapé en t-shirt SEX PISTOLS et la mèche-à-claques travaillée pendant 4 heures exulte littéralement (pour pas dire qu’il se fait carrément dessus) quand on lui apprend qu’en guise de récompense pour je ne sais quoi (avoir un piercing en forme d’huître sur le coté de la bouche ?) il est invité, tenez-vous bien ….. à l’avant première de « Cleopatre », le nouveau spectacle musical de Kamel Ouali.
Moi, on m’offre ça, je prends le premier avion pour Stockholm, et je file au DEBASER direct.
Merci : Joel & Kristian à DENIMZINE ; Brice & Laura de APRIL77, Detect, Annika, Manuela, Pets.
(photo Annika Berglund)
Après un trajet synonyme de punition absolue pour moi qui ai une peur bleue foncée de l’avion, nous arrivons dans la douce capitale de ce superbe pays scandinave aux vallées chatoyantes dont la tranquillité le dispute à la beauté ancestrale etc. etc.
Tout content d’être finalement vivant après deux heures de torture mentale, je suis quand même bien dans les vapes suite à l’absorption conséquente de calmants et tranquillisants, assortie de la bonne bière qui va bien en altitude. Accueillis par notre agent suédois Karl nous grignotons dans un très bon restaurant à burgers avant de filer à l’hôtel prendre nos quartiers nordiques. De fait, des chambres au deuxième sous-sol qui donnent un côté bunker pas déplaisant (« pour regarder dehors mettez la chaine 44 sur votre TV » nous dit-on à l’accueil). Le silence absolu de la chambre me met immédiatement à l’aise. Habitant sur une avenue (quasiment au sens propre puisque j’ai l’impression de vivre entouré de voitures rugissantes, de camions déréglés et de mobylettes assoiffées de sang) je me réjouis de ce trop plein de vide. Je m’assois sur le lit, éteins la lumière, déguste le noir complet quelques secondes, et m’endors immédiatement.
Réveil, douchette.
Je pars en ville, chacun a décidé de vadrouiller de son côté et c’est aussi bien ainsi. Je déambule de magasins de guitare en magasins de disques. Typiquement suédois n’est-ce pas ? Puis je descends vers le DEBASER pour voir ce qui s’y passe. Vu qu’il fait encore jour en ce milieu d’après midi, et qu’un semblant de soleil tape encore un peu je me mets en terrasse vers Slussen, avec ma petite couverture fournie par l’établissement, et sirote un sérieux d’un air dégagé, savourant encore et encore le fait d’être en vie. Repensant aussi au coup de fil de mon frère qui ce matin deux minutes avant de monter dans l’avion m’annonçait, ému, la naissance de sa fille , accessoirement, ma nièce donc. Ce qui sur le coup ne fit que rajouter à mon aviono-phobie (« tu ne verras pas l’enfant de ton frère d’ailleurs tu ne reverras personne car on va tous mourir comment veux-tu que ce machin de 1000 tonnes tienne en l’air à 1000 km/h et à 10.000m du sol tu entends ce bruit là ? c’est pas le moteur qui a des ratés ça ? et ce « clong » là c’est quoi ce « clong » et pourquoi la lumière des trucs à ceinture s’est rallumée j’ai vu de l’angoisse dans l’œil d’une des hôtesses je suis sur qu’il y a quelque chose on va tous mourir tu ne verras plus jamais ta fille ni ta femme tu ne jouiras plus jamais tu ne respireras plus jamais c’est fini es tu fier de ta vie on va tous mourir que se passe-t-il quand on meure et quand l’avion va tomber tu vas faire quoi tu vas prier ou tu vas pleurer ? car on va tous mourir etc. »).
Non là je suis bien et je souris en pensant à mon frère et sa petite famille.
Une autre lumière, d’autres odeurs, des gens dont vous ne comprenez pas un traître mot alors qu’ils discutent juste à côté de vous, une bière et une clope, il n’y a rien de tel pour vous requinquer un homme, aussi fourbu soit-il. Laura et Vincent passent par là se balader « coucou ! ». Youpi. Un autre bière s’il vous plaît.
Après cette pause je file au DEBASER tout proche et récupère nos horaires de passage et dire bonjour à PETS, poulains de notre fameux haras APRIL77RECORDS, qui sont en train de faire leurs balances. Tout le monde a un grand sourire scotché sur la face, je respire mieux qu’à Paris. Après une inspection rapide des deux DJ booths qui seront nôtres ce soir je refile à l’hôtel en flânant et traînant comme un bon vieux touriste qui glande un maximum, et qui assume. Depuis Sarkozy on assume tout, je sais pas si vous aviez noté.
Re-micro-sieste. Non c’est vrai quoi, le silence, c’est un eldorado qui m’est inaccessible alors j’en profite un maximum. Et sans aucun remords sournois de type « ouuuuuhhhh c’est mal tu es la l’étranger et tu dors dans ta chambre au lieu d’aller dehors mater les donzelles, regarder les églises, aller au musée, te cultiver et rencontrer des gens bouhhh c’est pas bien ! ».
Eh ben non, rien à foutre : je dors ! Merci, à tout à l’heure.
------ interrupteur de mauvais conscience sur « off » ------
Re-lever, re-micro douche et re-direction DEBASER. Nous y rencontrons la fine équipe de DENIMZINE et principalement les inénarrables Joël & Krille.
(photo Annika Berglund)
Oui, ces deux-là même à qui le monde entier doit l’exceptionnel ROCKNROLLBATEN 2007 (croisière rock sur un Ferry, le blog correspondant ici ) dont la prochaine édition devrait avoir lieu le 4 juin 2009. Accessoirement, ces deux gars font tellement de trucs, et notamment de productions de concerts et de festivals dont le WAY OUT WEST, qu’un blog entier devra leur être prochainement consacré. Nous mangeons et buvons tout en répondant à l’interview d’une plantureuse brunette aux formes avantageuses (on se calme) alors que la salle ne va pas tarder à ouvrir ses portes. Digestion dans les loges avec PETS pour discuter du prochain album, d’édition, de production, de mixage, et de pleins de trucs chouettes. Bière et clope vite-fait dehors, les gens arrivent déjà, alors qu’il est tôt, c’est bon signe.
PETS attaque son scène assez tôt mais la salle est assez fournie. Les chansons sont toujours aussi catchy et efficaces, rien à dire. Leur jeu s’est largement amélioré depuis leur passage parisien en octobre 2007, et nous voilà donc rassuré. Deux nouvelles chansons en bonus : deux nouveaux tubes ; et une reprise bien sentie de JESUS & MARY CHAIN pour finir. Nous sommes tout guillerets suite à leur prestation et descendons quelques bières en attendant la suite. A savoir d’abord AC4, nouveau groupe de hardcore emmené par le fougueux Dennis Lyxzen, puis HEIL FIDELITY. Je ne vois que 5 minutes de AC4 car je dois partir mixer avec Laura & Vincent dans la salle qu’on appellera « du fond », salle plus relax : flipper, discussions animées et sofas accueillants. Je résumerai ce que j’ai vu de AC4 en mots-clefs : torse nu ; barbe ; saute-partout ; rakatatat-atatatt-tak-tak, tout-à-burnes. Quant à HEIL FIDELITY : rien vu du tout, puisque je suis toujours en train de mixer avec Vincent et Laura dans la salle du fond, donc.
Laquelle se remplit plutôt bien, comme l’ensemble du DEBASER qui ne tarde pas à être plein comme un œuf. Un joli œuf de pâques où tout le monde est sur son 31 « rock’n’roll déglingué » très crédible. Mon tour est venu de mixer après avoir savouré les sélections de mes comparses. J’y vais plutôt mollo et rétro, vu que ça envoie manifestement du très lourd dans la pièce d’à côté, je ne juge pas nécessaire de faire saigner les oreilles des réfugiés qui nous font l’honneur de nous écouter pousser des disques en descendant bières gigantesques sur bières gigantesques. On navigue donc gaiement entre LOVIN SPOONFULL, CCR, THE GUESS WHO, THE KINKS, THE TROGGS, T-REX, EMMIT RHODES, j’en passe et des meilleurs (ou des pires, selon les goûts bien sûr). Un mec en fauteuil roulant juste devant moi à la table de mix kiffe carrément et danse avec une joie communicative, me demandant régulièrement quel est le groupe ou le titre que je passe. Il finit même par m’offrir un cocktail indéterminé, plutôt laiteux mais pas mauvais. Nous trinquons ensemble alors que la salle commence vraiment à être bien chaude. Les gars sont sympas, les filles sont jolies, je sirote un cocktail et je me fais plaisir en écoutant les disque que je veux bien passer, alors que tous les popotins de la place se mettent de plus en plus en mode balançoire . Objectivement, il manque plus qu’une plage à côté, et on appelle ça le bonheur.
Le bonheur …. cette « idée neuve en Europe » comme disait un certain Louis-Antoine il y a 214 ans, qui prend parfois du plomb dans l’aile et qu’il serait de bon ton de réhabiliter de temps en temps. Pas le bonheur putassier de Castaladi hein, où TOUT n’est « que du bonheur ! ». Non un autre truc.
Enfin, j’me comprends.
Je commence à me sentir bien dans les starting-blocks et je décide de passer un coup d’accélérateur pour voir comment les gens réagissent. Plutôt bien, je bifurque savamment rock plus tendu puis quelques touchettes électro-rock. Les filles bougent un peu plus le popotin, les garçons se rapprochent un peu plus des filles en des mouvements d’iguane en rut..
Il est minuit passé, je vais bientôt mixer dans la grande salle où le concert vient de se finir et où Brice est en train de passer tous ses 45 tours qui sentent bon le vieux STIFF de 77, comme je peux m’en rendre compte en passant aux toilettes (en courant).
(photo Annika Berglund)
Krille vient me signaler que ça va être mon tour, et il met juste une compile dans la salle du fond histoire de pas se faire chier, on lui en voudra pas. Manifestement le but du jeu est de faire passer tout le monde dans la grande : en avant les amis !
M’y voilà rhaaaaaaaaaaaaaa que ça fait du bien ! Je vais enfin remixer dans un lieu digne de ce nom. Depuis les soirées LOCO POP à Grenoble et quelques broutilles j’avais pas fait du très lourd depuis longtemps. Hormis le mariage de Simon l’été dernier : 8 heures de mix torride, non-stop, avec un seul dérapage : « la quéquette qui colle » à 5H 30 du matin. Bref.
Le terrain a été bien préparé, bien léger malgré la descente manifestement excessive de boissons diverses. J’ai le vent dans le dos. C’est moite, c’est chaud, y a plus qu’à pousser un peu pour que le moteur passe le turbo. Supposant que Brice n’a passé que du rock 77 (puisqu’il a tout fait au bon vieux vinyl 45 tours) j’essaye d’enchaîner pas trop brusque même si j’ai envie d’emmener le son ailleurs pour pas que les gens se lassent. C’est con je ne me rappelle plus quel est le premier titre que j’ai passé, alors que ça je m’en rappelle tout le temps. M’enfin il a plutôt bien fonctionné car après ce fut une succession ininterrompue de danses endiablés, de gens qui sautent partout, de joyeuses filles au maquillage incertain qui viennent dire merci ou demander un titre en hurlant comme dans les séries américaines (à savoir : je parle/crie en resserrant mes petites mains sur le devant et en sautillant comme un japonaise hystérique en secouant la mèche).
Des STROKES aux BREEDERS en passant par PRINCESS SUPERSTAR (si-si) et NIRVANA dans une progression savante de quasiment deux heures (rhaaaaaaaaaa et aussi CSS ça a cartonné grave ! le premier album hein le dernier est vraiment trop pourri) je me suis éclaté comme rarement. Non mais c’est vrai c’est pas souvent qu’on a la baraka à ce point. Aussi bien le mix un autre jour et dans une autre salle ça aurait fait flop mais là sans me vanter …. ho et puis si tiens merde je me vante ça fait du bien : je le retourne je les plie je les fait sauter je les fait danser je me fait PLAISIR !!!!!!!!!
Rhhhhhhhhhhhhhhhhhhhha ça défouUUuuuuuuuuLE !!!!!
Et tiens prends ça ! Un VON SUDENFED coup’d’boule dans ta face ! Et tiens paf ! Un O-Guruma avec BLUR ! Voilà pour toi mécréant reçois ce Okuri Ashi Baraï dans tes pattes grâce au battle SIMIAN-vs-JUSTICE ! Enchaînement sans tarder avec un retourné germano-acrobatique sur PEACHES suivi d’un scandino-uppercut de THE HIVES ! Encore sonné je te fais le coup de grâce avec un Awase Zuki façon VanDamme sur NIRVANA, avant de te rebrosser dans le sens du poil pubien grâce à ce gouleyant SOULWAX-vs-GOSSIP. Vas-y, vas-y, souffle sur cette intro démesurément longue de DAFT PUNK car je te prépare un High-Kick de derrière les fagots mijoté par HOT HOT HEAT.
Une déferlant ininterrompue, une éjaculation sonique qui se fraye un chemin entre boules à facettes, odeur de laque, verres de bière et sourires dans tous les sens.
Et tout ça sans boire une goutte car je suis scotché aux platines sans pouvoir bouger et je ne vois passer Brice que par intermittence, déchaîné comme jamais. Il aurait une cravate elle serait autour de sa tête, version japonais-en-goguette. Mais non, il a juste sa fameuse veste cloutée, et des mocassins à glands aux pieds, respect.
On s’éclate on s’amuse mais en plein WHITE STRIPES un sbire de la sécurité vient m’expliquer avec les mains qu’ « après celui-là, coco, tu arrêtes tout et on y va ok ? ». Rhooooooo zut alors !
Pas le temps de respirer que nous devons donc déjà sortir, je n’ai même pas le temps de me prendre une bière. Il doit être 3h15 ou pas loin. Je fume une clope tranquille au milieu de la foule qui attend dehors pour savoir qui va se coucher et qui par où en fêtes privées.
En face du DEBASER je vois ce petit tunnel sous le pont. Il y a là du son et pas mal de gens. On va voir ce qui s’y passe avec Brice et on découvre un mec qui a monté un sound-system dans un caddie, avec des prises pour lecteur mp3 : tout le monde vient ici passer du son et finir sa soirée.
Improbable, mais fort sympathique. On y reste un moment puis décidons de rentrer tant bien que mâles à l’hôtel après cette soirée mouvementée.
Un petit résumé en vidéo où l’on ne voit que PETS (le tout début) et le tunnel magique (la toute fin).
Même si c’est rageant, c’est bon signe de voir qu’on n’a pas eu le temps de filmer ou prendre quoi que ce soit en photo entre les deux.
Les photos seront pour le lendemain avec Annika qui nous shootera pour le magazine DENIMZINE. Journée où nous casons rendez-vous professionnels entre re-visites de magasins de disques et de guitare. Le soir : showcase VICE/DIESEL avec DIVISION OF LAURA LEE dans une boutique de fringues : musclé, violent (destruction du matos en fin de set, genre…) et tendu (ce qui sauve le dj set qui entoura ce show-case : le pire des années 80, et mal mixé en plus). Après, soirée pour le 4ème anniversaire de VICE Suède. Pas grand chose à retenir et certainement pas l’espèce de bouillie maniérée délivrée par des S.C.U.M aussi mauvais que pathétiques. Entre Jeanne Mas sous acides et Henri de Furssac, avec du stroboscope. Allez, vaut mieux rentrer se coucher, la soirée d’hier était tellement bien que ce soir c’est pas grave si ça décolle pas pour cette soirée où trop de crypto-hipsters ont fait le déplacement.
Après on est rentré, j’ai re-flippé en avion etc.
Lundi matin, rentrée au bureau. J’entends des vocalises sur-trémolées, poussivement braillées sur des chansons pourries. Puis j’ai un flash.
En quatre couleurs. Ouais, comme Plastic, mec.
C’est la Starac’. Ils sont juste à côté, ce sont nos voisins de travail, et ça y est ça a du commencer. Ca nous fait rire 5 minutes et on colle l’oreille au mur, mais après on a collé les baffles de notre micro-hi-fi sur les murs avec le dernier MetallicA à burnes histoire de montrer qui est le chef dans cette partie du Marais, pied-tendre !
Intrigué par ce que pouvait donner la pire émission de tous les temps cette saison (c’est pas le retour de la meringue périmée en guise de directrice qui changera quoi que ce soit si vous voulez mon avis) je suisallé voir vite fait la tête des candidats. Il y en a un en particulier a retenu mon attention sadique grâce çà une tête-à-claques sortie tout droit d’un bureau d’études : Gautier.
Vendu comme un rocker rebelle qui a tout plaqué pour se rebeller contre ce monde injuste etc.etc.etc. le refrain habituel de TF1 qui sent le mensonge à 800 borns.
Bon déjà juste le prénom c’est pas possible ok. Mais waow voilà que le lien que je trouve m’emmène sur un passage (que je retrouve pas désolé) où le Gautier en question, sapé en t-shirt SEX PISTOLS et la mèche-à-claques travaillée pendant 4 heures exulte littéralement (pour pas dire qu’il se fait carrément dessus) quand on lui apprend qu’en guise de récompense pour je ne sais quoi (avoir un piercing en forme d’huître sur le coté de la bouche ?) il est invité, tenez-vous bien ….. à l’avant première de « Cleopatre », le nouveau spectacle musical de Kamel Ouali.
Moi, on m’offre ça, je prends le premier avion pour Stockholm, et je file au DEBASER direct.
Merci : Joel & Kristian à DENIMZINE ; Brice & Laura de APRIL77, Detect, Annika, Manuela, Pets.